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Afghanistan : les forces britanniques accusées de l’exécution de 80 civils afghans entre 2010 et 2013

L'enquête publique a permis d'identifier un soldat britannique ayant «personnellement tué» 35 Afghans au cours d'une seule période de service de six mois. [Alastair Grant/POOL/AFP]

Une enquête publique ouverte en décembre dernier par le gouvernement britannique, sous la pression des multiples rapports d'affaires civiles, a mis en lumière l’implication potentielle des forces britanniques dans l’exécution de plus de 80 civils afghans entre 2010 et 2013.

L’armée britannique accusée d’exactions en Afghanistan. D’après une enquête publique lancée en décembre 2022, trois unités du Special Air Service (SAS) auraient exécuté plus de 80 civils afghans lors de l’intervention militaire britannique menée dans le pays jusqu’en 2014.

Se basant sur de précédentes divulgations judiciaires du ministère de la Défense, le cabinet d’avocats Leigh Day a affirmé qu’«au moins 30 incidents suspects ont entraîné la mort de plus de 80 personnes» entre 2010 et 2013, selon The Guardian

Ces révélations interviennent après un regain de pression exercé sur le gouvernement britannique par les familles endeuillées via une série de rapports d'enquête et d'affaires civiles attestant de dizaines de crimes. En décembre dernier, les ministres britanniques ont annoncé la création d'une enquête statutaire, dirigée par le juge de la cour d'appel Lord Justice Haddon-Cave, pour faire la lumière sur cette affaire.

25 morts suspectes entre juin 2011 et mai 2013

Entre juin 2011 et mai 2013, 25 morts suspectes ont été enregistrées par les avocats. Ces derniers ont aussi évoqué un raid des SAS qui «a entraîné la mort de 4-5 Afghans» pour une seule grenade retrouvée sur les lieux du massacre. Les événements de cette opération ont été si violents selon eux que deux enfants afghans «ont dû être évacués d'urgence pour recevoir un traitement médical».

Les militaires britanniques ont multiplié les missions de nuit dans les complexes familiaux afghans à la quête de combattants talibans entre 2010 et 2014. De nombreux Afghans ont perdu la vie à cette période sous prétexte d’avoir fabriqué des armes. Néanmoins, l’enquête menée depuis fin 2022 a dénombré cinq incidents où le nombre de personnes tuées par balle a dépassé le nombre d'armes trouvées. Cette dernière a également identifié un soldat britannique ayant «personnellement tué» 35 Afghans au cours d'une seule période de service de six mois. 

D’après les avocats des familles meurtries, le gouvernement anglais a mis en place à cette période une politique visant à éliminer «tous les hommes en âge de se battre quelle que soit la menace qu’ils représentent». Ils ont également assuré que leurs allégations «révèlent des preuves crédibles d'un modèle généralisé et systématique d'exécutions extrajudiciaires illégales», selon le journal anglais.

Les forces spéciales britanniques accusées de dissimulation

L’autre volet qui a été mis en avant par les avocats des familles victimes est la «dissimulation de grande envergure, à plusieurs niveaux et pendant des années» d’informations organisée par le commandement britannique. 

Certains officiers supérieurs du SAS ont averti leur commandement de comportements déviants de certains soldats, comme «un mépris désinvolte pour la vie», via des courriels. L’enquête a permis de conclure qu’un examen interne a été réalisé en 2011 mais il n’a pas enrayé la spirale des meurtres sur les civils.

Autre point troublant : la police militaire a ordonné aux responsables des forces spéciales britanniques de ne pas effacer les données contenues dans leur serveur. Malgré cela, le personnel du quartier général des forces spéciales a «effacé définitivement une quantité inconnue de données» juste avant le début de l’enquête interne.

Enfin, le ministère anglais de la défense a demandé au juge Haddon-Cave de garder le secret autour de grandes parties de l'affaire afin d’éviter les fuites auprès de la presse et du grand public. Le juge doit donner sa décision ce jeudi, avant que les audiences complètes ne démarrent à l’automne.

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