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Le patron d'ArcelorMittal reçu par François Hollande

A l'intérieur de l'usine ArcelorMittal de Florange, le 20 novembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] A l'intérieur de l'usine ArcelorMittal de Florange, le 20 novembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

L'avenir des hauts-fourneaux de sera discuté mardi après-midi à l'Elysée où le président François Hollande reçoit le patron indien du groupe ArcelorMittal, avec lequel le ministre a entamé un bras de fer en menaçant de tout le site mosellan.

L'hypothèse d'un passage forcé et temporaire dans le du site sidérurgique lorrain n'a pas été commentée publiquement par M. Hollande, mais elle ne cesse de rallier des soutiens politiques, y compris à droite, même si certains regrettent le ton virulent employé par le ministre du Redressement productif.

Mardi, le député UMP Henri Guaino, le président du MoDem, François Bayrou, ou le coprésident du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, ont soutenu l'idée, et quarante députés PS ont signé un appel de soutien à la proposition de Montebourg, estimant notamment que "Mittal ne respecte pas notre pays".

Selon l'entourage du président de la République, Lakshmi Mittal sera reçu "en toute fin d'après-midi", vers 18h00. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés au début de l'affaire, il y a un peu moins de deux mois.

"J'imagine bien que (...) c'est pour essayer de remporter le dernier bras de fer (...) et le convaincre (...) de céder le site", a déclaré sur France Inter Edouard Martin, délégué CFDT du site.

Montage de protraits réalisé le 26 novembre 2012 du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (g) et du patron du groupe ArcelorMittal, Lakshmi Mittal [Thierry Zoccolan / AFP/Archives]
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Montage de protraits réalisé le 26 novembre 2012 du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (g) et du patron du groupe ArcelorMittal, Lakshmi Mittal
 

Pour l'instant, le groupe ne veut pas vendre toute l'installation, comme le souhaite l'Etat. L'industriel veut fermer les hauts-fourneauxet toute la filière "liquide" (production d'acier brut), qui emploie 650 personnes, mais entend conserver "l'aval", c'est à dire la transformation d'acier en produits industriels élaborés.

Or, l'Etat a seulement trouvé des repreneurs intéressés par pour tout le site. Il veut donc forcer la main d'ArcelorMittal, qu'il accuse de ne pas avoir tenu ses engagements. Le temps presse car samedi expire le délai octroyé pour trouver un repreneur. Après, Mittal entend commencer les procédures pour fermer les installations.

 

"Déclarations à l'emporte-pièce"

Le groupe a mis dans la balance ses 20.000 salariés en France, affirmant que nationaliser Florange serait de nature à remettre en cause la présence du numéro un mondial de l'acier dans l'Hexagone.

"Mittal, on le connaît très bien, il ne connaît que le rapport de force", a déclaré M. Martin.

Mais pour certains, il faut y aller prudemment. Michel Delebarre, sénateur-maire de Dunkerque (Nord), où sont installés d'autres hauts-fourneaux d'ArcelorMittal, a regretté lundi soir des "déclarations à l'emporte-pièce" sur ce dossier, ciblant implicitement M. Montebourg, qui est monté en gamme dans ses déclarations contre le groupe depuis quelques jours.

L'entourage de la famille Mittal a d'ailleurs fait savoir que ses membres étaient "extrêmement choqués".

Le commissaire européen Michel Barnier a relevé mardi que "rien n'interdit au niveau européen qu'un établissement industriel, bancaire, fasse l'objet d'une prise de participation de l'Etat". Il faudra toutefois respecter les règles européennes.

Sur place, à Florange, "l', c'est l'espoir quand même", chez des salariés interrogés en début de semaine par l'AFP. Travailler pour "Mittal ou un autre, qu'importe", affirmait par exemple Eric, un des métallos, à la sortie de l'usine.

Lakshmi Mittal "a toujours eu gain de cause face aux différents gouvernements européens parce qu'ils se sont toujours couchés devant lui. Il a toujours utilisé le chantage et la menace (...) Enfin, on a un ministre qui a le courage de dire +stop+ (...) Moi, je dis bravo", s'est réjoui M. Martin.

Toutefois, pour le porte-parole des députés UDI Jean-Christophe Lagarde, le gouvernement finira par "baisser les bras", malgré les "déclarations fracassantes".

La tonalité était plus ironique outre-Manche. Boris Johnson, le maire de Londres, où réside Lakshmi Mittal, a raillé l'idée lors d'un déplacement en Inde.

"Les +sans-culotte+ semblent s'être emparés du gouvernement à Paris (...), je n'ai aucune hésitation à dire ici: +Venez à Londres, mes amis+" (en français dans le texte, ndlr), a-t-il lancé devant des hommes d'affaires indiens. "Venez dans la capitale mondiale des affaires."

Le gouvernement français dit ne pas craindre d'éventuels départs d'investisseurs. Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a reçu mardi des représentants des grands fonds anglo-saxons (Blackrock, Morgan Stanley, JPMorgan ou Pioneer). "J'attendais des questions sur ce point. La surprise a été qu'il n'y en a pas eues", a déclaré M. Moscovici à la sortie. Selon lui, "chacun peut comprendre que ce dossier est un dossier particulier".

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