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L'armée australienne reconnaît avoir «tué illégalement» 39 civils et prisonniers afghans

Le général Angus Campbell a livré jeudi les conclusions terribles d’un rapport d’enquête sur le comportement des soldats australiens en Afghanistan. Le général Angus Campbell a livré jeudi les conclusions terribles d’un rapport d’enquête sur le comportement des soldats australiens en Afghanistan. [Mick Tasikas / POOL / AFP]

Pendant la guerre d'Afghanistan, les forces spéciales australiennes ont «tué illégalement» au moins 39 civils et prisonniers afghans, a reconnu jeudi le plus haut responsable militaire de l'Australie, le général Angus Campbell, qui a présenté des excuses «sincères et sans réserve» au peuple afghan.

Ces révélations accablantes figurent dans le rapport d'enquête de 465 pages, au contenu largement caviardé, publié jeudi par l'inspecteur général de l'armée australienne, après quatre années d'investigations sur l'attitude des militaires australiens en Afghanistan. Il affirme que les 39 meurtres évoqués, notamment d'adolescents et d'agriculteurs et qui se sont produits en 2009 et 2013, ont «eu lieu en dehors du feu de l'action».

«Ce bilan honteux comprend des cas présumés dans lesquels de nouveaux membres de patrouille ont été contraints de tirer sur un prisonnier afin d'effectuer leur premier meurtre, dans une pratique effroyable connue sous le nom de "blooding"», a relevé le général Campbell. Dans certains cas, des armes ou des radios ont ensuite été placées sur les corps par les soldats pour faire croire que les prisonniers avaient été tués au combat.

Le chef de l'armée australienne explique ces actes par la «culture guerrière égocentrique» encouragée par certains commandants des troupes australiennes, et par le statut de «demi-dieux» conféré aux supérieurs hiérarchiques, dont les ordres n'étaient jamais questionnés, même s'ils étaient illégaux.

Un enquêteur en charge des crimes de guerre nommé

Le général Campbell a accepté l'ensemble des recommandations du rapport, qui demande le renvoi de 19 soldats devant la police fédérale australienne et le versement d'indemnités aux familles des victimes. Le plus haut responsable militaire australien est allé au-delà, réclamant la révocation de certaines médailles décernées aux forces d'opérations spéciales qui ont servi en Afghanistan entre 2007 et 2013, ainsi que le renvoi des personnes impliquées dans les meurtres présumés devant le «bureau de l'enquêteur spécial» en charge des crimes de guerre.

Dès la semaine dernière, le Premier ministre australien Scott Morrison a en effet annoncé la nomination d'un enquêteur spécial en charge des crimes de guerre présumés perpétrés par les militaires australiens en Afghanistan. Ils y avait été envoyés à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001, pour combattre aux côtés des forces américaines et alliées contre les talibans, Al-Qaïda et d'autres groupes islamistes.

Mercredi, à la veille de la publication du rapport, le dirigeant australien a appelé son homologue afghan Ashraf Ghani pour lui faire part de «certaines accusations inquiétantes» qui sont prises «très au sérieux» par son gouvernement. Selon le bureau du président afghan, Scott Morrison a fait part de «sa plus profonde tristesse» à la suite de ces fautes professionnelles, une version contestée par les responsables australiens.

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