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La semaine de Philippe Labro : une ville sous la pluie, une planète à sec

«Renaud Capuçon est un violoniste parmi les plus sollicités et les plus occupés.» «Renaud Capuçon est un violoniste parmi les plus sollicités et les plus occupés.» [Christophe SIMON / AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 18 SEPTEMBRE

Six récitals dans six cathédrales. Du Jean-Sébastien Bach. C’est le beau programme entamé hier à Chartres par le violoniste Renaud Capuçon, accompagné d’un violoncelliste et d’un altiste. Suivront Lyon, le 22, Reims, le 24, Paris, le 25, Amiens, le 29 et Bordeaux, le 20 octobre. L’idée de ce mini-marathon est venue à Capuçon, car il a souhaité apporter sa contribution à la rénovation de Notre-Dame de Paris. J’aime, chez cet homme, sa faculté de réaction à tout événement, sa disponibilité pour aider telle ou telle cause.

Renaud est un violoniste parmi les plus sollicités et les plus occupés. Quand il ne joue pas à Tokyo ou Los Angeles, il est à Verbier ou à Salzbourg, ou bien à Aix-en-Provence, qui lui doit l’invention et l’animation d’un fabuleux Festival de Pâques. A Biarritz, au G7, il a joué devant un Trump ébahi. Il aura néanmoins trouvé le temps pour cette initiative d’une «tournée des cathédrales» qui permettra de réunir (de façon évidemment bénévole) des fonds supplémentaires destinés à la reconstruction de Notre-Dame. A Chartres, il y avait huit cents personnes, et, me confie Renaud, «un silence exceptionnel».

Ce même jour, il pleut sur New York ! Entendons-nous : je parle du 49e film de Woody Allen, 83 ans, intitulé «Un jour de pluie à New York», qui sort en salles. C’est un film savoureux, fin, avec un scénario bien structuré, interprété avec charme par une nouvelle génération de comédiens américains. Il y a une bande sonore choisie, une subtile lumière (le directeur de la photographie, Vittorio Storaro, est un maître), de l’humour et de la férocité, des situations parfois graves, parfois cocasses, le marivaudage juif new-yorkais, les jeux de l’amour et du hasard, le tout dans une ville cinégénique.

Quelques séquences sont irrésistibles : quand Timothée Chalamet joue du piano en chantant un air nostalgique ; quand Elle Fanning court, à moitié nue, sous la pluie, la nuit. Mon confrère François Forestier a conduit un excellent entretien, le 12 septembre dernier, dans L’Obs. Woody Allen, à propos des accusations dont il est l’objet aux Etats-Unis (où il est totalement ostracisé), y affirme qu’il a été «faussement accusé» et que deux enquêtes l’ont lavé de tout soupçon. «Il ne s’est rien passé», dit-il. Il parle du tournage dans New York et livre cette anecdote : il voulait de la pluie, mais, en six semaines, aucune goutte ! Alors, il a fallu utiliser des citernes. «J’ai même essayé d’intervenir auprès de Dieu, mais il ne me donne jamais de feedback (“de réponse”). J’attends un signe, et rien… Pas le moindre nuage. A l’âge de 3 ans, je lui ai téléphoné, il ne m’a jamais rappelé. Même pas un petit message enregistré.»

JEUDI 19 SEPTEMBRE

La semaine aurait été épatante si je n’avais eu, sur mon carnet de notes, qu’à faire part de la générosité «capuçonnienne» et de l’inventivité «allenesque». Mais il y a des éléments négatifs dans l’actualité. Ainsi, les pré­visions catastrophistes d’une centaine de scientifiques français sur le réchauffement climatique. Les chiffres font peur : fréquence des canicules, hausse des températures de 7 °C à la fin de ce siècle, sécheresses longues et étendues. Opportunément, le grand magazine américain «Time» publie un numéro spécial : 2050. Comment la Terre a survécu.

Ecrivains, reporters, spécialistes font d’abord une description tragique de ce qui peut arriver jusqu’à 2050, mais ils parient ensuite sur notre survie grâce au combat mené par les jeunes, une prise de conscience mondiale, une réduction progressive, vigoureuse et universelle des émissions de carbone. Sous la plume du journaliste Bill McKibben, on lit : «Notre civilisation a vacillé. Nous dansons aussi dangereusement que nous le pouvons, mais, jusqu’ici, nous ne nous sommes pas écrasés.» Dieu vous entende, Monsieur McKibben – même si Woody Allen nous dit qu’il n’écoute personne.

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