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En 50 ans, les baisses d'impôts des plus riches n'ont pas provoqué de «ruissellement»

Les réductions d'impôts accordées aux riches creusent les inégalités selon cette étude.[INA FASSBENDER / AFP]
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Les réductions d'impôts accordés aux plus riches ces 50 dernières années dans les pays les plus développés n'ont pas contribué à créer des emplois ou de la croissance, selon une étude réalisée par deux chercheurs britanniques et publiée ce mercredi. Elle met ainsi en lumière les limites de la controversée «théorie du ruissellement».

En analysant les prélèvements fiscaux dans 18 pays de l'OCDE sur le dernier demi-siècle, les deux économistes, David Hope, de la London School of Economics, et Julian Limberg, du King’s College de Londres, ont remarqué que les baisses d'impôts accordées aux riches ne bénéficiaient qu'à eux et donc creusaient les inégalités.

Cette conclusion va à l'encontre de la «théorie du ruissellement», selon laquelle l'enrichissement des plus fortunés profite aux plus pauvres, car cet argent serait ensuite réinjecté dans l'économie, via la consommation ou l'investissement. Une idée au coeur de la politique d'Emmanuel Macron depuis son élection - même s'il s'en défend -, mise en lumière par sa décision de supprimer l'ISF (impôt de solidarité sur la fortune) en 2018. Aux Etats-Unis, la grande réforme fiscale de Donald Trump en 2017 s'appuyait également sur cette théorie.

Ne pas «craindre» de mettre à contribution les plus riches

«Nos recherches suggèrent que de telles politiques (de baisses d'impôts des plus riches, NDLR) ne produisent pas le ruissellement que leurs partisans revendiquent», affirme à Bloomberg David Hope. Ainsi, en pleine crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus, «les décideurs politiques ne devraient pas craindre qu'une augmentation des impôts des plus fortunés, pour financer les coûts financiers de la pandémie, nuise à leurs économies», souligne-t-il.

De quoi donner du grain à moudre en France aux partisans d'un rétablissement de l'ISF pour financer les mesures économiques d'urgence destinées à aider les professions les plus touchées par la crise sanitaire. Une mesure réclamée notamment par l'opposition de gauche et par la prix Nobel d'économie Esther Duflo, mais balayée par le gouvernement.

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