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Guerre en Ukraine : pourquoi certains Ukrainiens appellent à prononcer «Kyiv», plutôt que «Kiev» ?

Reconnue depuis 1995, l'orthographe Kyiv est celle officiellement usitée en Ukraine. Reconnue depuis 1995, l'orthographe «Kyiv» est celle officiellement usitée en Ukraine.[© GENYA SAVILOV / AFP]

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Ukrainiens appellent à prononcer le nom de leur capitale «Kyiv», plutôt que «Kiev», arguant que cette dernière orthographe est celle utilisée par les Russes. Si les deux graphies sont correctes, c'est plutôt au niveau de la prononciation que le bas blesse.

«Par pitié, ne dites pas KieF, c'est le nom russe de la ville, ça nous écorche le cœur et les oreilles d'entendre ça», s'est ainsi indignée @Rororama sur Twitter, expliquant que ce n'était pas l'orthographe qui posait problème mais bien la prononciation. «En réalité, le vrai nom de la ville c'est Kyiv (prononcez Kiïv)» rappelle-t-elle, avant d'ajouter : «je veux bien à la limite accepter KieV».

Une prononciation «pas idéale» pour autant selon elle, puisque «c'est un mélange bizarre entre le nom russe et ukrainien». Dans tous les cas, cette internaute appelle donc les Français à ne plus prononcer KieF, véritable «insulte» pour les Ukrainiens «en ce moment». Et de conclure : «les anglo-saxons ont adoptés Kyiv depuis longtemps, il est temps de s'y mettre aussi !».

Et c'est justement en rappelant que la chaîne de radio et de télévision britannique BBC avait déjà fait le choix de prononcer Kyiv que le journal français Libération a à son tour fait part de sa décision de changer l'orthographe de Kiev par Kyiv dans sa version print et sur son site. «Pour les villes, la question est encore plus profonde car la querelle de dénomination n’est pas qu’un choix sémantique ou une francisation, elle est aussi, le plus souvent, un choix politique», explique Michel Becquembois.

Celui qui est l'un des rédacteurs en chef adjoint de Libération rappelle d'ailleurs que cette différence d'orthographe ne date pas d'hier et émane de fait d'une posture politique, puisqu'en 2018 déjà, «le gouvernement ukrainien avait lancé une campagne, avec le hashtag #KyivNoKiev», appelant la communauté internationale à se ranger derrière leur orthographe et donc derrière leur prononciation, «en vigueur depuis 1995 dans le pays, et reconnue en 2012 par l’ONU».

Attention néanmoins à ne pas être tout blanc ou tout noir, comme le rappelle la spécialiste des sociétés post-soviétiques et maîtresse de conférences à l'université de Paris-Nanterre Anna Colin Lebedev, «l’Ukraine est un pays authentiquement bilingue». Selon elle, les deux orthographes sont donc bonnes : «Kiev ET Kyiv sont les noms de leur ville pour les Ukrainiens». Elle appelle donc «à ne pas souscrire à la lecture promue par le Kremlin d’une rupture entre russophonie et ukrainophonie».

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