En direct
A suivre

Allemagne : Angela Merkel sur le point de faire ses adieux

Un départ pas comme les autres. Dimanche, les citoyens allemands seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau chancelier. Pour la première fois en seize ans, Angela Merkel ne sortira pas gagnante de ces élections législatives. La dirigeante de 67 ans a, en effet, décidé de se retirer de la vie politique.

Avec la fin de ce quatrième mandat, l’Allemagne et l’Europe ne tournent pas une page, mais ferment un tome complet de leur histoire. Une ère marquée par les crises diplomatiques, sécuritaires et économiques qu’elle a su traverser solidement, alors que les démocraties voisines ont été et restent marquées par une alternance fréquente de dirigeants.

Première femme à être élue au poste de chancelière pour son parti conservateur, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), en 2005, l’ancienne chimiste ne s’est jamais laissée intimider. Frappée par la crise des subprimes en 2008, comme ses voisins, elle a imposé sans état d’âme la rigueur à l’Allemagne, mais aussi à l’Europe.

Dame de fer et crise de tremblements

Lors­que la Grèce a sombré à cause de son surendettement, elle n’a pas cédé, expliquant que le pays devait poursuivre ses efforts. Une posture de «dame de fer» qui lui a valu d’être caricaturée en nazi dans les rues d’Athènes. Aux yeux des pays les plus touchés par la crise, elle est devenue le visage de l’austérité.

Mais en 2015, avec des centaines de milliers de migrants qui cherchaient à rejoindre l’Europe, Angela Merkel a su montrer un visage plus avenant, en ouvrant ses frontières à près d’un million de réfugiés. Une décision critiquée par une partie de ses compatriotes, et qui tranchait avec la fermeté d’une majorité de pays voisins. Cinq ans plus tard, des experts du marché du travail ont cependant montré que 50 % environ des arrivants avaient un emploi. Preuve, selon eux, d’une intégration plutôt réussie.

Finalement, c’est une cérémonie officielle banale qui a illustré ses premières faiblesses. Aux côtés de son homologue ukrainien, elle a été prise d’une forte crise de tremblements à l’été 2019. Si ses équipes ont alors prétexté un coup de chaud, deux autres épisodes ont suivi dans les semaines suivantes, plongeant les citoyens allemands dans l’inquiétude. Surnommée «mutti» par ses compatriotes, ce qui signifie «maman», elle a finalement tenu la barre jusqu’au bout, et reste très populaire, grâce à de bons résultats économiques et un leadership solidement installé à la tête de l’Europe.

Un héritage en péril

Nul doute qu’Angela Merkel rêvait d’incarner la stabilité allemande au point d’assurer une transition en douceur avec son successeur choisi par la CDU : Armin Laschet. Mais il a enchaîné les mauvaises décisions et décroché dans les sondages.

Le favori pour l’élection de dimanche est finalement Olaf Scholz, membre du Parti social-démocrate (SPD). L’homme, aujourd’hui vice-chancelier, semble prêt à faire une alliance avec les Verts et des partis plus à gauche, ce qui renverrait la CDU dans l’opposition.

Un affront pour Angela Merkel, qui pourrait alors voir le gouvernement appliquer des mesures contre lesquelles elle s’est longtemps battue. Parmi elles, le salaire minimum relevé à 12 euros de l’heure. Après seize ans au pouvoir et une image de dirigeante inoxydable, elle pourrait donc bien sortir par la plus petite des portes. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités