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La semaine de Philippe Labro : Armstrong l'explorateur, Duhamel l'observateur

Le comédien Ryan Gosling incarne l’astronaute Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la Lune.[Capture d'écran YouTube/@FilmsActu]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre. 

LUNDI 8 OCTOBRE

Retour de Besançon, où je participais à une séance de dédicaces dans la belle librairie «L’Intranquille». J’y ai rencontré le maire, Jean-Louis Fousseret, qui dirige la ville depuis dix-neuf ans. Je lui ai dit qu’il en a fait une ville «aimable».

– Ça veut dire quoi ?

«Aimable» peut signifier deux choses : la courtoisie, la politesse, mais aussi une atmosphère, une ambiance, une qualité de vie. Quand on rentre à Paris, retrouve-t-on une capitale «aimable» ?

A chacun son analyse, mais avec les mille travaux qui paralysent une circulation déjà suffocante (ah ! ces palissades gris et vert qui entourent les espaces où l’on ne voit personne travailler), les trottoirs encombrés de trottinettes (c’est la nouvelle nuisance), les cyclistes qui ne respectent aucun (mais alors aucun !) feu rouge ou sens unique, les manifs quasi hebdomadaires, la mine renfrognée des gens que l’on croise, pressés, tendus, stressés, les autocars de touristes qui bloquent certaines artères, les RER en retard, les bouchons, les ronchons, les chonchons, eh bien, nous avons notre compte de «non-amabilité».

Néanmoins, il fait beau (trop beau, selon certains), les terrasses des bistros sont envahies, on savoure les cris irremplaçables des enfants à la sortie de l’école, ce chant de vie et d’insouciance. Les expos s’accumulent (Picasso, Basquiat, Schiele, Miro, Caravage…) et les concerts se succèdent : nous n’avons aucune raison de véritablement râler. Paris est un enfer, et Paris est un paradis. L’insatisfaction y règne autant que l’hédonisme.

MARDI 9 OCTOBRE

J’assiste à l’avant-première du film de Damien Chazelle, First Man : le premier homme sur la Lune, avec Ryan Gosling et Claire Foy. C’est du cousu main à l’américaine, avec méthode, précision et réalisme, pour reconstituer le parcours extraordinaire de Neil Armstrong, le «premier homme» qui posa le pied sur la Lune.

On a rarement vu, de l’intérieur, ce qu’il aura fallu vivre, subir, affronter, supporter, pour enfin alunir sur cette surface blanche et poudreuse. Il y a déjà eu plusieurs films – tous américains – sur l’odyssée de l’espace, l’aventure de ces sept pilotes choisis par la Nasa, les échecs des nombreuses missions Apollo, mais aucun n’a montré avec autant de force la difficulté des séances d’entraînement, la peur, le sang-froid, l’erreur qui coûte plusieurs vies avant d’arriver à obtenir un système totalement sécurisé. Les sons, les images, les détails… Tout est là, c’est aussi fort qu’un grand Spielberg (qui a, d’ailleurs, coproduit le film).

C’est une étonnante description de cet inconnu au calme apparent, mais à la sensibilité aiguë, que fut Neil Armstrong. Très beau portrait d’un taiseux qui ne disait jamais de bêtises. Tout ce que nous avions ignoré de lui, comme la mort de sa fillette, qui le hanta jusqu’au moment de son exploit, est restitué. C’est passionnant. Le film sort en salles le 17 octobre prochain.

VENDREDI 12 OCTOBRE

Vous ai-je déjà parlé du Journal d’un observateur d’Alain Duhamel, qui vient de paraître aux Editions de l’Observatoire ? Le célèbre éditorialiste, aujour­d’hui membre de l’Institut, et toujours présent sur RTL, le soir, au côté de Marc-Olivier Fogiel, se «lâche» enfin !

Analyses, mais aussi récits, anecdotes, confidences, grâce auxquels l’humour de Duhamel, sa vision des hommes, leurs faiblesses et leurs forces, constituent une mémoire unique. On y découvre François Mitterrand qui mange des ortolans tout en engueulant le journaliste au sujet d’un article qu’il n’avait pas aimé, Philippe Seguin lui balançant un bouquin en pleine figure, et l’on y lit son «péché d’orgueil» : avoir totalement oublié Ségolène Royal dans les «prétendants» à la présidentielle de 2007. Les adjectifs sont choisis, l’écriture est claire, accessible à tous.

Il conclut : «La France est l’éternel laboratoire de la politique

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