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Gaza: une grave confrontation rapproche Israël et le Hamas de la guerre

Une boule de feu s'élève au-dessus du site d'un bâtiment du mouvement islamiste palestinien Hamas, visé par des tirs israéliens, le 12 novembre 2018 dans la bande de Gaza [MAHMUD HAMS / AFP] Une boule de feu s'élève au-dessus du site d'un bâtiment du mouvement islamiste palestinien Hamas, visé par des tirs israéliens, le 12 novembre 2018 dans la bande de Gaza [MAHMUD HAMS / AFP]

La plus sévère confrontation entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza depuis le conflit de 2014 s'est prolongée dans la nuit de lundi à mardi, rapprochant davantage les deux camps d'une nouvelle guerre malgré les efforts internationaux pour l'empêcher.

Au moins six Palestiniens ont été tués en moins de 24 heures, les deux derniers en date mardi matin, par la riposte israélienne aux centaines de roquettes en provenance de Gaza, qui ont fait un mort et des dizaines de blessés en territoire israélien. L'homme tué en Israël est un Palestinien en séjour régulier, selon les services de sécurité israéliens.

Des dizaines de milliers d'Israéliens d'Ashkélon et d'autres localités proches de l'enclave ont passé la nuit au rythme ininterrompu des sirènes les précipitant vers les abris ou les y maintenant.

La bande de Gaza a elle résonné toute la nuit des frappes israéliennes, qui ont réduit à l'état de ruines des bâtiments de plusieurs étages comme le siège de la télévision du Hamas ou les bureaux d'un service de sécurité, anéantis dans des éclairs lumineux par de puissantes explosions soulevant d'immenses panaches de fumée et de poussière.

Des Palestiniens se rassemblent sur le site d'un immeuble en ruines après des frappes aériennes israéliennes, le 13 novembre 2018 dans la bande de Gaza [MAHMUD HAMS / AFP]
Photo ci-dessus Des Palestiniens se rassemblent sur le site d'un immeuble en ruines après des frappes aériennes israéliennes, le 13 novembre 2018 dans la bande de Gaza [MAHMUD HAMS / AFP]

Depuis lundi en milieu d'après-midi, environ 400 tirs de roquettes et de mortier ont été dénombrés par l'armée israélienne qui a indiqué avoir frappé en retour près de 150 positions militaires du mouvement islamiste Hamas et de son allié, le Jihad islamique.

Cette escalade, déclenchée par une incursion secrète des forces spéciales israéliennes qui a mal tourné dimanche, est survenue après des mois de tensions qui font redouter une quatrième guerre en dix ans entre Israël et le Hamas qui gouverne sans partage la bande de Gaza.

Rien ne permet de dire si ces tensions, plus persistantes que les précédents épisodes, vont retomber à leur tour ou si l'escalade va définitivement faire avorter les efforts déployés depuis des semaines pour parer une nouvelle confrontation dans l'enclave sous blocus, coincée entre l'Etat hébreu, l'Egypte et la Méditerranée.

«Grave attaque»

Des missiles du système de défense aérienne israélien Iron Dome interceptant des tir de missiles en provenance de la bande de Gaza, le 13 novembre 2018 au-dessus de la ville israélienne d'Ashkélon [GIL COHEN-MAGEN / AFP]
Photo ci-dessus Des missiles du système de défense aérienne israélien Iron Dome interceptant des tir de missiles en provenance de la bande de Gaza, le 13 novembre 2018 au-dessus de la ville israélienne d'Ashkélon [GIL COHEN-MAGEN / AFP]

Un calme tendu est revenu mardi matin dans la ville de Gaza, aux rues largement désertées par les voitures et dans lesquelles déambulaient quelques enfants. L'école a été annulée dans le territoire de quelque deux millions d'habitants, éprouvé par les guerres, la pauvreté, les pénuries et le chômage.

Les cours ont également été supprimés en Israël autour de la bande de Gaza, jusqu'au-delà de Beersheva (sud) à des dizaines de kilomètres de l'enclave.

L'armée israélienne a indiqué avoir envoyé des renforts d'infanterie et d'engins blindés sans, pour l'instant, rappeler les réservistes comme elle l'avait fait en 2014. Un journaliste de l'AFP a vu des tanks en route vers la bande de Gaza.

