La récente polémique de l’«Aquarius» a mis en avant les difficultés éprouvées par les Vingt-Sept pour gérer la crise.
Une date pour promouvoir la solidarité à l’égard des personnes déracinées par la guerre et la pauvreté. C’est l’objectif de la Journée mondiale des réfugiés, lancée par les Nations unies et célébrée tous les 20 juin. Cette année, l’événement coïncide avec un nouvel imbroglio diplomatique entre les puissances européennes, à la suite de l’affaire de l’Aquarius, le navire humanitaire transportant 630 migrants et refusé par l’Italie. Si le bateau a finalement été accueilli à Valence, en Espagne, il a surtout révélé le profond malaise des Européens face à la question migratoire. Un constat inquiétant à l’approche d’un sommet crucial sur le sujet, les 28 et 29 juin à Bruxelles.
Un continent coupé en deux
Cette situation explosive est le résultat de plusieurs années d’échec à l’échelle européenne. Car si, depuis 2015, la Grèce et l’Italie ont fait face à un afflux massif de migrants, les autres Etats membres ne sont jamais parvenus à s’accorder sur un plan de répartition des arrivants. Alors que plusieurs pays de l’Est, à l’instar de la Pologne et de la Hongrie, ont délibérément refusé de les accueillir, beaucoup ont donné leur accord de principe à un plan de partage, sans le mettre en œuvre. Seule l’Allemagne a réellement ouvert ses frontières, accueillant près d’un million de personnes en 2015.
Mais trois ans plus tard, l’Italie a porté au pouvoir un gouvernement populiste hostile aux migrants, et la chancelière allemande Angela Merkel a été obligée de confier le ministère de l’Intérieur à un cadre de la très conservatrice CSU, Horst Seehofer. Ce dernier a d’ailleurs sommé lundi la dirigeante de trouver une solution commune à la crise lors du sommet à venir, sous peine de fermer les frontières. Un ultimatum difficile à résoudre, la majorité des Etats membres semblant aujourd’hui davantage préoccupés par l’intégration des centaines de milliers de migrants déjà présents sur leurs territoires que sur l’accueil des nouveaux arrivants.
Angela Merkel et Emmanuel Macron ont malgré tout tenu hier, à Berlin, un conseil franco-allemand, de manière à arriver à Bruxelles avec un discours cohérent le 28 juin. «Nous allons travailler ensemble pour une solution avec plusieurs Etats membres qui sont concernés», a ainsi affirmé le président français.
Une éclaircie possible
Malgré cette situation critique, des espoirs se dessinent. Le couple franco-allemand pourrait, dans sa volonté de bâtir une politique migratoire commune, être soutenu par Madrid. En acceptant d’accueillir l’Aquarius, le nouveau chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a en effet appelé de ses vœux une réponse européenne concertée et solidaire. Des pistes concrètes sont en outre à l’étude en vue du sommet de la fin du mois, comme la mise en place de «plates-formes de débarquement» hors de l’UE, pour distinguer les migrants économiques de ceux ayant besoin d’une protection internationale.
Des dispositifs d’autant plus susceptibles d’aboutir que le flux migratoire méditerranéen, s’il reste important, a beaucoup diminué depuis le plus fort de la crise. Il est ainsi passé de plus d’un million d’arrivants en 2015, à moins de 17 200 en 2017.