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Iran : posséder un animal de compagnie sera-t-il bientôt interdit par la loi ?

De nombreux Iraniens rejettent l'idée d'avoir à se séparer de leur animal de compagnie. [ATTA KENARE / AFP]

Un projet de loi visant a interdire la possession d'animaux de compagnie fait polémique en Iran. Ils sont considérés comme un symbole d'«occidentalisation».

Qualifiés de «problème social destructeur», les animaux domestiques pourraient bien disparaître d'Iran. Fin 2021, des députés ultraconservateurs iraniens ont déposé une proposition de loi visant à interdire chiens, chat et autres petits compagnons de vie. Depuis, et bien que le texte n'ait pas encore été officiellement adopté, la police a déjà procédé à des arrestations.

Les Iraniens issus des classes moyenne ou supérieure sont pourtant nombreux à posséder des animaux domestiques. Ils s'opposent à l'idée de devoir s'en séparer mais la police a récemment annoncé que le simple fait de promener un chien constituait désormais une menace pour la «sécurité publique».

Fin 2021, 75 députés, soit un quart des parlementaires du pays, ont signé le texte intitulé «Soutien aux droits de la population face aux animaux nuisibles et dangereux». Ils mettent en garde contre un phénomène qui, selon eux, pourrait «changer progressivement le mode de vie iranien et islamique» en «remplaçant des relations humaines et familiales par des relations émotionnelles avec les animaux».

La proposition de loi interdit donc «d'élever, d'acheter ou de vendre, de transporter, de promener à bord d'un véhicule ou à pied et de garder chez soi des animaux sauvages, exotiques, nuisibles et dangereux».

Une description qui, a priori, ne correspond pas vraiment au chat ou au chien, pourtant ils figurent tous deux sur la liste des animaux proscrits, avec les crocodiles, les tortues, les serpents, les lézards, les souris, les lapins et les singes. Ainsi que tous les animaux considérés «impurs» par la religion musulmane, tel que le porc.

Une «prison» pour animaux construite

Le texte prévoit des sanctions pour tout contrevenant, à savoir une amende d'un montant équivalent à 10 à 30 fois «le salaire mensuel minimal ouvrier» (87 euros), ainsi que la «confiscation de l'animal». Interrogé par la BBC, le Dr. Ashkan Shemirani, vétérinaire basé à Téhéran, assure même qu'une «prison» a été construite pour détenir les animaux saisis.

Opposé au projet de loi, le président de l'Association vétérinaire iranienne, le Dr. Payam Mohebi, explique que les débats autour de ce texte remontent en réalité à «plus de dix ans, lorsqu'un groupe de députés iraniens a tenté de promouvoir une loi pour confisquer tous les chiens et les donner aux zoos ou les laisser dans les déserts».

Selon lui, le projet a changé plusieurs fois au fil des ans. Ils «ont même discuté des châtiments corporels pour les propriétaires de chiens. Mais cela n'a abouti à rien.»

Par le passé, l'Iran a pourtant fait figure de précurseur au Moyen-Orient en matière de défense des animaux. Le pays à adopter des lois garantissant leur bien-être en 1948 et financé la première institution dédiée au renforcement de leurs droits. Même la famille royale possédait alors des chiens.

La donne a changé au moment de la révolution islamique de 1979, marquée par le renversement du Shah Mohammad Reza Pahlavi. Reposant sur la tradition islamique, le nouveau régime considère désormais les animaux domestiques comme un symbole d'«occidentalisation» et donc une menace pour la culture iranienne.

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