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Présidentielle américaine : Moscou voulait affaiblir Hillary Clinton

Le directeur du renseignement James Clapper (g) et de la NSA Michael Rogers (c) lors d'une audition devant le Sénat à Washington, le 5 janvier 2017 [JIM WATSON / AFP/Archives] Le directeur du renseignement James Clapper (g) et de la NSA Michael Rogers (c) lors d'une audition devant le Sénat à Washington, le 5 janvier 2017 [JIM WATSON / AFP/Archives]

Le rapport du renseignement américain sur l'ingérence russe dans l'élection présidentielle, publié vendredi en version expurgée, affirme clairement que le Kremlin a cherché à affaiblir la candidate démocrate Hillary Clinton et à aider Donald Trump.

Pour le FBI, la CIA et la NSA, les trois grandes agences du renseignement américain, «Poutine et le gouvernement russe ont développé une claire préférence pour le président élu Trump». Ils ont «cherché à augmenter ses chances d'être élu quand cela était possible, en discréditant Hillary Clinton et en la comparant de manière défavorable» avec le candidat républicain. Le phénomène de l'ingérence électorale russe n'est pas nouveau, mais elle a connu avec la présidentielle américaine «une escalade significative par son côté direct, son niveau d'activité, et par l'ampleur de son champ d'action», selon le rapport.

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Le rapport, n'apporte pas de nouvelles preuves tangibles de l'ingérence russe. Diffusé publiquement et expurgé de ses informations classifiées, il ne fait que proposer une synthèse cohérente d'informations en général déjà connues. Les services de renseignement américains ne donnent aucune information sur les écoutes ou piratages qu'ils ont eux-même menés et qui leur ont permis d'étayer leurs conclusions. Mais l'origine russe des intrusions dans les ordinateurs du parti démocrate a déjà été confirmée par des sociétés de cyber-sécurité américaines privées, a priori indépendantes.

Discréditer Clinton à tout prix

Quoi qu'il en soit, les agences de renseignement n'ont pas d'avis sur le fait de savoir si l'ingérence russe a rapporté des voix à Donald Trump et influencé l'élection : «le renseignement américain est chargé de surveiller et évaluer les intentions, les capacités, et les actions d'acteurs étrangers. Il n'analyse pas le processus politique américain ou l'opinion publique américaine», précise-t-il .

Selon le rapport, les Russes n'ont pas vraiement prévu la victoire de Trump. Le Kremlin cherchait avant tout à faire en sorte que Clinton arrive au pouvoir la plus affaiblie possible. Au moment du scrutin, Moscou semblait toujours parier sur une victoire de Mme Clinton. Les diplomates russes étaient prêts à dénoncer des irrégularités et à remettre «à remettre en question la validité du résultat», selon le rapport. «Des blogueurs pro-Kremlin avaient préparé une campagne Twitter #democracyRIP (démocratie, repose en paix), en prévision de la victoire d'Hillary Clinton», affirme également le rapport.

Concernant les piratages informatiques menés par les Russes, les services de renseignement russes ont pénétré dans les ordinateurs et réseaux «des équipes de campagne pour les primaires, de groupes de réflexion, de lobbyistes» jugés influents dans l'élaboration de la politique américaine. Le GRU, le renseignement militaire russe, est entré «dans les comptes email personnels de responsables du parti démocrate», et a «exfiltré de larges volumes de données». Le GRU a utilisé «l'avatar Guccifer 2.0, WikiLeaks et DCLeaks» pour «diffuser les données» volées et influencer la campagne. La Russie a mené des intrusions informatiques chez les républicains également, mais «n'a pas pas mené de campagne identique de divulgation» de ces données.

Une ingérance qui pourrait se répéter

La Russie a aussi mené des intrusions informatiques dans les fichiers électoraux tenus par les autorités locales américaines. Mais elle n'a pas visé les systèmes de comptage de voix a proprement parler. Au sujet ces opérations de propagande «l'appareil de propagande de l'Etat russe, comprenant ses médias nationaux, ceux visant le public international comme RT et Sputnik, et un réseau quasiment étatique de «trolls» (acteurs néfastes sur les réseaux sociaux), ont contribué à la campagne d'influence en servant de plateforme pour les messages du Kremlin», indique le rapport.

La couverture de la campagne d'Hillary Clinton a été «constamment négative» sur RT, la télévision d'Etat russe et son site internet, qui sont le fer de lance international de la communication du Kremlin. Des articles de RT l'ont accusée de «corruption, de mauvaise santé physique et mentale, et de liens avec l'extrémisme islamique», souligne le rapport. La Russie a aussi utilisé contre Hillary Clinton et pour Donald Trump ses groupes de «trolls», payés pour diffuser sa bonne parole sur les réseaux sociaux. Le rapport mentionne notamment l'Agence de recherche sur internet (Internet research agency) basée à Saint-Pétersbourg).

Enfin, le rapport affime qu'il daut-il craindre une répétition de ces efforts d'ingérence électorale de la part de Moscou. «Nous estimons que Moscou appliquera les leçons» apprises dans cette campagne américaine «pour de nouvelles tentatives d'influence dans le monde entier, y compris contre des alliés américains et leurs alliés».

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