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Ukraine : pourquoi la Russie utilise-t-elle des drones iraniens pour ses attaques kamikazes ?

La capitale de l'Ukraine, Kiev, a subi des bombardements par des drones iraniens, lundi. [AP / Roman Hrytsyna]

L’armée russe utiliserait des drones iraniens pour sa guerre en Ukraine. Lundi, de nombreuses frappes ont été relevées par Kiev. Les Etats-Unis reprochent à l'Iran la livraison de ces armes mais Téhéran nie toute implication.

L'utilisation par les Russes de drones iraniens en Ukraine, comme ceux qui ont frappé Kiev lundi matin, démontre deux choses : la place croissante de Téhéran dans cette activité et certaines défaillances de la filière des drones russes.

Selon la Maison Blanche, l’Iran a livré des centaines de drones à la Russie l’été dernier. Ils seraient régulièrement utilisés par les forces russes.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la défense ukrainienne a affirmé avoir abattu 26 drones iraniens. Les appareils ont fait au moins 8 morts, dont quatre à Kiev. Des installations énergétiques étaient visées à travers tout le territoire ukrainien.

«un signe de désespoir»

Pour les Etats-Unis, l’utilisation de de drones iraniens par la Russie est «un signe de désespoir», a déclaré Antony Blinken, secrétaire d’Etat américain.

D’après Vedant Patel, porte-parole du département d'Etat, Moscou subit une «énorme pression» due à ses pertes en Ukraine et doit «recourir à des pays peu fiables comme l'Iran pour se fournir en matériel et équipements».

L’utilisation de drones iraniens a aussi des avantages financiers pour la Russie. L’emploi de ces drones suicides «épargne de précieux missiles de croisière, qui coûtent de 1,5 à 2 millions» de dollars (1.5 à 2 millions d’euros)», a précisé à l’AFP Pierre Grasser, chercheur français associé au centre Sirice à Paris.

Sur le plan tactique, ces drones sont plus proches des «exigences tactiques et techniques» de l’armée russe, a confié à l’agence TASS le colonel russe Igor Ichtchouk. De plus, la Russie n'avait pas prévu dans son arsenal de drones suicides longue portée comme le Shahed 136 -un des deux types de drones iraniens avec le Mohajer-6-, mais avait «des modèles à autonomie réduite (40 km maximum)», a expliqué Pierre Grasser.

Moscou peine à se ravitailler

Quant aux drones armés MALE, «le fait de recevoir des Mohajer-6 iraniens est aussi un aveu d'échec industriel», a précisé le chercheur. «Ils sont supposés avoir des matériels dans cette gamme. Cela signifie que (l'industrie russe) ne peut pas tenir le rythme».

La Russie a également des problèmes de ravitaillement. Notamment avec les sanctions, Moscou ne peut pas se procurer les composantes technologiques occidentales nécessaires à la construction en série de ses appareils.

Les moyens pour contourner les sanctions sont mis à mal. L’Iran s’expose en effet à une riposte américaine.

Lundi, après les récentes frappes en Ukraine réalisées à l'aide de drones iraniens, Washington a menacé les entreprises ou les Etats collaborant au programme de drones de Téhéran.

Le porte-parole du département d'Etat a estimé que les livraisons de drones à Moscou violaient la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU qui validait le JCPOA, l'accord conclu entre les grandes puissances et Téhéran pour brider le programme nucléaire iranien, en échange d'une levée des sanctions internationales.

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