En direct
A suivre

Plus de 10.000 civils fuient Alep-Est, Daesh reprend Palmyre

Aucune information sur les pertes humaines n'était disponible dans l'immédiat alors que le bilan était jusqu'à présent de 413 civils tués à Alep-Est depuis le début de l'offensive.[GEORGE OURFALIAN / AFP]

L'armée syrienne a poussé dimanche son avantage en prenant deux nouveaux quartiers à Alep-Est que des milliers d'habitants fuient, mais elle a dû abandonner la ville antique de Palmyre, reconquise par les jihadistes de Daesh.

L'exode des habitants de la zone rebelle d'Alep s'est poursuivi avec la fuite de plus de 10.000 civils en quelques heures dimanche «en raison des combats et des bombardements», a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

A lire aussi : Syrie : la communauté internationale semble acter son impuissance

«Ils se sont réfugiés dans des secteurs sous le contrôle des forces du régime dans la partie ouest d'Alep», a précisé Rami Abdel Rahmane, le directeur de cette ONG qui dispose d'un large réseau d'informateurs en Syrie.

Selon lui, 120.000 personnes ont quitté Alep-Est depuis le lancement d'une violente offensive du régime mi-novembre : 90.000 vers les quartiers gouvernementaux et 30.000 vers ceux tenus par les Kurdes. Un correspondant de l'AFP à Alep-Ouest a indiqué que les bombardements aériens étaient un peu moins intenses dimanche soir une fois la nuit tombée, mais ceux de l'artillerie se poursuivaient.

Le régime contrôle désormais 85% des anciens quartiers tenus par les rebelles et encercle les insurgés, ainsi que des civils, dans une zone où ils manquent de tout, notamment de nourriture.

Pilonnage intense

Aucune information sur les pertes humaines n'était disponible dans l'immédiat alors que le bilan était jusqu'à présent de 413 civils tués à Alep-Est depuis le début de l'offensive du régime le 15 novembre, selon l'OSDH.

«Le pilonnage est d'une intensité inouïe», avait indiqué samedi à l'AFP Ibrahim Abou al-Leith, porte-parole de l'organisation des secouristes des Casques Blancs à Alep. «Les rues sont pleines de gens sous les décombres. Ils meurent parce qu'on ne peut pas les sortir de là».

Les insurgés répliquent en envoyant des tirs de roquettes vers les quartiers gouvernementaux, où au moins 139 civils ont péri depuis le début de l'opération. Mais inexorablement l'armée avance et s'est emparée du petit quartier d'Assila et de la grande majorité de Maadi, dans l'est d'Alep, selon l'OSDH.

«Tous les enfants d'Alep souffrent»

«Tous les enfants d'Alep souffrent. Tous sont traumatisés», a déclaré dimanche à l'AFP Radoslaw Rzehak, chef du bureau du Fond des Nations unies pour l'enfance (Unicef) dans la cité dévastée. «Ils considèrent normal d'être bombardés, de devoir fuir, d'avoir faim, de se cacher dans des bunkers. Pour eux, ce n'est pas un danger. C'est la vie quotidienne, normale».

Selon l'agence de l'ONU, un demi-million d'enfants à Alep ont besoin d'un soutien psycho-social. Le pape François a lancé dimanche un appel pour la paix et la population d'Alep en Syrie.

A Genève, les Russes soutiens du régime Assad, et les Américains qui appuient l'opposition, devaient continuer leurs discussions dimanche pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu à Alep ainsi que des évacuations humanitaires. Les positions diamétralement opposées semblent cependant difficiles à concilier. John Kerry avait tenté de faire appel samedi à la «compassion» de la Russie. Le ministre britannique de la Défense Michael Fallon a résumé le sentiment de nombreux responsables étrangers en déclarant sur la BBC s'attendre, «malheureusement», à la chute d'Alep.

La perte attendue d'Alep-Est, place forte de l'opposition, est «politiquement très importante» car elle va «briser l'opposition armée», estime Yezid Sayigh, expert au Centre Carnegie Moyen-Orient. Parallèlement, «l'idée que le régime puisse être renversé militairement est définitivement abandonnée» plus de cinq ans et demi après le début de la guerre, ajoute-t-il.

Mais, pour les experts, l'armée syrienne, dont les effectifs sont réduits, reste très dépendante de ses alliés russe et iranien, comme l'illustre l'offensive lancée par Daesh sur la ville antique de Palmyre.

Daesh occupe Palmyre

Profitant que le gros des troupes du régime soit mobilisé à Alep, les jihadistes ont repris dimanche la totalité de la cette ville du centre du pays. «Daesh a repris dimanche, en dépit des bombardements russes, le contrôle de la totalité de Palmyre après le retrait de l'armée syrienne au sud de la ville», a indiqué M. Abdel Rahmane.

Les avions-bombardiers russes avaient mené 64 raids dans la nuit «contre des positions, des convois et des regroupements» de membres de Daesh à Palmyre, a indiqué le ministère russe de la Défense. Ces frappes ont permis de tuer plus de 300 membres de la secte jihadiste et de détruire 11 chars et 31 véhicules, selon lui.

Daesh avait pris en mai 2015 le contrôle de cette ville classée au patrimoine mondial de l'Humanité, où il a détruit ou endommagé une partie des ruines antiques.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités