La déposition de Robert Mueller aura-t-elle un impact sur la campagne de Donald Trump ?

Il avait pourtant dit qu'il ne témoignerait pas. Le 24 juillet, Robert Mueller, procureur spécial en charge de l'enquête russe se rendra devant le Congrès américain pour une audience sur son rapport. Son texte de 448 pages avait mis fin aux soupçons de collusion avec la Russie pendant la campagne présidentielle de 2016, mais laissait penser qu'il pouvait bien avoir eu obstruction de justice de la part de Donald Trump.

Preuve de l'importance politique que peut avoir l'audience de Robert Mueller : l'événement sera diffusé à la télévision, ce qui est une première. Et pour cause, l'une des phrases prononcées lors de sa dernière apparition publique, en mai 2019, laissait entendre qu'il ne pensait pas que Donald Trump était exempt de toutes les charges : «si nous avions la certitude que le président n'avait commis aucun crime, nous l'aurions dit». 

Pour autant, en l'absence d'accusation claire ou d'inculpation, Donald Trump n'a cessé de répéter qu'il n'y avait «ni collusion, ni obstruction». Difficile cependant d'estimer à quelle échelle l'audience pourra remettre en cause ce mantra, répété à outrance par le Républicain. Pour Jean-Éric Branaa, auteur du livre Et s'il gagnait encore ? (éditions VA press), l'audience n'aura «aucun impact», si ce n'est «servir Trump en renforçant l'idée de la chasse aux sorcières». 

L'une des raisons qui peuvent expliquer cela est le caractère peu loquace de l'ancien procureur spécial. Prononçant rarement un mot plus haut que l'autre, et étant très prudent dans ces déclarations, il ne devrait pas s'enflammer en demandant la mise en examen de Donald Trump. Pour autant, certains Démocrates sont persuadés que l'audience pourra faire changer le sens du vent. David Cicilline, représentant de Rhode Island, a ainsi expliqué au Guardian qu'il «ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait un moment explosif où Mueller va ajouter quelque chose que l'enquête n'a pas couvert, mais le contenu du rapport est accablant et explosif». 

«L'objectif pour les Démocrates est de présenter le président sous un mauvais jour, mais c'est un objectif qu'ils n'atteindront pas. Ceux qui vont regarder sont ceux qui haïssent Trump et qui sont déjà convaincus, ou ceux qui le soutiennent et qui ne le lâcheront pas quoiqu'il arrive», explique Nicolas Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis.

Pour cette dernière non plus, l'impact ne sera pas très important car «l'on sait à peu près ce qu'il va dire, vu qu'il s'en tiendra au rapport. Les Démocrates vont essayer de la pousser mais je le vois mal aller plus loin que ce qu'il a déjà dit.» Donald Trump, peu inquiet, a également assuré qu'il ne suivrait pas l'audition à la télévision. Un coup d'épée dans l'eau pour les Démocrates ?