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La Corée du Nord a reconstruit un site de fusées, au risque de «décevoir» Donald Trump

Image stellite de DigitalGlobe, du site de lancement de fusées de Sohae, en Corée du Nord, le 5 décembre 2018 [HO / Satellite image ©2019 DigitalGlobe, a Maxar company/AFP/Archives] Image stellite de DigitalGlobe, du site de lancement de fusées de Sohae, en Corée du Nord, le 5 décembre 2018 [HO / Satellite image ©2019 DigitalGlobe, a Maxar company/AFP/Archives]

La Corée du Nord a terminé la reconstruction du site de lancement de fusées qu'elle avait commencé à démanteler, selon des experts américains, au risque d'un regain de tension avec les Etats-Unis après l'échec du sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un.

S'appuyant sur de nouvelles images prises mercredi par satellite, deux cercles de réflexion de Washington, le Center for Strategic and International Studies (CSIS) et 38 North, ont affirmé jeudi que le site de Sohae (ou Tongchang-ri) était «revenu à son statut opérationnel normal».

La veille, sur la base d'images prises tout début mars, ils avaient fait état d'un début de reconstruction entamé juste avant ou juste après le sommet au Vietnam, où le président des Etats-Unis et le dirigeant de la Corée du Nord avaient échoué, fin février, à conclure un accord même partiel sur le désarmement nucléaire nord-coréen.

L'homme d'affaires septuagénaire avait prévenu mercredi qu'il serait «très, très déçu» par le jeune homme fort de Pyongyang si ces informations devaient se confirmer.

Kim Jong Un et Donald Trump le 11 juin 2018 [SAUL LOEB / AFP/Archives]
Kim Jong Un et Donald Trump le 11 juin 2018 [SAUL LOEB / AFP/Archives]

Une mise en garde réitérée jeudi matin par son conseiller à la sécurité nationale John Bolton. «Ce serait très, très décevant s'ils prenaient cette direction», a-t-il dit sur la chaîne Fox News avant les nouvelles révélations. «Nous allons étudier la situation attentivement», «nous allons bien sûr regarder ce qu'ils font», a-t-il ajouté, tout en précisant qu'il était trop tôt pour tirer des conclusions définitives.

Selon l'analyse de 38 North, la reconstruction de ces installations, qui comprennent un pas de tir et un site d'essai de moteurs de fusées, a continué «à un rythme rapide».

«Affront» à Trump

Cela «démontre que la Corée du Nord peut rapidement, et sans trop hésiter, rendre réversibles toutes les actions prises pour démanteler son programme d'armes de destruction massive», estime le CSIS. «Il s'agit d'un défi pour l'objectif américain d'une dénucléarisation définitive, irréversible et vérifiable.»

Photo fournie par les autorités nord-coréennes du leader Kim Jong Un (g) avec le président américain Donald Trump, lors de leur rencontre à Hanoï, le 1er mars 2019 [KCNA VIA KNS / KCNA VIA KNS/AFP/Archives]
Photo fournie par les autorités nord-coréennes du leader Kim Jong Un (g) avec le président américain Donald Trump, lors de leur rencontre à Hanoï, le 1er mars 2019 [KCNA VIA KNS / KCNA VIA KNS/AFP/Archives]

Pour les experts du CSIS, «les actions de la Corée du Nord sont un affront à la stratégie diplomatique du président et reflètent le dépit nord-coréen après le refus de Trump de lever les sanctions économiques lors des entretiens de Hanoï».

Si Pyongyang n'a pas publiquement évoqué ses activités à Sohae, le régime reclus a dénoncé, par le biais de son agence de presse officielle KCNA, les manoeuvres militaires conjointes en cours entre la Corée du Sud et les Etats-Unis, pourtant nettement réduites depuis que Donald Trump a décidé de mettre fin aux exercices de grande envergure pour conforter le réchauffement des relations avec le Nord.

«Les activités de mauvais augure entre les armées sud-coréenne et américaine constituent une violation injustifiée de la déclaration conjointe entre les Etats-Unis et la Corée du Nord ainsi que des déclarations Nord-Sud s'engageant à mettre fin aux hostilités et à réduire les tensions militaires», a écrit l'agence.

Les relations entre Washington et Pyongyang, qui avaient connu une embellie spectaculaire l'an dernier après des mois de menaces atomiques et d'insultes échangées par Donald Trump et Kim Jong-un, risquent donc de se dégrader rapidement.

Selon le directeur de 38 North, Joel Wit, «beaucoup dépend de la réaction américaine», mais «le danger est de voir le cercle vicieux s'engager, chaque camp prenant des décisions qui sapent le processus en cours depuis le printemps». Il a notamment dit craindre un prochain test de moteur de fusée par les Nord-Coréens, pour faire monter la pression.

Car si les deux dirigeants, qui affichent leur «alchimie» depuis leur premier sommet, historique, de juin à Singapour, ont fait mine de se séparer bons amis au Vietnam, aucune nouvelle rencontre entre leurs négociateurs n'a été fixée.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a déclaré lundi «espérer» pouvoir «envoyer une équipe à Pyongyang dans les toutes prochaines semaines» pour reprendre les discussions, tout en reconnaissant n'avoir obtenu «aucun engagement à ce sujet».

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