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Yves-Marie Cann : "Les digues sont en train de se fissurer"

François Hollande, dimanche 11 novembre, à l'Elysée.[KENZO TRIBOUILLARD / POOL / AFP]

A deux jours de la conférence de presse de François Hollande, Yves-Marie Cann, directeur d'études à l'institut CSA décrypte la popularité du chef de l'Etat.
 

La cote de confiance de François Hollande est à moins de 40%. A quoi l’attribuez-vous ?

L’un des éléments qui pèse négativement, c’est le contexte économique et social qui est extrêmement mauvais. La forte crispation du corps social sur ces enjeux, se traduit par un mécontentement à l’égard du pouvoir exécutif alors que celui-ci n’en est pas forcément responsable.

De plus, la présidentielle s’est jouée dans un climat de fort clivage gauche-droite qui est encore plus marqué du fait de la compétition interne à l’UMP. Les choses ne se sont pas apaisées à l’issue de la présidentielle comme ce fut le cas en 2007. Les électeurs de droite sont massivement en position de défiance envers l’exécutif. Aujourd’hui, François Hollande n’a aucune réserve de soutien à droite.
 

Et à gauche ?

Pour la première fois, on s’aperçoit que les digues sont en train de se fissurer auprès de son électorat de premier tour. On voit poindre chez une petite fraction, une certaine impatience et peut-être aussi l’amorce de déception. En septembre, 86% de ses électeurs de premier tour lui faisaient confiance. Ils sont aujourd’hui 77%. Cette baisse de neuf points est un vrai signal.
 

Malgré tout, quels sont les points que les Français jugent positifs ?

Indéniablement, il y a une question de style. Le style de Nicolas Sarkozy a été beaucoup critiqué et François Hollande a fait très attention dans ses premiers à incarner une rupture sur ce point. C’est un élément qui reste apprécié par son électorat et qui est porté à son crédit.

L’autre point, c’est la méthode Hollande avec un triptyque qui est mis en œuvre : concertation-décision-projet de loi. Elle suscite des critiques à droite et peut amener de la confusion à gauche mais quand on interroge ses électeurs, c’est une façon de faire qu’ils apprécient. Car pour eux, engager des réformes de fond demande le temps de la réflexion.
 

A la même période il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy connaissait lui aussi une baisse de confiance. Les politiques sont-ils condamnés à subir une telle tendance ?

De façon structurelle, la première rentrée après une élection est toujours un cap difficile pour l’exécutif, quel qu’il soit.

On se focalise beaucoup sur la baisse de François Hollande au cours des trois derniers mois mais elle n’est pas exceptionnelle dans son ampleur, surtout si l’on compare à Nicolas Sarkozy. La seule différence, c’est qu’il était parti de beaucoup plus haut qui fait qu’à la même période son niveau était plus élevé mais il avait perdu finalement autant de points.

Quand on regarde la cote de confiance de Fillon et Ayrault, on voit que François Fillon était lui aussi à des niveaux équivalents à Jean-Marc Ayrault.
 

Une cote aussi basse, est-ce rédhibitoire ?

Il est toujours plus facile de mener des réformes en pouvant se prévaloir du soutien d’une majorité de la population. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. Donc ce qui est important pour le chef de l’Etat c’est de pouvoir se prévaloir du soutien de son socle électoral. Jusqu’à présent, les digues tiennent.

Tout l’enjeu pour François Hollande, surtout si la situation économique et sociale ne s’améliore pas, est de garder la confiance de cette partie de l’opinion.
 

Ce sont eux qui attendent le plus de la conférence de presse ?

Même si l’ensemble des Français sont les destinataires de la conférence de presse, l’un des grands enjeux est de rassurer son électorat de premier tour puis de second tour. Il va pour cela remettre en perspective l’action des six premiers mois et montrer que le couple exécutif est engagé dans un projet. S’il y parvient, cela lui permettra de contenir la baisse qu’on peut observer dans les enquêtes.

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