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Voyage dans le temps vers la «Jérusalem du Nord» pour le pape en Lituanie

Le pape François à son arrivée à Vilnius, le 22 septembre 2018. [Janek SKARZYNSKI / AFP] Le pape François à son arrivée à Vilnius, le 22 septembre 2018. [Janek SKARZYNSKI / AFP]

Soixante-quinze ans précisément après la liquidation du ghetto de Vilnius, le pape François va rendre dimanche un hommage silencieux aux Juifs de l'ex-Jérusalem du Nord, exterminés par les nazis.

Ainsi, après la rencontre de nombreux fidèles le matin, lors d'une messe célébrée pour eux dans un parc de Kaunas (deuxième ville du pays), le chef de l'Eglise fera un voyage dans le temps vers les époques sombres de la récente histoire lituanienne.

Appelés Litvaks, les juifs lituaniens formaient, jusque dans les années 1940 du XXe siècle, une communauté dynamique de plus de 200.000 membres, qui ont fait fleurir la littérature yiddish et la vie religieuse. De nombreux hommes politiques, tel l'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak, hommes de la culture comme l'écrivain Amos Oz, artistes et entrepreneurs ont des racines lituaniennes.

L'extermination conduite par les nazis --avec un certain nombre de collaborateurs lituaniens-- a anéanti quasiment tous ceux qui ont valu à Vilnius le surnom de Jérusalem du Nord.

Les rares survivants ont été souvent aidés par des amis lituaniens, dont plus de 800 ont mérité le titre de Justes parmi les nations du monde décerné par l'Institut Yad Vashem de Jérusalem.

Aujourd'hui, les Juifs ne sont qu'environ 3.000 dans ce pays de 2,9 millions d'habitants, membre de l'Union européenne et de l'Otan.

Le voyage du pape coincidant avec l'anniversaire de la liquidation du ghetto, la communauté juive a souhaité une rencontre avec lui. Elle a essuyé dans un premier temps un refus et la tension avec les organisateurs a été perceptible, selon des sources proches du dossier, puis des contacts ont permis de ménager pour le pape un moment de recueillement auprès du monument du ghetto.

Deux occupations

Quand ils évoquent la Seconde Guerre mondiale, les Lituaniens utilisent le pluriel pour parler de deux occupations : allemande et soviétique. Cette dernière a duré plusieurs décennies, et ses premières années ont été marquées par une sanglante répression de la résistance lituanienne.

La police politique de Moscou, le KGB, avait pris possession de la prison de la Gestapo et l'a utilisée entre autres jusque dans les années 80 pour détenir et interroger des prêtres refusant d'accepter le harcèlement contre le clergé et les croyants.

Tel Sigitas Tamkevicius, aujourd'hui archevêque octogénaire. Arrêté en 1983, il a été durement interrogé par les enquêteurs du KGB qui voulaient interrompre à tout prix la rédaction et la diffusion d'un journal clandestin sur les persécutions des catholiques. La «Chronique», passée en fraude en Occident, était alors lue par des stations radios émettant depuis l'étranger.

Condamné à dix ans de camp, il a été libéré en 1989, lorsque le régime totalitaire a commencé à se désintégrer à la faveur de la perestroïka menée par Mikhaïl Gorbatchev.

Accompagné seulement de deux personnes, le nonce et le directeur de la prison, le pape doit visiter son ancienne cellule. Et aussi la salle d'exécution, où les condamnés à mort vivaient leurs derniers instants.

Selon Vilnius, plus de 50.000 Lituaniens sont morts dans les camps et les prisons soviétiques ainsi que lors des déportations massives dans les années 1944-1953, tandis que 20.000 autres ont été tués dans des combats livrés par la résistance antisoviétique.

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