Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière, tient aujourd'hui l'un de ses ultimes de campagne au Zénith de Paris en compagnie d'Arlette Laguiller. Elle répond aux questions de DirectMatin.fr.
Philippe Poutou a dit que son modèle était la Commune de Paris. Quel est le votre ?
Nous sommes des communistes révolutionnaires, alors au-delà de la Commune de Paris, il y a la Révolution russe de 1917. Dans les premières années, elle a permis de reconstruire de A à Z une économie sortie exsangue de la Première guerre mondiale. Cela s’est fait à la force du poignet, sur de nouvelles bases : avec des conseils ouvriers, les soviets et sans un patronat qui impose tout.
C’est une expérience dont on a beaucoup de leçons à tirer. Même si elle a échoué et a débouché sur le stalinisme que nous avons toujours combattu, ce n’est pas une raison pour tirer un trait sur cette perspective.
Quelles mesures symbolisent votre programme ?
C’est l’interdiction des licenciements et le contrôle par les travailleurs des grands groupes, à commencer par les banques. Il faut exproprier leurs actionnaires et les remplacer par des comités qui seront l’émanation des travailleurs et des usagers. La priorité ne sera plus la spéculation qui fait partir en fumée des milliards et des milliards. Ce sera l’octroi de prêts pour les travailleurs afin qu’ils achètent une maison ou une voiture, et aux petits commerçants qui ont besoin de trésorerie.
Jean-Luc Mélenchon promet le Smic à 1 700 euros brut en début de mandat. Et vous ?
Dans notre programme nous disons effectivement qu’il faut un Smic à 1700 euros net en début de mandat, que les salaires doivent être augmentés et indexés sur les prix. Mais la différence avec lui, c’est que nous pensons qu’il faudra arracher tout ça par un rapport de force. Car une fois élu, n’importe quel gouvernement sera sous l’influence des grands capitalistes qui ont toujours de bonnes raisons de capter les richesses.
Etes-vous contre la richesse ? Pensez-vous comme Jean-Luc Mélenchon qu’on ne doit pas gagner plus de 30 000 euros par moi ?
Franchement, ce n’est pas de savoir que son PDG ne touchera plus 40 000 mais 30 000 euros par mois qui met du beurre dans les épinards. Les travailleurs doivent imposer leurs conditions pour vivre dignement. Si c’est le cas, la part que les capitalistes empocheront sera moins grande.
Commençons par augmenter les salaires, donner un emploi à chacun, après ils se serviront dans ce qui reste. Et tant pis s’il ne reste pas beaucoup.
L’élection présidentielle peut-elle permettre d’imposer ces idées ?
On ne se défendra pas par le bulletin de vote car aucun gouvernement ne protègera les travailleurs. Ils vont devoir se défendre par eux-mêmes. Mais cette élection doit servir à exprimer notre colère, à dire que l’on se prépare à la lutte. Nous imposerons nos revendications par le rapport de force avec une mobilisation de grande ampleur, dépassant celle de mai 68 ou de juin 36. Cela passe par la grève, l’occupation d’usine, la manifestation.
Ces moyens sont un avertissement pour obliger le patronat à faire ce qu’il n’a pas envie : prendre sur ses profits pour assurer des conditions de vie dignes aux travailleurs.
Pour faire entendre cette voix anticapitaliste, n’aurait-il pas été préférable de s’allier avec le Front de Gauche ?
Je ne suis pas sur le même terrain que Jean-Luc Mélenchon. Il est prêt à être la cinquième roue du carrosse dans un gouvernement socialiste comme les communistes l’ont été avec Mitterrand.
Nous ne pensons pas que cela permettre de protéger les travailleurs. Et nous pensons que les travailleurs ont encore en mémoire ces gouvernements et leur trahison.
Et avec Philippe Poutou ?
La richesse du mouvement ouvrier, c’est sa diversité. Autant il faut être uni dans les combats, autant politiquement chacun doit faire entendre sa voix. Je ne suis pas pour un parti unique à l’extrême-gauche.