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Pédocriminalité : des experts de l'ONU demandent au pape d'agir contre les violences sexuelles au sein de l'Eglise

Les auteurs de cette lettre demandent au pape François de prendre les mesures nécessaires pour protéger les enfants des abus sexuels commis aux seins des institutions catholiques.[Vincenzo PINTO / AFP]

Pour ces experts mandatés par l'Organisation des Nations unies (ONU), l'Eglise catholique n'en fait pas assez pour protéger les enfants contre les violences sexuelles. Dans une lettre envoyée au pape le 7 avril et rendue publique ce lundi 21 juin, ils expriment leur «plus grande préoccupation» à ce sujet et appelle à davantage de prévention.

La missive est signée par quatre experts, dont les Rapporteurs spéciaux sur la torture et sur la vente et l'exploitation sexuelle d'enfants. Ils condamnent les «mesures adoptées par l'Eglise catholique pour protéger les auteurs présumés d'abus, dissimuler les crimes et entraver la responsabilisation».

Les auteurs estiment que la politique appliquée jusqu'ici par le Vatican dans ce genre d'affaires a «conduit à l'impunité des crimes commis, à la répétition des violations au fil des décennies et au nombre croissant de victimes, ainsi qu'à l'absence de réparation et de soutien aux victimes».

De lourdes accusations qui avaient déjà fait l'objet d'une première lettre, envoyée au pape le 2 avril 2019. A l'époque, l'un des rapporteurs faisait état de cas de mauvais traitements et d'exploitation sexuelle commis par des membres du clergé, notamment en Australie, aux Etats-Unis, en Pologne, en Irlande et aux Pays-Bas.

Déplorant «l'absence de réponse» du Vatican concernant ces différents cas, les experts en ont listés d'autres dans leur nouvelle missive. Cela se passe en Allemagne, en Belgique, en France, au Chili, au Mexique, en Argentine et en Colombie.

Ils évoquent par ailleurs les pensionnats religieux pour enfants autochtones au Canada, dont les mauvais traitements ont été établis au fil des années. L'affaire a connu un nouveau et triste rebondissement ces dernières semaines, avec la découverte fin mai des restes de 215 élèves de l'une de ces institutions, en Colombie-Britannique.

Des agresseurs protégés de «la justice laïque»

Les rapporteurs dénoncent «les tentatives persistantes de l'Eglise catholique pour protéger les agresseurs présumés de la justice laïque», alors même que «certaines enquêtes ont été lancées par le Vatican ou par des diocèses locaux ou nationaux».

D'après les rapports dont ils ont pris connaissance, le Vatican fait «obstruction aux procédures judiciaires en refusant l'accès aux dossiers de l'Eglise documentant les réclamations contre les agresseurs, en accueillant les agresseurs au Vatican d'où l'extradition est refusée», mais aussi en transférant ces derniers «hors des pays où ils peuvent être poursuivis».

Evoquant un «lobby exercé par les membres de l'Eglise pour conserver les délais de prescription de ces crimes», ces experts mandatés par l'ONU dénoncent des «tentatives soutenues» pour «saper les efforts législatifs visant à améliorer la justiciabilité de la violence sexuelle contre les enfants dans les juridictions nationales».

Afin de mettre un terme à cette situation, ils interpellent ainsi le pape François, lui demandant de prendre les mesures nécessaires. Selon eux, «les nouvelles règles établies par le Saint-Siège pour abolir le secret pontifical dans les cas d'abus sexuels» vont dans le bon sens mais ne sont pas suffisantes.

Elles permettent de signaler ces abus ainsi que «leur dissimulation», aussi bien «auprès des supérieurs du clergé et des procureurs du Vatican» qu'aux «autorités civiles des juridictions concernées». Mais, dans ce dernier cas, le signalement n'est pas rendu obligatoire. Un point que les experts espèrent voir changer «dans les meilleurs délais».

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