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Le halal, un principe religieux mais un label nébuleux

L'alimentation halal -conforme à la religion musulmane- en l'absence d'une norme unique en France, est l'objet de multiples interprétations, y compris politiciennes.[AFP/Archives]

L'alimentation halal -conforme à la religion musulmane- en l'absence d'une norme unique en France, est l'objet de multiples interprétations, y compris politiciennes.

"Halal" signifie "licite" au regard de l'islam. En revanche sont "harâm", ou "interdits", la viande de porc, y compris la gélatine qui sert par exemple à fabriquer des bonbons, et la viande provenant d'un animal qui n'est pas égorgé vivant.

Ainsi, pour que la viande soit halal, l'animal ne doit pas être étourdi, comme cela se pratique dans les pays non-musulmans, mais égorgé vivant, la tête tournée vers la Mecque, pour qu'il se vide de son sang.

La prescription halal, selon laquelle la bête doit être égorgée consciente, suscite une polémique en Europe, notamment auprès des associations de défense des animaux, exactement au même titre que l'abattage "casher" chez les Juifs.

Mais, contrairement aux produits casher, garantis par le Consistoire central des juifs de France, il n'existe pas dans l'Hexagone de label halal, reconnu par l'ensemble de la communauté musulmane, estimée à environ 5 millions de personnes, soit la plus importante d'Europe.

C'était pourtant une des missions confiées au Conseil français du culte musulman lors de sa création en 2003. En vain.

Dans les faits, trois mosquées --Paris, Lyon, Evry-- sont habilitées à délivrer des cartes de sacrificateurs, mais ce sont ensuite une multitude d'organismes, qui effectuent des contrôles, notamment dans les abattoirs, avec des méthodes et des définitions du halal différentes.

Ainsi le foie gras certifié halal par certaines structures est refusé par d'autres qui combattent le gavage comme une forme de maltraitance animale. Certaines entreprises sont quant à elles "autocertifiées", ou emploient elles-mêmes les contrôleurs, dénoncent plusieurs associations.

En août 2011, huit élus locaux d'origine musulmane avaient demandé "la création d'une commission d'enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur le marché du halal dont certaines pratiques commerciales peuvent s'apparenter à de l'escroquerie publique, faute d'une législation claire et précise".

Cette exigence faisait suite à l'indignation suscitée par un reportage de Canal+, révélant "plusieurs dysfonctionnements graves, inquiétants et illicites", "des millions de Français musulmans se faisant escroquer en toute impunité".

"De très nombreux musulmans ont dans leur frigo, bien rempli pour ramadan, des produits harâm, abusivement estampillés halal", estimait le site Al Kanz.

Samedi, Marine Le Pen a ciblé les musulmans en utilisant la question de la viande halal, un an exactement après qu'elle avait dénoncé les "prières de rue" en France et "l'occupation de pans entiers de territoire".

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