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Ayrault comparé à Edith Cresson

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à Matignon le 30 octobre 2012 [Martin Bureau / AFP] Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à Matignon le 30 octobre 2012 [Martin Bureau / AFP]

Toujours soutenu par François Hollande, Jean-Marc Ayrault reste fragilisé par une série de gaffes et de malentendus, au point de susciter des comparaisons avec la socialiste Edith Cresson, qui avait tenu moins d'un an à Matignon durant le second septennat de François Mitterrand.

Le Premier ministre était revenu ragaillardi du Congrès socialiste ce week-end à Toulouse où il a reçu des ovations des militants et le soutien appuyé de membres du gouvernement, dont le populaire Manuel Valls, qui s'est dit "fier d'être le ministre de Jean-Marc Ayrault".

Mais dès le lendemain, l'ancien maire de Nantes a allumé un nouvel incendie, qu'il s'est ensuite employé à éteindre, en expliquant à des lecteurs du Parisien que le retour à la semaine de 39 heures n'était "pas un sujet tabou".

"Ce n'est pas la manoeuvre la plus habile de la semaine... et on n'est qu'au début de la semaine", soupirait mardi un ministre. Il y a quelques jours, M. Ayrault avait déjà dû battre sa coulpe après avoir annoncé l'annulation par le Conseil constitutionnel de la loi sur le logement social, alors que les Sages n'avaient pas encore statué.

Si la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a reproché mercredi à la presse de "faire beaucoup de mousse avec peu de savon", l'addition commence à être salée pour le Premier ministre, déjà photographié dans un train fantôme à Lille au moment où était démantelée une cellule islamiste présumée. Dans la presse, les comparaisons avec Mme Cresson, son bref passage à Matignon (dix mois et demi) et ses gaffes, commencent à fleurir.

Et ces difficultés risquent de rejaillir sur François Hollande, en baisse comme son Premier ministre dans les sondages. "François Hollande ne peut pas être ravi de ce moment-là, on aurait pu s'en dispenser", confirme un proche du chef de l'Etat.

Sur les 35 heures, M. Ayrault "aurait pu éviter de se précipiter", abonde un autre proche du président qui décrit le chef du gouvernement comme "quelqu'un de consciencieux, un honnête homme qui pour rien au monde ne voudrait mettre en mauvaise posture le chef de l'Etat". "Mais je pense qu'il est fatigué, il doit être très malheureux", ajoute ce proche.

"Prendre de la hauteur"

"Des couacs, il y en a toujours eu! (Alain) Madelin qui part dès août 1995, les débuts de (Jean-Pierre) Raffarin en 2002 ou le style du président Sarkozy en 2007...", rappelle un membre du gouvernement. Mais "en période de crise, les gens sont de plus en plus exigeants, ils n'ont pas envie que les politiques en rajoutent".

M. Ayrault, qui répète qu'il n'est "pas impressionné" par les attaques et veut inscrire dans la durée son action à Matignon, a procédé récemment à des ajustements, notamment dans son cabinet, jugé trop peu politique depuis le départ de son conseiller spécial Olivier Faure, élu député en juin.

Bernard Candiard, ancien conseiller de François Mitterrand et ex-directeur du Crédit municipal de Paris, est ainsi venu renforcer depuis quelques jours l'équipe du Premier ministre pour, explique-t-on à Matignon, "prendre de la hauteur" sur les dossiers.

"Il va aussi y avoir une séquence dans les prochains jours avec le rapport Gallois sur la compétitivité, le rapport Jospin sur la vie politique qui vont permettre de voir les effets de notre politique", veut croire un ministre, pour qui les difficultés de la majorité ne sont pas le seul fait de M. Ayrault.

"La session extraordinaire de juillet à l'Assemblée a été +light+, alors qu'on aurait pu y proposer les emplois d'avenir ou le non-cumul des mandats. Résultat, on a donné l'impression de ne pas être actifs au moment où en plus on était rattrapé par le plan social chez PSA et les chiffres du chômage", explique ce ministre, qui appelle à "remettre du sens dans l'action".

Pour un autre membre du gouvernement, c'est aussi dans le tempo imposé par le quinquennat qu'il faut trouver la cause des maux de M. Ayrault. "Les Français aujourd'hui, si ce n'est pas le président de la République qui le dit, c'est personne qui le dit", relève-t-il.

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