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Guerre en Ukraine : pourquoi la Suisse préfère détruire des batteries antiaériennes que les livrer à Kiev

La Suisse avait acheté 60 systèmes de défense sol-air «Rapier» britanniques dans les années 1980. [CARL COURT / AFP]

La Suisse va se débarrasser de batteries aériennes encore en état de marche, au moment où Kiev réclame toujours plus d'armes pour se défendre face à la Russie.

La Suisse fidèle à sa tradition de neutralité ? Selon le journal germanophone Neue Zürcher Zeitung (NZZ) am Sontag, la Confédération helvétique a mis au rebut un ensemble de batteries antiaériennes qui aurait pu servir à l'armée ukrainienne.

Considéré comme trop ancien, l'arsenal était toutefois en état de marche. Il s'agit de 60 systèmes de défense sol-air «Rapier», fabriqués par le Royaume-Uni dans les années 1960 et achetés par la Suisse dans les années 1980. Selon Le Monde, la loi suisse oblige que les armes étrangères mises hors service soient revendues en priorité au pays de fabrication «sans condition». En théorie, la Suisse ne pourrait donc pas s'opposer à une demande britannique du retour de ces armes.

Alors que la Suisse est pointée du doigt pour son manque de soutien à Kiev, l'Office fédéral de l'armement (Armasuisse) s'est défendu auprès de la RTS. Selon lui, les systèmes Rapier «ne sont plus en mesure de contrer efficacement les menaces aériennes d'aujourd'hui» et «aucune demande officielle de la Grande-Bretagne (pour racheter les armes, ndlr) n'est parvenue à la Suisse».

la neutralité à l'épreuve de la guerre

Depuis le début du conflit, la Suisse s'accroche à son statut d'Etat neutre et se refuse à livrer tout armement à l'Ukraine, quitte à crisper ses partenaires occidentaux.

Le président de la Confédération, Alain Berset, a dénoncé dimanche une «frénésie guerrière» dans une interview à NZZ, rappelant que «les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres». Bien que pressé par Kiev et ses alliés d'autoriser la réexportation d'armes et de munitions suisses vers l'Ukraine, Berne a jusqu'à présent balayé les demandes de l'Allemagne, de l'Espagne et du Danemark.

Diverses initiatives sont en cours au Parlement suisse en vue d'assouplir ces règles, mais aucune décision n'est attendue avant plusieurs mois.

une neutralité historique

Reconnue par les Etats européens lors du traité de Paris de 1815, suite à la défaite de Napoléon à Waterloo, la neutralité suisse est inscrite dans la constitution. Le pays est également signataire de la Conférence de La Haye de 1907 concernant les droits et les devoirs des Puissances et des personnes neutres en cas de guerre sur terre.

Sur son site, le département fédéral des affaires étrangères liste les obligations liées à la neutralité : «s’abstenir de participer à la guerre, assurer sa propre défense, garantir l’égalité de traitement des belligérants pour l’exportation de matériel de guerre, s’abstenir de fournir des mercenaires aux belligérants, s’abstenir de mettre son territoire à disposition des belligérants».

Si elle ne soutient pas l'armée ukrainienne, la Suisse s'était jointe en mars 2022 aux sanctions européennes contre la Russie décidées après l'invasion.

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