En direct
A suivre

«Inversion de l’avortement» aux Etats-Unis : un juge bloque une loi visant à interdire ce traitement controversé

Des militants anti-IVG prétendent que l'administration de progestérone à haute dose stoppe l'effet de la pilule abortive Des militants anti-IVG prétendent que l'administration de progestérone à haute dose stoppe l'effet de la pilule abortive [ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP ]

Un juge fédéral de l’Etat du Colorado, aux Etats-Unis, a bloqué une loi visant à interdire les traitements «d’inversion de l'avortement», très controversés dans la communauté scientifique, se rangeant donc du côté des militants anti-IVG.

Une nouvelle victoire pour les opposants à l'avortement. Un juge fédéral du Colorado, au centre des Etats-Unis, a bloqué ce samedi une loi qui aurait permis d’interdire les traitements «d’inversion de la pilule abortive», très controversés mais soutenus par les militants contre l’IVG. 

Le juge Daniel Domenico, nommé par Donald Trump, a accordé une injonction préliminaire dans ce dossier, se rangeant du côté d’une clinique catholique, Bella Health and Wellness, qui avait fait valoir devant la justice que cette loi contrevenait au premier amendement de la Constitution américaine, selon lequel le Congrès ne peut adopter de loi qui limite la liberté religieuse. 

«La question de savoir si (la loi) entrave le libre exercice de la religion de Bella Health ne se pose pas», a indiqué Daniel Domenico dans sa décision. «C'est le cas. Bella Health considère qu'il s'agit d'une obligation religieuse de fournir un traitement aux mères enceintes et de protéger la vie à naître si la mère cherche à arrêter ou à inverser un avortement», a-t-il précisé, selon le Colorado Sun

Cette clinique anti-avortement avait intenté une action en justice contre cette loi au mois d’avril. Avec l’injonction promulguée par Daniel Domenico ce samedi, l’Etat ne peut plus appliquer la loi pendant toute la durée du procès, qui pourrait prendre des mois, voire des années. «L'Etat doit présenter un intérêt impérieux du plus haut niveau pour maintenir la loi», a affirmé le juge fédéral. 

Dans un communiqué transmis à la presse par leurs avocats, la clinique Bella Health a affirmé être «soulagée» de la décision de justice, qui «garantit que les femmes enceintes dans tout l’Etat recevront les soins qu’elles méritent et ne seront pas forcées d’avorter contre leur gré». 

Pas de preuve scientifique d'efficacité

Les traitements «d’inversion de l'avortement» sont cependant controversés. Ils ont pour objectif d’inverser l’effet de la pilule abortive sur l’organisme. L'avortement médicamenteux, le plus courant aux Etats-Unis, s’effectue avec la prise de deux molécules, la mifépristone et le misoprostol à plusieurs heures d’intervalle. La première bloque la production de progestérone, hormone indispensable à la poursuite de la grossesse, et la deuxième entraîne des contractions de l’utérus pour expulser l’embryon. 

Ces deux molécules ont été largement étudiées, et sont considérées comme sans risque par la Food and Drug Administration, l’agence américaine de sécurité du médicament. 

Les traitements «d’inversion», prônés par les militants anti-IVG, consistent à administrer de la progestérone par voie orale ou par injection, après la prise de la pilule abortive, pour stopper son action. Une méthode considérée comme dangereuse, car n’a que très peu de preuves scientifiques de son efficacité. 

Dans une note, le Collège américain des obstétriciens et gynécologues (AGOC) indique que «les allégations concernant le traitement d'"inversion" de l'avortement ne sont pas fondées sur la science et ne répondent pas aux normes cliniques.» L’AGOC a par ailleurs indiqué qu’une pseudo-étude de 2012 sur laquelle s’appuient les militants anti-IVG, qui évoque six cas de femmes qui ont pu mener leur grossesse à terme après avoir entamé un avortement médicamenteux, grâce à l’administration de progestérone à haute dose, «n’a pas été supervisée par un comité d’éthique» et ne constitue en aucun cas une preuve scientifique de l’efficacité du traitement. 

Une autre étude avait par ailleurs été lancée en 2019, selon ABC News, mais a été interrompue en raison de problèmes de sécurité. Certaines femmes candidates à cette étude avaient été victimes d’hémorragies importantes et avaient dû être hospitalisées en urgence. 

La décision du juge Daniel Domenico s’inscrit dans un contexte de restrictions du droit à l’avortement aux Etats-Unis, depuis la révocation du droit fédéral à l’IVG par la Cour suprême en juin 2022. De nombreux Etats ont depuis fortement restreints, voire complètement interdit le recours à l’avortement. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités