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En Egypte, l'impact relatif de la campagne anti-harcèlement

Rassemblement contre le harcèlement sexuel en Egypte, le 12 février 2013 au Caire [KHALED DESOUKI / AFP Photos/Archives] Rassemblement contre le harcèlement sexuel en Egypte, le 12 février 2013 au Caire [KHALED DESOUKI / AFP Photos/Archives]

La campagne anti-harcèlement, qui a vu des femmes du monde entier partager leurs expériences sous le hashtag #MeToo (#MoiAussi), a atteint l'Egypte, pays arabe le plus peuplé. Mais le fléau y reste particulièrement coriace, et fait l'objet d'un combat au quotidien.

"J'ai cessé de marcher dans la rue (...) et j'ai dépensé la moitié de mon salaire, environ 1.500 livres (70 euros) en taxis juste pour éviter d'être draguée ou harcelée", témoigne Youstina Tharwat, une jeune égyptienne sur Facebook. Une autre jeune femme égyptienne, Basma Moustafa, explique, également sur Facebook, qu'elle a été harcelée sur un marché alors qu'elle était enceinte. "Lorsque que je l'ai frappé au thorax, il m'a giflée", écrit-elle.

Comme Youstina et Basma, d'autres femmes égyptiennes ont profité du hashtag #MeToo, lancé après les accusations de plusieurs actrices contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein aux Etats-Unis, pour évoquer leurs expériences souvent douloureuses.

Mais en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe (plus de 93 millions d'habitants), où le harcèlement sexuel est endémique, l'utilisation du hashtag #MeToo (#AnaKaman, en arabe) est restée modérée. Selon Me Taher Abu El-Nasr, avocat habitué des dossier de harcèlement, la campagne #AnaKaman a concerné "certains segments de la société" uniquement, la plupart des utilisatrices égyptiennes du hashtag étant issues des classes moyennes et supérieures.

Le phénomène n'a en outre pas fait la Une de la presse.

99% des femmes victimes

Photo d'une jeune femme arborant sur son bras des empreintes de main peintes en rouge, lors d'une manifestation contre le harcèlement sexuel le 14 juin 2014 au Caire [NAMEER GALAL / AFP/Archives]
Photo d'une jeune femme arborant sur son bras des empreintes de main peintes en rouge, lors d'une manifestation contre le harcèlement sexuel le 14 juin 2014 au Caire

Selon une étude de l'ONU publiée en 2013, plus de 99% des femmes ont été victimes de harcèlement en Egypte, où elles sont quotidiennement confrontées aux remarques obscènes, voire aux attouchements. Après la révolte de 2011, des groupes de volontaires se sont organisés pour protéger les femmes des agressions collectives lors des manifestations. Et de plus en plus de victimes ont pris la parole pour partager leur expérience.

En février 2013, des femmes ont même manifesté dans la rue, en brandissant des couteaux.

Enfin, en juin 2014, le gouvernement égyptien a adopté une loi criminalisant le harcèlement sexuel, renforçant ainsi l'arsenal juridique contre ce type de comportement. Mais amener les harceleurs devant les tribunaux ne va toujours pas de soi, selon les avocats travaillant sur ces dossiers. Pour Me Abu El-Nasr, la proportion "de (jeunes) filles ou de femmes touchées par le harcèlement qui décide de parler à la police reste très faible, car la culture de la société conservatrice ne le leur permet pas".

 

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