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Ex-espion russe : la police tente de déterminer l'origine de l'agent innervant

Sergueï Skripal lors de son procès à Moscou, le 9 août 2006 [Yuri SENATOROV / Kommersant Photo/AFP/Archives] Sergueï Skripal lors de son procès à Moscou, le 9 août 2006 [Yuri SENATOROV / Kommersant Photo/AFP/Archives]

La police britannique tentait jeudi de déterminer l'origine de l'agent innervant utilisé pour essayer de tuer l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille, une attaque qui attise les tensions entre Londres et Moscou.

Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, ont été victimes d'une «tentative de meurtre par l'administration d'un agent innervant» qui a pu être identifié, avait déclaré mercredi le chef de la police anti-terroriste, Mark Rowley.

Cela «va aider à identifier la source» de la substance toxique, a-t-il ajouté, refusant toutefois de dévoiler sa nature. «Notre rôle est désormais d'établir qui est derrière tout ça et pourquoi ils ont commis cet acte», a-t-il dit.

Un agent innervant est une substance chimique qui agit sur le système nerveux. Parmi les plus connus figurent le sarin et l'agent VX, utilisé pour assassiner en Malaisie le demi-frère de Kim Jong-un en février 2017.

Selon des sources sécuritaires citées par le tabloïd The Sun, seuls quelques laboratoires au monde sont capables de produire un tel poison, dont celui des services secrets russes à Iassenovo, près de Moscou, renforçant les soupçons sur la Russie.

«Cadeau»

Gaz sarin, VX : 2 puissants agents innervants [Alain BOMMENEL, Sabrina BLANCHARD / AFP]
Gaz sarin, VX : 2 puissants agents innervants [Alain BOMMENEL, Sabrina BLANCHARD / AFP]

Sergueï Skripal et sa fille avaient été retrouvés dimanche, inconscients, sur un banc près d'un centre commercial à Salisbury (sud de l'Angleterre).

Ils se trouvaient toujours dans un «état critique» jeudi. Selon un haut fonctionnaire cité par le Times, «il semble que (Skripal) ne va pas s'en sortir», tandis que les médecins «ont espoir que (sa fille) puisse s'en remettre».

Un policier, l'un des premiers arrivés sur place poru secourir le couple, a également été hospitalisé. Il «parle (...) mais cela ne signifie pas que son état n'est pas grave», a indiqué la ministre de l'Intérieur Amber Rudd sur la BBC.

Sergeï Skripal [John SAEKI / AFP]
Sergeï Skripal [John SAEKI / AFP]

Selon le Times, la police tente de clarifier si la fille de Skripal, qui est arrivée en Grande-Bretagne en provenance de Moscou la semaine dernière en apportant un «cadeau offert par des amis», a introduit elle-même de cette manière l'agent innervant dans le pays. Autre hypothèse : le poison aurait été vaporisé sur eux ou introduit dans leur nourriture ou boisson.

Le journal affirme que les enquêteurs se penchent également sur le décès en 2012 de l'épouse de Skripal des suites d'un cancer, de même que sur la mort soudaine de son frère il y a deux ans et celle de son fils l'année dernière à Saint-Pétersbourg, en raison d'une maladie du foie.

«Garder la tête froide»

L'affaire Skripal a attisé les tensions entre le Royaume-Uni et la Russie, qui «devient une menace de plus en plus grande», a affirmé le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, sur ITV1.

Des voix s'élèvent pour que Londres prennent ses distances avec Moscou. «Je ne vois pas comment nous pouvons maintenir des relations diplomatiques avec un pays qui assassine des gens sur le sol britannique», a tweeté le député conservateur Nick Boles.

Des policiers britanniques à Salisbury dans le cadre de l'enquête suite à l'empoisonnement présumé d'ex-agent double Sergueï Skripal, le 6 mars 2018 [Chris J Ratcliffe / AFP]
Des policiers britanniques à Salisbury dans le cadre de l'enquête suite à l'empoisonnement présumé d'ex-agent double Sergueï Skripal, le 6 mars 2018 [Chris J Ratcliffe / AFP]

Le chef de la diplomatie Boris Johnson avait pointé Moscou du doigt dès mardi, qualifiant la Russie de "force néfaste et perturbatrice par bien des aspects", provoquant l'indigantion de Moscou qui dénonce une «campagne anti-russe».

La Première ministre britannique Theresa May a indiqué que son gouvernement pourrait considérer un éventuel boycott diplomatique de la prochaine Coupe du monde de football en Russie. La presse britannique, citant des sources proches de la maison royale, a rapporté que le prince William, président de la Fédération anglaise de football, n'assisterait pas à l'événement sportif.

Amber Rudd s'est voulu plus prudente jeudi, estimant prématuré de désigner un responsable. «Quand nous aurons toutes les preuves de ce qui s'est passé, nous en attribuerons la responsabilité (...) Nous devons être très méthodiques, garder la tête froide et nous baser sur les faits, pas les rumeurs».

A Salisbury, la police continuait son enquête, reconstituant les déplacements de Sergueï Skripal et de sa fille. Ces derniers auraient déjeuné dans un restaurant de l'enseigne de pizzeria Zizzi, où selon des témoins cités par les médias il était très agité, et auraient pris un verre au pub The Mill.

Ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de «haute trahison» pour avoir vendu des informations au renseignement britannique, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l'objet d'un échange de prisonniers organisé entre Moscou, Londres et Washington, et s'était installé en Angleterre.

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