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La Turquie intensifie ses raids sur l'enclave kurde d'Afrine

Des rebelles syriens pro-turcs avancent vers Kilis, à la frontière avec la Syrie, lors de l'offensive turque "Rameau d'olivier" contre les unités kurdes YPG, le 30 janvier 2018 [OZAN KOSE / AFP] Des rebelles syriens pro-turcs avancent vers Kilis, à la frontière avec la Syrie, lors de l'offensive turque "Rameau d'olivier" contre les unités kurdes YPG, le 30 janvier 2018 [OZAN KOSE / AFP]

L'offensive turque sur la région kurde d'Afrine, dans le nord de la Syrie, ne connaît pas de répit: de nouveaux raids aériens ont visé mardi plusieurs secteurs, et de violents combats frontaliers ont été rapportés.

La poursuite de l'opération «Rameau d'olivier», lancée il y a 10 jours, intervient alors que la Turquie est un acteur central des pourparlers sur la Syrie qui se tiennent ce mardi sous l'égide de la Russie à Sotchi: sur les rives de la mer Noire, des représentants de la société civile et des politiques syriens tentent de discuter d'une solution au conflit ravageant leur pays depuis 2011.

Ciblées par l'offensive turque, les autorités semi-autonomes kurdes ont indiqué qu'elles n'y participeraient pas. Et, ce mardi, pour le dixième jour consécutif, l'aviation d'Ankara a pilonné leur enclave d'Afrine, située à la frontière avec la Turquie.

Dans le même temps, en Turquie, les autorités ont arrêté mardi 11 membres d'une association de médecins ayant critiqué l'offensive, durcissant ainsi leur campagne envers les voix discordantes.

Depuis le 20 janvier, 311 personnes soupçonnées d'avoir fait de la «propagande terroriste» sur les réseaux sociaux contre l'offensive d'Afrine avaient déjà été arrêtées, selon le ministère de l'Intérieur.

De la fumée s'élève au-dessus de l'enclave kurde d'Afrine cible d'une offensive de l'armée turque, le 28 janvier 2018 dans le nord de la Syrie [George OURFALIAN / AFP]
De la fumée s'élève au-dessus de l'enclave kurde d'Afrine cible d'une offensive de l'armée turque, le 28 janvier 2018 dans le nord de la Syrie

Sur le volet militaire, les frappes aériennes turques de mardi matin ont visé les secteurs de Rajo et de Jandairis, dans le nord-ouest et le sud-ouest de la région d'Afrine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Dans ces secteurs, de violents affrontements opposent les forces turques et leurs alliés parmi les rebelles syriens aux combattants kurdes, selon l'ONG.

«Depuis lundi, la Turquie a intensifié ses frappes aériennes», a fait valoir le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les avions turcs survolent également la ville même d'Afrine, où le bruit des bombardements dans les collines environnantes se fait entendre, d'après un correspondant de l'AFP.

Lundi, la Turquie a renforcé ses positions militaires dans le nord syrien, et un convoi composé de dizaines de véhicules militaires a franchi la frontière, dans l'objectif de rejoindre un secteur situé à une quarantaine de km au sud d'Afrine.

Un convoi militaire transportant des rebelles pro-turcs et leurs véhicules avance vers Kilis, près de la frontière avec la Syrie, lors de l'opération "Rameau d'olivier" contre les unités kurdes YPG, le 29 janvier 2018 [OZAN KOSE / AFP]
Un convoi militaire transportant des rebelles pro-turcs et leurs véhicules avance vers Kilis, près de la frontière avec la Syrie, lors de l'opération «Rameau d'olivier» contre les unités kurdes YPG, le 29 janvier 2018

Mais, durant la nuit, des tirs fournis de combattants pro-régime ont barré la route du convoi, l'obligeant à changer de destination pour se rendre finalement dans l'ouest de la province d'Alep, selon l'OSDH.

Lourd tribut

Depuis le 20 janvier, la Turquie mène une offensive dans l'enclave d'Afrine pour en chasser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG).

Considérés comme «terroristes» par Ankara, ces combattants kurdes sont pourtant de précieux alliés de Washington dans la lutte contre les jihadistes de Daesh.

Depuis le lancement de cet offensive, 85 combattants kurdes ont été tués, tandis que 81 rebelles pro-Ankara ont péri, selon l'OSDH.

Les civils ont également payé un lourd tribut, et 67 personnes dont 20 enfants ont été tués dans des bombardements turcs depuis le lancement de l'opération, d'après la même source.

Des soldats turcs déployés au Mont Bersaya, au nord de la ville syrienne d'Azaz, lors de l'opération "Rameau d'olivier" contre les unités kurdes YPG, le 29 janvier 2018  [Nazeer al-Khatib / AFP]
Des soldats turcs déployés au Mont Bersaya, au nord de la ville syrienne d'Azaz, lors de l'opération «Rameau d'olivier» contre les unités kurdes YPG, le 29 janvier 2018

Ankara nie viser les civils, assurant prendre pour cible uniquement les combattants et les positions militaires.

Evoquée depuis plusieurs mois, l'intervention turque à Afrine a été précipitée par l'annonce de la création d'une «force frontalière» incluant notamment des YPG, et parrainée par la coalition internationale antijihadistes emmenée par Washington.

Ankara n'a jamais accepté l'autonomie de facto établie par les Kurdes dans le nord de la Syrie à la faveur du conflit qui ravage ce pays depuis 2011, craignant de voir sa propre communauté kurde développer des aspirations similaires.

«Eliminer la menace»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan est une nouvelle fois monté au créneau mardi, devant la majorité parlementaire de son parti politique.

L'offensive «ne va pas s'arrêter avant que nous ayons éliminé la menace terroriste de notre frontière», a-t-il martelé.

Ignorant les appels de l'Otan et des Etats-Unis à la «retenue», Ankara se dit déterminé à élargir l'offensive vers l'est, notamment à la ville de Minbej tenue par les Kurdes et où sont stationnées des forces américaines.

Parallèlement à ces nouveaux développements, la Russie peine à assurer le bon déroulement d'une conférence sur la Syrie organisée à Sotchi dans le but de réunir représentants de la société civile et hommes politiques syriens.

L'initiative vise à trouver une solution au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 340.000 morts.

Mardi, dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, huit civils ont encore été tués dans des frappes aériennes du régime, selon l'OSDH, qui rapportait déjà la veille la mort de 21 civils dans des circonstances similaires, notamment dans la localité de Saraqeb.

A Saraqeb, où 16 personnes ont été tuées lundi dans des raids selon l'OSDH, un hôpital a été touché par deux frappes, a rapporté Médecins sans frontières (MSF).

Une «attaque particulièrement choquante», a dénoncé MSF, indiquant dans un communiqué que l'hôpital recevait «des personnes blessées dans un raid aérien qui s'est déroulé une heure plus tôt».

Le drame «montre la brutalité avec laquelle les soins de santé sont attaqués en Syrie», a jugé MSF.

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