En direct
A suivre

La justice japonaise autorise la prolongation de la garde à vue de Carlos Ghosn jusqu'au 14 avril

De nouveau interpellé jeudi matin à son domicile de Tokyo suite à de nouveaux soupçons de malversations financières, Carlos Ghosn a de nouveau été incarcéré. Vendredi, la justice japonaise a autorisé la prolongation de sa garde à vue jusqu'au 14 avril.

Les enquêteurs du bureau des procureurs s'étaient rendus au petit matin à son immeuble devant lequel une tenture grise avait été dressée, selon des images diffusées sur les chaînes de télévision japonaises. Une voiture avait quitté les lieux moins d'une heure plus tard, d'après le direct diffusé sur la chaîne Nippon TV. Selon le journaliste de cette télévision privée, M. Ghosn était à bord.

«Pourquoi venir m'arrêter?»

«Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser ?», avait lancé le magnat de l'automobile déchu dans une déclaration transmise à l'AFP. Et d'ajouter: «Je suis innocent de toutes les accusations infondées portées contre moi et des faits qui me sont reprochés». Son avocat Junichiro Hironaka s'était lui aussi insurgé contre de telles méthodes: «Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont besoin de le placer en détention. (...) C'est extrêmement injuste».

Le véhicule transportant Carlos Ghosn quitte sa résidence à Tokyo, le 4 avril 2019 [JIJI PRESS / JIJI PRESS/AFP]
Le véhicule transportant Carlos Ghosn quitte sa résidence à Tokyo, le 4 avril 2019

Ce nouveau rebondissement dans un interminable feuilleton, qui s'est ouvert le 19 novembre avec l'arrestation surprise de celui qui était alors le tout-puissant PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, intervient alors même qu'il avait décidé de prendre la parole pour la première fois depuis sa sortie de prison.

M. Ghosn, 65 ans, avait annoncé mercredi via Twitter, de façon impromptue, qu'il prévoyait une conférence de presse le 11 avril. «Je me tiens prêt à dire la vérité à propos de ce qui se passe. Conférence de presse jeudi 11 avril», avait-il écrit dans un court message sur un compte certifié, qui, selon une porte-parole, est administré par ses avocats.

Pas de «retraite chapeau»

Déjà sous le coup de trois inculpations pour déclarations inexactes de revenus sur les années 2010 à 2018, dans des documents remis par Nissan aux autorités financières, et pour abus de confiance, M. Ghosn avait été libéré le 6 mars moyennant le paiement d'une caution d'un milliard de yens (8 millions d'euros).

L'ancien patron de Renault Carlos Ghosn quitte les bureaux de ses avocats peu après sa sortie de prison, le 6 mars 2019 à Tokyo [Kazuhiro NOGI / AFP]
L'ancien patron de Renault Carlos Ghosn quitte les bureaux de ses avocats peu après sa sortie de prison, le 6 mars 2019 à Tokyo

Il est à présent soupçonné d'avoir utilisé la réserve du PDG de Nissan pour des transferts d'argent de plus de 30 millions de dollars à un distributeur de véhicules Nissan à Oman, montants dont une partie lui serait revenue indirectement, selon une source proche du dossier.

Il l'aurait notamment utilisé ces fonds pour acheter un yacht et investir dans une société dirigée par son fils aux Etats-Unis. Des flux financiers similaires ont été signalés ces derniers jours par Renault à la justice française, à l'issue d'une enquête interne du constructeur.

Le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), qui avait déjà été saisi sur d'autres éléments, a ouvert une enquête sur le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles en octobre 2016. L'audit de la filiale commune de Renault et de son partenaire japonais Nissan, RNBV, basée aux Pays-Bas, a par ailleurs soulevé de «sérieux questionnements» quant à la conformité de plusieurs millions d'euros de dépenses, a annoncé mercredi Renault à l'issue d'un conseil d'administration.

Carlos Ghosn et son épouse Carole au festival de Cannes, le 26 mai 2017 [LOIC VENANCE / AFP/Archives]
Carlos Ghosn et son épouse Carole au festival de Cannes, le 26 mai 2017

Compte tenu du contexte et du fait que M. Ghosn a démissionné en janvier de la présidence de Renault alors qu'il était incarcéré au Japon, la marque au losange a décidé de priver son ancien patron de «retraite-chapeau» comme ancien membre du comité exécutif.

Le dirigeant franco-libanais-brésilien a également été révoqué de la présidence de Nissan, et une assemblée générale extraordinaire d'actionnaires devrait lundi révoquer son mandat d'administrateur, coupant tous ses liens avec l'entreprise qu'il a naguère sauvée de la faillite.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités