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«Ils m'ont poussée sur le lit, m'ont écrasée avec une mitraillette» : une Ukrainienne raconte son viol par des soldats russes

Epouse d’un militaire ukrainien, Elena (prénom modifié) a été dénoncée par des habitants de sa ville, dans la région de Kherson (sud du pays), aux Russes. Violée pendant des heures par deux soldats, elle a raconté son calvaire à l’AFP.

Son mari au front et leurs quatre enfants envoyés dans le centre du pays pour fuir l’occupation russe, elle était restée sur place dans le but de faire évacuer leurs biens. Alors qu’elle se trouvait dans une épicerie un après-midi, autour de 15 h, des Russes sont entrés et ont discuté avec des clients. Un des habitants l’a alors désignée.

«"C’est une "banderovka" (nom donné aux nostalgiques de Stepan Bandera, dirigeant ukrainien ultranationaliste ayant collaboré avec l’Allemagne nazie)"». «"C'est à cause de gens comme elle que cette guerre a éclaté"», aurait-il dit, selon elle, aux soldats. «"C'est la femme d'un militaire"».

Comprenant le danger, Elena est alors retournée chez elle. «J'ai à peine eu le temps de rentrer que les deux soldats russes sont entrés par la porte derrière moi. Je n'ai pas eu le temps de prendre mon téléphone pour appeler à l'aide, ni de faire quoi que ce soit», a-t-elle décrit à nos confrères.

«Je me dégoûte. Je n'ai plus envie de vivre»

«Sans un mot, ils m'ont poussée sur le lit, m'ont écrasée avec une mitraillette et déshabillée. Ils ne parlaient presque pas, à part quelquefois pour me traiter de ‘banderovka’ ou se dire entre eux ‘à ton tour’. Et puis, vers 4 h, ils sont partis parce que c'était le moment d'aller prendre leur tour de garde» dans leur camp.

Elena affirme n'en avoir encore parlé à personne. «Je suis sage-femme, je me suis administrée les premiers soins moi-même», a-t-elle indiqué. «Je trouverai tout ce dont j'ai besoin une fois arrivée à destination, je veux juste retrouver mes enfants».

«Je me dégoûte. Je n'ai plus envie de vivre», a-t-elle lâché.

«Il peut y avoir des centaines, voire des milliers, de femmes et de jeunes filles violées»

Un témoignage comme celui d’Elena avive les craintes d'utilisation du viol comme «arme de guerre» en Ukraine. La section ukrainienne de l'ONG La Strada, qui défend les droits des femmes, a reçu à ce jour sur son numéro vert «des appels concernant sept cas de viol de femmes et d'enfants ukrainiennes par des occupants russes».

Elle s'attend à des chiffres bien plus importants quand le choc et l'effet de sidération des victimes commenceront à se dissiper. «Il peut y avoir des centaines, voire des milliers, de femmes et de jeunes filles violées», estime la responsable associative Aliona Kryvouliak. Un témoignage portait sur «le viol collectif d'une mère et de sa fille de 17 ans par trois hommes».

«Des militaires russes ont commis des violences sexuelles contre des femmes et des hommes ukrainiens, contre des enfants et des personnes âgées», a affirmé dans une déclaration diffusée cette semaine la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.

Si les appels à collecter des preuves, chose très difficile, sont lancés, Elena espère surtout pouvoir faire payer leurs actes à ses bourreaux. «Je suis certaine que l'Ukraine reprendra ces territoires aux soldats russes et que les nôtres se vengeront d'eux. Et je ne pointerai pas du doigt ces habitants qui m'ont désignée du doigt. Je les montrerai du doigt à mon mari», a-t-elle promis.

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