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Presque centenaire, la Martha Graham Company n'a pas pris une ride

Les danseurs de la Martha Graham Company interprètent une scène de «Every Soul is a Circus», un ballet comique lors d'une répétition générale, le 13 mars 2012 au Joyce Theatre, à New-York. [TIMOTHY A. CLARY / AFP/Archives] Les danseurs de la Martha Graham Company interprètent une scène de «Every Soul is a Circus», un ballet comique lors d'une répétition générale, le 13 mars 2012 au Joyce Theatre, à New-York. [TIMOTHY A. CLARY / AFP/Archives]

A 92 ans, la plus vieille compagnie de danse américaine devrait être un rien démodée. Mais la Martha Graham Company, ovationnée lundi à Paris, reste plus vivante que jamais avec des classiques intacts et une récente initiation à la technologie.

Morte en 1991 à 96 ans, Martha Graham, la mère de la danse moderne, a laissé une méthode enseignée dans le monde entier, des créations légendaires, et des héritiers spirituels comme Merce Cunningham ou Paul Taylor, décédé récemment. Après d'âpres querelles d'héritage, des dettes et des ouragans qui ont failli sonner le glas de la compagnie, celle-ci a survécu et ses ballets ont gardé toute leur fraîcheur.

Mais comment de vieux ballets comme "Ekstasis" (1933) -- un solo dansé lundi exceptionnellement par le directrice de la danse de l'Opéra de Paris Aurélie Dupont -- subsistent-ils? "Les gens apprécient encore Picasso. Dit-on de Picasso que c'est démodé?", sourit Janet Eilber, directrice artistique de la compagnie, de retour à l'Opéra de Paris après environ trente ans d'absence.

"La danse moderne est encore un art jeune -- 100 ans -- mais nous sommes déjà assez vieux pour parler de classiques", ajoute cette grande dame élégante aux cheveux gris, qui a été elle-même danseuse phare de la compagnie.

Mouvement fidèle à l'émotion

La mythique chorégraphe, souvent qualifiée de "Picasso de la danse", a révolutionné l'art en étant la première à théâtraliser le langage du corps. Et "parce qu'elle a vécu si longtemps, nous avons appris d'elle comment transmettre l'esprit de ses danses", explique la directrice artistique de la troupe qui compte 15 danseurs permanents et est souvent en tournée.

Pour redécouvrir leur corps, les plus grands comédiens d'Hollywood, de Gregory Peck à Betty Davis, ont suivi des cours de danse avec celle qui a fondé sa méthode sur la dualité contraction-relâchement. "Martha voulait que l'émotion dicte au corps quoi faire. Elle était un génie car elle comprenait une personne juste en regardant le langage de son corps", selon Mme Eilber dont la compagnie est basée à New York.

Dans les 180 ballets-- dont une soixantaine ont survécu-- Graham s'est inspirée des danses primitives, de la littérature, de la Bible, la politique et la mythologie, comme "Caves of the Heart" (1946), qui figure au programme, avec Médée et Jason.

Les danseurs Blakeley White-McGuire et Carrie Ellmore-Tallitsch, de la Martha Graham Company, au Joyce Theater, à New-York, le 13 mars 2012  [TIMOTHY A. CLARY / AFP/Archives]
Les danseurs Blakeley White-McGuire et Carrie Ellmore-Tallitsch, de la Martha Graham Company, au Joyce Theater, à New-York, le 13 mars 2012

Autre ballet présenté cette semaine à Garnier, sa version du "Sacre du printemps" a fait sensation, grâce à la danse très physique mais aussi très expressive de la troupe.

"Pour elle, trop de physicalité était juste un +show+ de bras et de jambes. Et trop d'émotions serait mélodramatique. Ca doit être 50-50", selon Mme Eilber.

Le physique des danseurs a certes évolué --sauts plus haut, pirouettes plus rapides--, "mais Martha adorait cette évolution. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on danse ses ballets comme en 1936".

 

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