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WeWork, le géant mondial du coworking, limite la consommation de bière dans ses bureaux

MANDEL NGAN / AFP WeWork a fait de ses tireuses à bières et de leur accès gratuit un argument commercial pour attirer les locataires dans ses espaces de coworking.[Un espace de coworking de WeWork à Washington]

A New York, l'entreprise WeWork, qui avait fait de la bière gratuite à disposition un argument commercial, a décidé de limiter sa consommation à quatre bières par jour pour les locataires de ses bureaux partagés, après des plaintes pour agression sexuelle.

L'entreprise américaine de location d'espaces de travail partagés, présente dans près de 30 pays dans le monde et revendiquant 175 000 utilisateurs, teste ainsi depuis le 30 octobre la limitation de la consommation de bière à quatre verres de 350 ml par personne et par jour, dans trois de ses immeubles new-yorkais. Les locataires des bureaux ne peuvent également s'en servir qu'entre midi et 20 heures. Tout cela est contrôlé grâce à la carte d'accès dont les utilisateurs ont besoin pour entrer dans les bâtiments.

L'expérimentation va durer entre 30 et 90 jours. L'entreprise compte ensuite étendre cette politique à ses autres bureaux de New York, ville où elle compte le plus grand nombre d'espaces (environ une cinquantaine).

Une affaire d'agression sexuelle comme principale explication

Cette décision marque un tournant pour WeWork. Depuis sa création en 2010, l'entreprise avait fait des tireuses à bières présentes dans ses cuisines collectives et leur accès gratuit illimité un véritable argument commercial pour attirer les locataires dans ses espaces de coworking. Les premières versions du site internet de WeWork listaient même «la bière artisanale» sur la page «Services», à côté de l'accès wi-fi rapide et de l'assurance maladie.

Même si l'entreprise évoque seulement une volonté de «mieux gérer ses stocks d'alcool», c'est plus probablement une affaire d'agressions sexuelles qui a été l'élément déclencheur de sa décision de limiter l'accès à la bière. Il y a quelques semaines, une ancienne employée, Ruby Anaya, a attaqué en justice WeWork, affirmant qu'elle avait été agressée sexuellement par deux coworkers lors de deux événements organisés par la société en août 2017 et janvier 2018, durant lequels l'alcool était gratuit.

Une culture «de fraternités d'étudiants qui part du sommet»

D'après la plainte, «dans les deux cas, l'employé prétendait être trop ivre pour se souvenir de l'incident». L'ancienne «responsable de la culture» de WeWork affirme même avoir été licenciée après avoir exprimé son désaccord quant à la décision de ne pas renvoyer le second agresseur présumé.

Ruby Anaya, 33 ans, pointe une culture «de fraternités d'étudiants qui part du sommet», racontant que le directeur général de l'entreprise Adam Neumann lui avait lui-même servi de l'alcool pendant son entretien d'embauche. En toile de fond, la jeune femme pointe du doigt la «culture bro», sexiste et misogyne, omniprésente dans les start-up de la Silicon Valley (Californie) notamment, qui consiste à vivre comme des «frères», et où l'alcool, la drogue et le sexe tiennent une place importante.

L'alcool a de moins en moins sa place au travail

La société nie en bloc les accusations de Ruby Anaya. «Ces affirmations contre WeWork sont sans fondement. WeWork s'est toujours engagé à faire de son lieu de travail un espace inclusif, solidaire et sûr», explique l'entreprise, valorisée 20 milliards de dollars l'an dernier, qui assure également que sa décision de limiter la consommation de bière n'a rien à voir avec les poursuites intentées par son ex-employée.

Cette annonce de WeWork fait écho à ce qu'il se passe actuellement dans le milieu des start-up américaines. Alors que l'alcool a toujours été très présent dans les bureaux des jeunes pousses, certaines ont récemment décidé de changer de politique. En 2016, Zenefits, une start-up américaine qui propose des logiciels pour la gestion des ressources humaines, a banni l'alcool après avoir reçu des plaintes faisant part de comportements inappropriés, notamment sexuels, sur le lieu de travail. Une façon de développer «de nouvelles valeurs et culture d'entreprise» d'après Zenefits.

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