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COP27 en Egypte : qui est Alaa Abdel Fattah, le prisonnier politique en grève de la faim ?

Portrait d'Alaa Abdel Fattah Alaa Abdel Fattah a cessé de boire de l'eau depuis le 6 novembre. [Khaled DESOUKI / AFP]

Ce dimanche 6 novembre, date du début de la COP27 en Egypte, le militant britanno-égyptien Alaa Abdel Fattah a décidé de cesser de boire et de s'alimenter pour contester ses conditions de détention. Qui est ce prisonnier politique au coeur des discussions.

Le nom du militant britanno-égyptien Alaa Abdel Fattah revient de plus en plus dans les bouches des acteurs de la COP27 qui se déroule jusqu'au 18 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte. Ce mardi 8 novembre, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, a réclamé la libération du détenu politique le plus célèbre du pays.

Informaticien de formation, Alaa Abdel Fattah a tenu un blog pro-démocratie dans les années 2000 avec sa compagne. En 2005, ce blog, qui était devenu une source essentielle de renseignements pour le mouvement de défense des droits de l’Homme en Egypte, a été récompensé par un prix de Reporters sans frontières.

De nombreux séjours derrière les barreaux depuis 2006

Figure de proue du mouvement syndical Kefaya dans les années 2000, Alaa Abdel Fattah est ensuite devenu une véritable icône de la révolution égyptienne en 2011 qui amènera à la démission du président en place, Hosni Moubarak. Il a ensuite participé aux défilés monstres contre l'islamiste Mohamed Morsi deux ans plus tard et enfin aux manifestations contre son tombeur, Abdel Fattah al-Sissi. Avec l'arrivée au pouvoir de ce dernier en 2013, «le pouvoir militaire s'est emparé de l'Egypte et Alaa Abdel Fattah, connu depuis 2011 pour son engagement contre les procès militaires de civils, a incarné une opposition intolérable pour le régime», a expliqué à l'AFP le militant égypto-palestinien Ramy Shaath, lui-même ancien détenu politique.

Son premier séjour derrière les barreaux remonte à 2006 sous Moubarak. Il y est retourné sous le maréchal Mohammed Tantaoui, dirigeant de facto du pays entre 2011 et 2012, sous Morsi. En 2013, il a été arrêté après une manifestation non autorisée. Il a été accusé d’avoir «provoqué une émeute» et «frappé un officier de police et volé son émetteur radio».

Libéré sous contrôle judiciaire en mars 2019, il avait été arrêté en septembre de la même année, après avoir tenu des propos hostiles à la dictature militaire sur les réseaux sociaux. Selon Amnesty International, Alaa Abdel Fattah aurait été torturé lors de sa détention. En 2021, il a été officiellement condamné à cinq ans de prison pour «fausses informations», sans aucune possibilité de faire appel de cette condamnation.

Une famille militante 

Le père d'Alaa Abdel Fattah était, lui aussi, une personne importante dans la lutte pour le respect des droits de l’Homme dans les années 1980. Ce dernier aurait été arrêté en 1983 après s’être opposé vigoureusement au régime d’Hosni Moubarak. Torturé, il avait été emprisonné durant cinq années. Avocat de profession, il a longtemps défendu les plus grands militants des droits humains du pays, jusqu'à son fils, les dernières années de sa vie.

Sa sœur benjamine, la réalisatrice Sanaa Seif, accusée, elle aussi, d'avoir incité à des manifestations et diffusé de «fausses informations», est sortie en décembre 2021 de 18 mois de détention, tandis que sa cadette Mona Seif alerte chaque jour en ligne sur le sort de son frère et des autres détenus d'opinion d'Egypte.

 Avec l’ouverture de la COP27, le militant britanno-égyptien a décidé de durcir la grève de la faim qu’il a commencée il y a 220 jours pour dénoncer les conditions de sa détention. Une semaine après avoir arrêté de manger, il a décidé, ce dimanche 6 novembre, d’arrêter de s’alimenter. Ce lundi 7 novembre, le président français, Emmanuel Macron, a demandé au président égyptien la libération d'Alaa Abdel Fattah. Al-Sissi se serait engagé à ce que la santé du détenu soit préservée.

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