Mali : la junte militaire demande à l'ambassadeur de France de quitter le pays

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Les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé d'expulser l'ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade de la brouille entre Bamako et Paris, a annoncé ce lundi 31 janvier la télévision d'Etat.

«Le gouvernement de la République du Mali informe l'opinion nationale et internationale que ce jour (...) l'ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale  qu'il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l'invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», a annoncé un communiqué lu par la télévision d'Etat.

Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations «hostiles» de responsables français à leur encontre.

Une multiplication des «provocations» 

La ministre française des Armées Florence Parly a déclaré le 25 janvier que la junte multipliait «les provocations». Son collègue français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié la junte d'«illégitime» et ses décisions d'«irresponsables», après que les autorités maliennes ont poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.

L'expulsion de Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, «fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités francaises à l'égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées», dit le communiqué lu à la télévision malienne, canal de communication privilégié des autorités.

La France et l'Europe s'inquiètent 

La France et ses alliés européens s'alarment aussi de l'appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin, accusé d'exactions en Centrafrique et engagé sur d'autres théâtres.

Des accusations démenties par la junte. Cette dernière, qui entend se maintenir plusieurs années à la direction du Mali, s'est braquée face aux pressions en invoquant la souveraineté nationale. Les officiels maliens s'en sont eux-mêmes durement pris à la France, ainsi qu'à la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali.

Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement dit de transition, s'était livré mercredi à une charge virulente contre Florence Parly et la France, accusée de chercher à diviser les Maliens, «d'instrumentaliser» les organisations sous-régionales et de conserver ses «réflexes coloniaux». Il avait donné pour «conseil» à Florence Parly de se taire.

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