En direct
A suivre

Turquie : qui est Osman Kavala, l’opposant à Erdogan dont la France demande la libération ?

Emprisonné depuis octobre 2017, Osman Kavala n'a toujours pas été jugé. [Handout / Anadolu Culture Center / AFP]

Avec 9 autres pays, la France appelle à la libération de l'opposant turc Osman Kavala, un éditeur et mécène devenu bête noire du régime de Recep Tayyip Erdogan. La Turquie a vivement réagi ce mardi 19 octobre en convoquant l'ambassadeur français.

Dans un communiqué publié lundi soir, 10 pays dont la France, l'Allemagne et les Etats-Unis avaient appelé à un «règlement juste et rapide de l'affaire» Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans avoir été jugé. «Le retard persistant [pris par] son procès (...) jette une ombre sur le respect de la démocratie, de l'Etat de droit et de la transparence du système judiciaire turc», estiment les 10 pays.

La réaction d'Ankara ne s'est pas fait attendre. «La République de Turquie est un État de droit démocratique. Il est inacceptable que des ambassadeurs fassent des recommandations et des suggestions à la magistrature dans le cadre d'une affaire en cours», a écrit sur Twitter le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu.

Défenseur de la cause arménienne et kurde

Homme d'affaires, fondateur de plusieurs maisons d'éditions, philanthrope : Osman Kavala est à 64 ans une figure majeure de la société civile turque. En 2013, il a été l'un des acteurs du mouvement protestataire du parc Gezi, qui visait le gouvernement d'Erdogan, alors premier ministre. Défenseur de la cause arménienne et kurde, il a également milité pour le «non» au référendum constitutionnel d'avril 2017 sur le renforcement des pouvoirs du président.

La presse turque loyale au pouvoir le surnomme «le milliardaire rouge» et le compare au financier américain d'origine hongroise George Soros, connu pour son engagement progressiste et libéral. De son côté, Erdogan l'accuse de «financer les terroristes». Des allégations pour lesquelles il n'existe aucune preuve, assurent les avocats d'Osman Kavala.

Emprisonné sans jugement

Accusé d'avoir cherché à «renverser le gouvernement» au moment de la tentative de coup d'Etat de 2016, il est emprisonné sans jugement depuis octobre 2017. Il le restera au moins jusqu'au 26 novembre prochain, a décidé début octobre un tribunal d'Istanbul, malgré les menaces européennes de sanctions contre Ankara.

En décembre 2019, la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) avait ordonné sa «libération immédiate», en vain. Le Conseil de l'Europe a récemment menacé Ankara de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session (du 30 novembre au 2 décembre) si l'opposant n'est pas libéré d'ici là.

Dans un récent entretien avec l'Agence France-Presse, Osman Kavala a estimé que sa détention permet à Recep Tayyip Erdogan de justifier ses «thèses complotistes». «Pour moi, la vraie raison de ma détention prolongée répond au besoin du gouvernement d'entretenir la fiction d'un complot», a-t-il déclaré depuis sa cellule via son avocat.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités