En direct
A suivre

Royaume-Uni : des enfants placés menacés de devenir sans-papiers à cause du Brexit

Les enfants placés pourraient être les laissés-pour-compte du système de résidence permanente mis en place au Royaume-Uni depuis le Brexit. Les enfants placés pourraient être les laissés-pour-compte du système de résidence mis en place au Royaume-Uni depuis le Brexit. [François WALSCHAERTS / AFP]

Un cri d'alarme. Dans le cadre du Brexit, les Européens vivant au Royaume-Uni ont jusqu'à mercredi pour déposer leur demande de résidence sur le sol britannique. Ce système menace de laisser sur le bord de la route des milliers d'enfants placés, qui pourraient se retrouver sans-papiers, dénoncent plusieurs associations de protection de l'enfance.

Elles soulignent que, pour les enfants placés ou les jeunes majeurs l'ayant été, les obstacles à leur demande d'enregistrement - via l'«EU Settlement scheme» - sont nombreux : difficultés à prouver son identité, à fournir les documents de résidence requis ou à obtenir le soutien nécessaire à leurs démarches, qui incombent à leur tuteur légal ou aux autorités publiques.

Ainsi, à la veille de l'expiration du délai fixé par les autorités britanniques, ils pourraient être plusieurs milliers à n'avoir toujours pas effectué la procédure. Si 3.660 jeunes vulnérables (jusqu'à 25 ans) ont été identifiés comme éligibles au statut de résident par le ministère de l'Intérieur britannique - dont 67 % avaient soumis leur demande à fin avril -, ce chiffre serait largement sous-estimé selon les associations, qui évoquent jusqu'à 9.000 jeunes dans cette situation. 

Le risque étant que les enfants placés n'ayant pas fait leur demande de résidence avant mercredi se retrouvent «sans-papiers» et dans «les limbes juridiques», alertent les associations. «Cela signifie qu'ils n'auront pas le droit de vivre au Royaume-Uni», avertit Marianne Lagrue, une responsable de l'association Coram Children's Legal Centre qui leur vient en aide, interrogée par l'AFP. «Ils ne pourront pas accéder aux soins de santé gratuits, travailler, recevoir des allocations, louer un logement, apprendre à conduire et détenir un compte en banque», explique-t-elle. A 18 ans, ils risquent aussi l'expulsion du Royaume-Uni.

Une souplesse accordée par le gouvernement

«Ces enfants pourraient devenir la prochaine génération Windrush», met en garde de son côté Azmina Siddique, de l'association The Children's Society, interrogée par l'AFP. Une référence au scandale du traitement réservé à des milliers d'immigrés des Caraïbes arrivés légalement au Royaume-Uni entre 1948 et 1971, mais privés de droits faute des documents nécessaires.

Rejetant la demande des associations de repousser la date limite d'inscription au «Settlement scheme», le gouvernement britannique s'est voulu rassurant. Il a souligné que de nouvelles directives ont récemment été publiées, autorisant les demandes de résidence tardives en cas de «motifs raisonnables», parmi lesquels figure le fait d'être un enfant placé (ou un majeur ayant été placé dans sa jeunesse).

Mais ce n'est pas suffisant pour les associations, pour qui il est inadmissible que certains enfants soient sans-papiers, même pour une courte période. Pendant cette période, ils pourraient être privés de services de base (santé, éducation...), craignent-elles. Et il n'est pas à exclure que cet intervalle s'étende sur des années, exposant ces jeunes à la stricte politique migratoire déployée par l'exécutif depuis le Brexit.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités