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Le cas Lara Fabian: quand la musique menace l'audition

La chanteuse Lara Fabian, à Las Vegas le 15 octobre 2010 [Ethan Miller / Getty/AFP/Archives] La chanteuse Lara Fabian, à Las Vegas le 15 octobre 2010 [Ethan Miller / Getty/AFP/Archives]

Le cas de la chanteuse Lara Fabian, contrainte de mettre fin à une tournée pour soigner un problème de surdité, est emblématique des menaces que la musique fait peser sur l'audition.

L'artiste belge a été soumise à un son trop violent en studio, un cas qui pourrait s'apparenter à un TSA, ou Traumatisme sonore aigu (TSA).

Un sifflement aigu de type Larsen, une explosion, un coup de feu peuvent engendrer des dommages graves au niveau des cellules ciliées et des lésions permanentes.

"Le cas des pétards du 14 juillet est bien connu", explique Sylvain Néron, ORL et conseiller de l'association Agi-Son, à l'origine de plusieurs campagnes de prévention.

"Les accidents auditifs en studio sont relativement rares", remarque-t-il. Toutefois, lors d'une exposition particulièrement forte, le traumatisme peut être suivi de perte auditive totale. "Le TSA est une urgence médicale, car si la lésion n'est pas traitée immédiatement, elle peut s'aggraver et conduire à la surdité", explique-t-il.

Le traumatisme peut détruire directement une partie des 3.500 cellules ciliées de l'oreille interne, qui ne se renouvellent pas. Si on n'agit pas immédiatement, les cellules lésées peuvent devenir toxiques pour leurs voisines et accroître le traumatisme. On traite donc avec des corticoïdes (anti-inflammatoires), souligne l'ORL.

L'acouphène peut engendrer une vraie souffrance

La chanteuse a expliqué être soignée en Belgique avec des perfusions, "certains produits assez sévères, assez lourds".

En dehors du traumatisme aigu, heureusement rare, les atteintes à l'audition sont surtout occasionnées par une exposition trop longue et/ou un son trop élevé, notamment dans les discothèques. Depuis 1998, le son est limité à 105 décibels (en moyenne sur 15 minutes) dans les salles de spectacles. Une réglementation qui ne règle pas tout: selon le CIDB (Centre d'information et de documentation sur le bruit), "notre oreille commence à souffrir sans que nous le sachions à partir d'une exposition à 85 décibels pendant 8 heures."

Nombreux sont les musiciens, techniciens du son, mais aussi spectateurs de concerts qui témoignent de leur souffrance après une soirée trop bruyante, sur le forum de l'association France Acouphènes. "J'ai attrapé mon premier acouphène à l'oreille gauche à 17 ans à cause d'une soirée passée près d'une baffle", écrit un témoin.

L'acouphène peut générer une véritable souffrance, et même contraindre un musicien à arrêter la musique, notamment les batteurs, les plus exposés avec un son compris entre 103 et 105 décibels.

Il est recommandé de s'éloigner de la source sonore, de faire des pauses et de mettre des bouchons. "Les musiciens peuvent porter des bouchons de bonne qualité qui filtrent toutes les fréquences sans distorsion, ce qui abaisse le son de 10 à 15 décibels", assure le docteur Néron.

En discothèque, l'utilisation d’infra basses, qui émettent des sons très graves en vue de créer des pulsations, très recherchées en musique techno, peut faire des ravages.

Au quotidien, l'utilisation à haute dose des baladeurs et autres MP3 fragilise également l'oreille des jeunes. La musique compressée "écrase" le relief du son, conduisant l'utilisateur de MP3 à augmenter le volume pour retrouver ce relief. L'écoute dans les transports, où le niveau sonore est déjà élevé, pousse aussi à monter le son, et ceci sur de longues durées: l'homme moderne passe plusieurs heures par semaine dans les transports!

"Les sociétés modernes sont exposées à des niveaux sonores très importants, constate le Dr Néron: de la perceuse du voisin au concert en passant par le marteau piqueur, "l'oreille souffre".

Faut-il réglementer davantage ? Contrairement à France Acouphènes, l'association Agi-Son, qui défend aussi le spectacle vivant, n'est pas favorable à davantage de réglementation et mise sur la prévention. "On est là aussi pour défendre les esthétiques à fort volume sonore", explique sa porte-parole, Klara Jacquand, citant des instruments à fort volume, comme la batterie ou ... la cornemuse.

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