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Italie : une loi sur les droits LGBT crispe le Vatican

Le pape François, le 21 juin dernier au Vatican. [Alberto PIZZOLI / AFP]

Le Vatican s'est formellement opposé à la formulation d'un projet de loi italien consacré à la lutte contre l'homophobie, jugeant qu'il portait atteinte à la liberté d'expression des catholiques, dans une très inhabituelle intervention diplomatique dans les affaires italiennes.

Le projet de loi vise à punir les actes de discrimination et d'incitation à la violence contre les gays, les lesbiennes, les transgenres et les handicapés.

Le journal Corriere della Sera a révélé dans son édition de mardi qu'une «note verbale» diplomatique a été remise par Monseigneur Paul Gallagher -en charge au Vatican des relations avec les autres États- à l'ambassade italienne auprès du Saint-Siège le 17 juin. 

La note, non signée, affirme que certaines parties du projet de loi italien contreviennent aux accords bilatéraux en vigueur entre l'Italie et le Saint-Siège, car elles «réduisent la liberté de l'Église catholique» en matière d'organisation et d'exercice du culte, ainsi que «la pleine liberté» d'expression et de pensée consentie aux fidèles et aux associations catholiques.

«La note verbale appelle à une modulation différente du projet de loi», peut-on lire sur le portail officiel des médias du Vatican, qui donne la parole à un juriste qui fut président de la Cour constitutionnelle italienne.

Ce dernier, Cesare Mirabelli, explique que le Vatican ne souhaite aucunement «empêcher la prérogative de l'État de légiférer». Mais il souhaite signaler le risque d'atteinte, à travers de nouvelles sanctions pénales, à «la libre expression des convictions» ainsi qu'à «la liberté éducative» des écoles et des parents. Ce qui n'a rien à voir «ni avec des agressions, ni avec de la violence, ni avec une incitation à la haine», ajoute-t-il.

Atteinte à «la laïcité»

Le projet de loi n'exempte pas les écoles catholiques italiennes d'une obligation de participer à des activités pour la journée nationale contre l'homophobie, qui sera fixée au 17 mai.

Le texte sur «les mesures de prévention et de lutte contre les discriminations et la violence pour un motif basé sur le sexe, sur le genre, sur l'orientation sexuelle, sur l'identité de genre et sur le handicap», porté par le député du Parti démocrate (centre-gauche) Alessandro Zan, a été approuvé à la Chambre des députés en novembre. Il est actuellement débattu au Sénat.

Alessandro Zan a rejeté les arguments du Vatican, en estimant dans un tweet qu'«il ne peut y avoir aucune ingérence externe dans les prérogatives d'un parlement souverain» et que «le texte ne restreint d'aucune manière la liberté d'expression ou la liberté religieuse».

L'association italienne Arcigay a vivement critiqué la démarche «sans précédent» de la diplomatie vaticane qui doit être traitée par le gouvernement italien comme «une ingérence inacceptable» et une atteinte à «la laïcité».

L'Italie et le Saint-Siège avaient normalisé leurs relations avec les accords de Latran en 1929, après soixante ans de crise. Ils comprennent un concordat qui fut révisé en 1984 pour mettre fin notamment au statut particulier de la religion catholique, qui n'est désormais plus la religion d'État en Italie.

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