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Covid-19 : une prison américaine accusée d'avoir expérimenté l'ivermectine sur des détenus

Le traitement leur aurait été présenté comme un mélange de «vitamines, antibiotiques et/ou stéroïdes». [JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP]

Convaincus d'avoir été les cobayes d'une «expérimentation médicale», quatre détenus d'une prison de l'Arkansas, aux Etats-Unis, ont décidé d'engager des poursuites contre l'établissement pénitentiaire. Ils affirment que de l'ivermectine leur a été administrée à leur insu, pour traiter le Covid-19.

D'après leur plainte, ces quatre hommes ont été installés dans le «bloc de quarantaine» après avoir contracté la maladie au mois d'août. Ils auraient alors reçu, deux fois par jour, un «cocktail de médicaments» fourni par Robert Karas, le médecin de la prison. Selon les informations du Guardian, ce dernier aurait présenté ce traitement comme une simple association de «vitamines, antibiotiques et/ou stéroïdes».

En réalité, ce serait de l'ivermectine, un antiparasitaire couramment utilisé pour le bétail et dont l'usage contre le Covid-19, qui aurait été donnée. Un médicament qui, dans le cadre du coronavirus, est déconseillé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais aussi par les autorités sanitaires européennes et américaines.

L'agence américaine du médicament, la FDA, a même mis en garde contre les risques d'une surdose ou l'usage de la forme vétérinaire du médicament. Parmi les effets secondaires possibles figurent des nausées, des vomissements, des diarrhées, des convulsions, des épisodes délirants, voire la mort.

Malgré ces mises en garde, un mouvement de désinformation porté par les réseaux sociaux a continué de présenter l'ivermectine comme un traitement miracle contre le Covid-19. Des théories auxquelles Robert Karas aurait adhéré, administrant l'antiparasitaire à ses détenus dès novembre 2020.

L'Union américaine des libertés civiles (Aclu) a décidé de porter cette affaire devant la justice, aux noms de ces quatre détenus. La plainte vise la prison, le Dr. Robert Karas, mais aussi le shérif du comté de Washington, Tim Helder.

Des doses «incroyablement élevées»

C'est par l'intermédiaire de ce dernier que les plaignants ont compris que de l'ivermectine leur aurait été administrée. Il aurait en effet détaillé le traitement donné aux malades du Covid-19 lors d'une réunion officielle du comté.

Selon le New York Times, des formulaires demandant le consentement rétroactif des prisonniers pour être traités à l'ivermectine ont été distribués à partir du moment où l'Aclu a demandé des comptes à l'établissement pénitentiaire.

«Si les plaignants avaient été informés que les médicaments qui leur avaient été administrés comprenaient l'ivermectine et tenus au courant de sa nature et de ses effets secondaires potentiels, ils auraient refusé de les prendre», assure Gary Sullivan, directeur juridique de l'Aclu Arkansas.

Sans compter que, d'après le dépôt de plainte, ces détenus auraient «ingéré des doses incroyablement élevées» d'antiparasitaire. Ils disent avoir souffert de multiples effets secondaires, notamment des troubles de la vision, des diarrhées, des selles sanglantes et des crampes d'estomac. Autant de maux qui ont donné lieu à des examens médicaux réglés à leurs frais.

Les premiers éléments de l'enquête laissent penser que ces quatre hommes ne sont pas des cas isolés : dans une lettre envoyée à son avocat en septembre dernier, Robert Karas fait état de 254 prisonniers traités avec de l'ivermectine. La commission médicale de l'Etat s'est saisie du dossier, ses membres doivent se réunir en février.

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