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Iran : Menacé de prison, un anthropologue s'échappe par les montagnes

Kamil est resté trois mois en prison avant de sortir en liberté sous caution. Photo d illustration. [Dominique FAGET / AFP]

Il a été condamné à Téhéran (Iran) à 9 ans de prison pour collaboration avec un gouvernement ennemi. Pour ne pas purger sa peine, un anthropologue anglo-iranien a décidé de s’enfuir par les montagnes.

Kamil Ahmadi a nié les faits qui lui sont reprochés, a rapporté la BBC. Il a fait appel de sa condamnation mais à quand même préférer quitter le pays alors qu’il était libéré sous caution.

Le média britannique a recueilli le récit de cet homme, né de souche kurde en Iran, parti s’installer en Grande-Bretagne pour ses études à l’âge de 18 ans. Après de nombreuses années, il a obtenu la nationalité anglaise avant de repartir en Iran.

L’anthropologue s'est spécialisé dans la recherche sur le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines en Iran. Des travaux qui ont attiré l’attention des autorités. Kamil militait notamment pour augmenter l’âge auquel les femmes peuvent se marier, aujourd’hui fixé à 13 ans.

En août 2019, Kamil Ahmadi a été arrêté chez lui par des gardiens de la révolution. D’après lui, il a été victime de sa double nationalité, des tensions entre la Grande-Bretagne et l’Iran au large de Gibraltar (les Britanniques avaient saisi un pétrolier iranien, suspecté ‘avoir enfreint les sanctions imposées par l’Union européenne), de sa religion sunnite (par opposition à une majorité chiites en Iran) et par la nature de ses recherches.

«Je n’étais pas seulement chercheur, j’agissais sur mes recherches et les utilisais pour sensibiliser», a-t-il confié à la BBC.

Il est resté trois mois en prison avant de retrouver une liberté sous caution en attendant son procès, qui a eu lieu en décembre dernier. Déclaré coupable, on lui a reproché d’avoir travaillé pour une organisation caritative qui a déjà reçu une aide financière des États-Unis.

un voyage «très froid, très long, très sombre et très effrayant»

Il a donc été condamné à 9 ans de prison et une amende de 683.000 dollars (570.000 euros). Son appel rejeté, il a décidé de s’évader car il ne se voyait pas «rester en prison 10 ans et voir (s)on fils grandir à distance».

Sans prévenir sa famille, il a décidé de passer à pied par les montagnes pour s’échapper. Il a préparé son barda pour un voyage «très froid, très long, très sombre et très effrayant». «J’ai dû laisser derrière moi tout ce que j’aimais, toutes mes relations humaines», a-t-il précisé.

Sans emploi, il fait dorénavant face à un avenir incertain du côté de la Grande-Bretagne, à Londres. Cependant, il a confié s'accrocher, estimant qu'il sera «beaucoup plus utile à l’extérieur» de l’Iran que dans une prison.

Une autre Irano-britannique, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, est aux mains de la justice iranienne depuis 2016. Accusée d'avoir cherché à renverser le régime de Téhéran, ce qu'elle conteste, cette employée de la Fondation Thomson Reuters - la branche philanthropique de l'agence de presse canado-britannique du même nom -, se trouve actuellement placée sous bracelet électronique.

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