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Mais pourquoi ce sénateur américain a fait un discours de 15h30 au Congrès ?

Jeff Merkley Jeff Merkley, les traits fatigués, à la sortie de son allocution de 15h30, le 5 avril 2017[Zach Gibson / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Jeff Merkley n’est pas près d’oublier sa nuit. De mardi soir, 19h, à mercredi après-midi, le sénateur de l’Oregon a discouru pendant 15h30, debout et sans prendre de pause, devant le Congrès.

Ce discours a été prononcé à la commission de la Justice du Sénat américain dans le cadre des efforts déployés par les Démocrates pour s’opposer à la nomination du juge conservateur Neil Gorsuch à la Cour suprême. C’est la huitième plus longue allocution de l’histoire de la chambre haute du Congrès, le record étant détenu par Strom Thurmond. En 1957, ce sénateur ségrégationniste avait parlé durant 24 heures et 18 minutes pour s’opposer aux futures lois sur les droits civiques.

Une querelle vieille d’un an

Le siège auquel prétend Neil Gorsuch est vacant depuis plus d’un an, et la mort en février 2016 du juge conservateur Antonin Scalia qui l’occupait. Les Républicains s’étaient alors fermement opposés à la nomination Merrick Garland proposée par Barack Obama pour remplacer Antonin Scalia, et le siège était resté vide.

Aujourd’hui, la commission de la Justice du Sénat américain est à majorité républicaine. Elle a donc approuvé, lundi, la nomination de Neil Gorsuch afin de contenter Donald Trump et les Républicains, et ce malgré la forte opposition de la minorité démocrate. «La majorité du Sénat a décidé de voler un siège de la Cour suprême, c’est une tactique de guerre partisane», a dénoncé Jeff Markley dans son allocution de 15h30.

Un enjeu important

Les dirigeants républicains du Sénat sont confiants. Ils affirment que Neil Gorsuch sera confirmé à ce poste dès la séance plénière prévue vendredi, quoi que tentent les Démocrates. Si l’homme de 49 ans était effectivement nommé, cela redonnerait la majorité aux Républicains. La Cour suprême est actuellement composée de huit juges, quatre démocrates et quatre conservateurs. C’était une promesse de campagne de Donald Trump.

Cette prédominance républicaine à la Cour suprême, plus haute instance judiciaire des Etats-Unis chargée de trancher les grandes questions de société, changerait radicalement la donne. Il ruinerait le consensus traditionnel de la Cour suprême, censée contrebalancer les excès de la chambre des représentants depuis sa création en 1789. D’autant que les juges y sont nommés à vie.

Vers un passage en force

Théoriquement, 60 des 100 sénateurs doivent donner leur accord pour valider l’attribution d’un siège. Mais le Sénat est divisé entre 48 démocrates et 52 conservateurs. Or, les démocrates n’ont pas prévu de faire de cadeaux à leurs voisins d’assemblée, et 41 d’entre eux ont déjà annoncé leur intention de s’opposer à la nomination de Gorsuch, ce qui rendrait impossible une majorité de 60 voix.

Dans le jargon, cette obstruction collective s’appelle un « filibuster ». Pour y pallier, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mich McConnell, a prévu de recourir à «l’option nucléaire». Cette procédure au nom barbare consiste à abaisser la majorité nécessaire de 60 à 51 voix, pour qu’une nomination soit acceptée. Pour obtenir ce changement, les Républicains n’ont besoin que d’une courte majorité de 50 voix. Majorité qu’ils devraient donc obtenir sans problème. De quoi relancer les tensions, alors que les démocrates n’ont pas oublié «l’injustice faite à Merrick Garland», pour reprendre les mots du démocrate Christopher Coons.

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