L'armée a aussi déployé des batteries antimissiles supplémentaires.

Israël fait face «sans doute aucun aux tirs de roquettes les plus intenses depuis l'été 2014», date de la dernière guerre, et «à la plus grave attaque de la part d'organisations terroristes contre les populations civiles israéliennes», a dit un porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

Un policier israélien inspecte un immeuble gravement endommagé la veille par un tir de roquette depuis la bande de Gaza voisine, le 13 novembre 2018 [GIL COHEN-MAGEN / AFP]
Photo ci-dessus Un policier israélien inspecte un immeuble gravement endommagé la veille par un tir de roquette depuis la bande de Gaza voisine, le 13 novembre 2018 [GIL COHEN-MAGEN / AFP]

L'armée israélienne et les groupes armés palestiniens ont échangé les mises en garde musclées. Le bras armé du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a prévenu qu'il étendrait son rayon d'action en fonction de la riposte israélienne.

L'engrenage militaire a été enclenché dimanche avec l'infiltration des forces spéciales israéliennes, opération à hauts risques qui s'est soldée par la mort d'un lieutenant-colonel israélien et de sept Palestiniens, dont un commandant local de la branche armée du Hamas et cinq autres membres des brigades al-Qassam.

Pressions égyptiennes

En représailles, les brigades al-Qassam ont gravement blessé un soldat dans une attaque au missile antichar, lançant le cycle de la riposte israélienne et des tirs de roquettes.

Des dizaines d'Israéliens ont été légèrement blessés, essentiellement par des éclats, selon les secours.

Des Israéliens dans la ville de Sderot se mettent à l'abri de tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza le 12 novembre 2018 [Jack GUEZ / AFP]
Photo ci-dessus Des Israéliens dans la ville de Sderot se mettent à l'abri de tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza le 12 novembre 2018 [Jack GUEZ / AFP]

La plupart des roquettes sont retombées dans des zones inhabitées, a indiqué l'armée, mais des bâtiments ont été directement touchés, dont l'un à Ashkélon.

Une femme a été extraite des décombres dans un état critique. Puis les sauveteurs ont découvert la dépouille d'un homme identifié en Cisjordanie comme Mahmud Abou Asba, 48 ans, originaire de ce territoire occupé.

De nombreux Palestiniens travaillent en Israël.

Les frappes israéliennes ont causé mardi matin la mort de deux nouveaux Palestiniens, a dit le ministère gazaoui de la Santé.

L'armée israélienne a indiqué que son aviation avait tiré sur un Palestinien faisant partie d'un groupe tirant des projectiles en direction d'Israël, puis qu'un hélicoptère d'attaque avait ouvert le feu sur un autre groupe s'infiltrant en Israël. Elle ne s'est prononcée sur la mort de quiconque.

La bande de Gaza et ses alentours sont en proie depuis fin mars aux tensions qui ont culminé à de nombreuses reprises dans des flambées de violences jusqu'alors retombées au bout de quelques heures.

Au moins 233 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date. Deux soldats israéliens ont trouvé la mort.

Les signes d'une possible détente s'étaient pourtant succédé ces dernières semaines, comme le transfert la semaine passée de 15 millions de dollars versés par le Qatar, soutien de longue date du Hamas, pour payer au moins partiellement les fonctionnaires du Hamas.

L'opération allait de pair avec les efforts déployés depuis des mois par l'Egypte et l'ONU en vue d'une trêve durable entre Israël et le Hamas.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit réunir mardi son cabinet de sécurité, forum restreint chargé des questions les plus sensibles, ont indiqué les médias.

L'envoyé spécial de l'ONU Nickolay Mladenov a dit continuer à travailler avec l'Egypte voisine pour éloigner Gaza des «bords de l'abîme».

Les services égyptiens ont intensifié leurs contacts avec Israéliens et Palestiniens, a rapporté la télévision égyptienne. L'Egypte, voisine et médiatrice historique à Gaza, a pressé Israël «d'arrêter l’escalade et de respecter les progrès réalisés» dans les efforts d'apaisement, et les groupes palestiniens de faire «preuve de retenue» pour permettre aux négociations de reprendre, a-t-elle dit.

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