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Un tiers des vols les plus empruntés dans l'UE disposent d'une alternative en train, selon Greenpeace

Une alternative en train existe déjà pour 34% des vols court-courriers les plus fréquentés dans l'UE. [AIR FRANCE / AFP]

A quelques jours du lancement de la COP26 de Glasgow, Greenpeace dévoile une solution pour économiser 3,5 millions de tonnes de CO2 par an. Dans un rapport publié ce mercredi 27 octobre, l'association recommande de supprimer certaines lignes aériennes européennes les plus fréquentées, dès lors qu'une alternative ferroviaire de moins de six heures existe.

D'après les données récoltées, cela concerne un tiers des 150 vols court-courriers les plus empruntés dans l'Union européenne. L'impact pourrait être important : les trajets aériens de moins de 1.500 km représentent un quart des émissions du secteur aérien européen. Ces chiffres ont été obtenus via une étude d'OBC Transeuropa, commandée par l'unité européenne de Greenpeace. L'association précise qu'une «attention particulière» a été portée aux lignes aériennes impliquant la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Belgique, les Pays-Bas et l'Autriche.

Il en résulte que l'Hexagone est particulièrement concerné puisque 30 des 150 vols les plus fréquentés dans l'UE ont pour destination et/ou pour origine la France. Près de la moitié (47,5%) d'entre eux ont d'ores et déjà une alternative ferroviaire de moins de six heures. A l'échelle de l'UE, une liaison en train existe déjà pour 34% des vols court-courriers les plus fréquentés, soit 51 sur 150.

Les trois liaisons les plus empruntées dans l'UE, Paris-Toulouse, Paris-Nice et Athènes-Thessalonique, font partie de ces derniers. Parmi les trajets ciblés, 21 peuvent même être réalisés en moins de quatre heures de train, c'est le cas d'un Amsterdam-Paris, Bruxelles-Francfort ou Paris-Francfort. Quelque 41 lignes disposent par ailleurs d'alternatives directes en train de nuit.

Pour les vols qui ne peuvent, pour l'heure, être remplacés par un trajet sur les rails, Greenpeace mise sur le développement du réseau ferroviaire européen «encore nettement améliorable». Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports au sein de l'antenne française de l'association, s'étonne d'ailleurs «que le ferroviaire n'ait pas été abordé dans le discours France 2030 du président Macron».

On émet pourtant «10 fois plus d'équivalent CO2 quand on fait Paris-Amsterdam en avion plutôt qu'en train, alors que ce trajet peut se faire en moins de 3h30 en train, souligne-t-elle dans un communiqué. La réduction du trafic aérien est incontournable pour tenir les objectifs climat de l'Accord de Paris, et la suppression des vols courts constitue un premier pas à cet égard.»

L'engagement français jugé insuffisant

Greenpeace déplore les insuffisances de la loi Climat, adoptée cet été en France, qui interdit les liaisons aériennes intérieures, hors correspondances, lorsqu'il existe une alternative en train en moins de 2h30. Cela ne concerne «qu'une à trois lignes aériennes intérieures sur la centaine existante, avec un bénéfice climatique très limité», juge l'association. Elle estime par ailleurs que le gouvernement n'a pas fait le nécessaire pour garantir que les créneaux aéroportuaires ainsi libérés «ne puissent pas être réutilisés pour d'autres liaisons aériennes, potentiellement plus lointaines et plus émettrices».

La piste de l'avion neutre en carbone, plébiscitée par Emmanuel Macron dans son plan d'investissement «France 2030», n'est, selon Greenpeace, pas la priorité dans la course à l'urgence climatique. Non seulement le développement d'un «avion vert» prendra du temps, les experts tablent sur 2035, mais il ne suffira pas à absorber un trafic aérien qui pourrait encore doubler d'ici à 2037, d'après l'Association du transport aérien international (IATA).

Aussi, Greenpeace oriente plutôt l'exécutif français vers un «plan d'action ambitieux sur le ferroviaire» à l'échelle européenne, avec notamment la mise en service d'au moins 30 nouvelles lignes de jour et de nuit à travers l'Europe d'ici à 2025. Sur ce point, l'association pointe l'opportunité que représente «la toute prochaine présidence française de l'Union européenne».

De même, au niveau national, le démarrage imminent des discussions autour des volets écologie et transport du projet de loi finances 2022 à l'Assemblée nationale est pointé comme un moment propice pour faire la part belle au ferroviaire en France, mais aussi en Europe. Un effort qui «ne suffira pas à mettre le secteur aérien sur les rails de l'Accord de Paris» mais qui constitue au moins le premier pas dans la bonne direction : celle de la réduction des émissions.

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