Mexique : le journalisme assassiné par la violence

Un simple «¡ Adiós !». C’est par ce mot que le journal mexicain El Norte a annoncé sa fermeture, en une de son édition du 2 avril.

C'est une page qui se tourne pour la ville de Juàrez, à la frontière nord du Mexique. L'un des cinq périodiques locaux, tiré à plus de trente mille exemplaires, met la clé sous la porte. En plus d'arrêter sa version papier, le média devrait couper son site web.

Pas de «journalisme critique» possible

Dans ses colonnes, l’éditeur Oscar Cantu Murguia, a expliqué à ses lecteurs qu’il n’y avait «ni la garantie, ni la sécurité d’exercer un journalisme critique» dans le pays. «Dans la vie, tout a un début, une fin et un prix. Si c’est cela la vie, je ne suis pas prêt à ce que d’autres de mes collaborateurs en paient le prix», a-t-il ajouté.

Cette décision fait en effet suite aux meurtres fréquents et impunis de journalistes.

 

123 journalistes tués depuis 2000

Ainsi, trois professionnels de la presse ont été assassinés en mars. Parmi eux, la rédactrice du quotidien Miroslava Breach Velducea, qui travaillait pour La Jornada et collaborait régulièrement avec El Norte, a été tuée le 24 mars dans l’Etat de Chihuahua, en présence de ses enfants, sains et saufs. Son corps a été retrouvé dans une voiture, criblé de huit balles. Le tireur a laissé un mot qui confirme le lien entre le meurtre et le métier de la victime : «pour avoir été une grande gueule».

Pour avoir été une grande gueuleL'assassin de la journaliste d'El Norte, dans une note laissée sur le lieu du crime.

Plus tôt dans le mois de mars, deux autres professionnels de la presse ont été assassinés dans les Etats de Guerrero et Veracruz, deux hauts lieux des cartels de la drogue et de la violence.  Au total, ils sont 123 journalistes à avoir été tués à travers tout le Mexique depuis 2000. D’autres ont échappé à la mort, mais pas aux attaques. Le 29 mars, un reporter de 51 ans a été ciblé par des tirs, de bon matin, à la sortie de son domicile. Il est toujours hospitalisé.