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Syrie : Alep au bout de l'enfer

Des civils évacués d'Alep arrivent à Khan al-Assal, le 19 décembre. Des civils évacués d'Alep arrivent à Khan al-Assal, le 19 décembre.[Baraa Al-Halabi / AFP]

Ce lundi 19 décembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé à l’unanimité - Russie comprise, donc - de déployer des observateurs à Alep pour contrôler les dernières opérations d’évacuation.

Ban Ki Moon devra indiquer d’ici à la fin de la semaine si les autorités syriennes ont effectivement autorisé l’accès des effectifs onusiens, souvent bloqués par l’armée à l’entrée de la ville par le passé. En attendant, l’évacuation du dernier bastion rebelle de l’ex-capitale économique s’est poursuivi hier, après une interruption d’une journée. Pour les derniers civils assiégés, quitter la ville est une question de vie ou de mort.

Une urgence humanitaire absolue

Dans les ruines d’immeubles bombardés d’Alep-Est, les derniers civils sont transis de froid. Privés d’électricité et d’eau à la suite du bombardement des infrastructures par le régime, dépourvus de réserves alimentaires après des mois de pénuries, ils étaient des milliers, lundi, à s’engouffrer dans les bus affrétés par des organismes humanitaires pour les transporter hors de la ville.

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Dès l’aube, des centaines étaient massés sur un terrain vague en attendant les secours, emmitouflés dans plusieurs épaisseurs de manteaux. Prêts à partir la veille, ils avaient été pris de cours par la suspension de l’évacuation, qui a finalement repris dans la matinée. 

Au total, ce sont plus de 14 000 civils qui ont pu être mis à l’abris dans la localité de Khan al-Assal, encore aux mains des insurgés. Là-bas, plusieurs ONG sont mobilisées pour les prendre en charge. «Les gens que nous accueillons ont vécu l’enfer, le niveau de traumatisme qu’ils ont subi est impossible à décrire ou à comprendre», a expliqué une responsable de l’organisation Mercy Corps.

À Alep, au moins 7 000 personnes - probablement plus - était toujours cloitrées en zone rebelle hier soir. Parmi elles, entre 1 500 et 5 000 combattants. Après leur évacuation, le régime et son allié russe pourront officiellement annoncer la reprise de ville, leur plus importante victoire depuis le début du conflit en 2011. 

La bataille s’achève, pas la guerre

Une fois Alep entièrement contrôlée par le régime, demeureront de nombreuses incertitudes. Le sort des civils évacués, d’abord. En effet, la plupart l’ont été en direction de localités encore aux mains des insurgés, qui risquent de devenir les prochaines cibles des armées syrienne et russe. 

Se pose ensuite la question d’Alep elle-même. L’ex-capitale économique est en ruine, et ne pourra pas être réinvestie avant des mois, voire des années. 

Enfin, l’évacuation de la métropole et son retour dans le giron de Bachar al-Assad n’empêchent pas la persistance de la guerre dans plusieurs autres régions du pays, où s’affrontent les rebelles et l’armée, mais également Daesh. À Raqqa, en particulier, le groupe terroriste, officiellement la première cible de l’aviation russe, est encore bien présent.   

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