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Bartolone, le "papa poule" des députés

Claude Bartolone pose le 7 mai 2013 devant l'Assemblée nationale [Lionel Bonaventure / AFP/Archives] Claude Bartolone pose le 7 mai 2013 devant l'Assemblée nationale [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]

Depuis son élection au perchoir le 26 juin 2012, Claude Bartolone (PS) a multiplié les sorties politiques, au point qu'on lui prête des ambitions pour Matignon, mais il a aussi fait figure de papa poule pour les députés en montant au créneau contre François Hollande sur le dossier de la transparence.

"J'aime bien parce qu'il aime la confrontation" et "fait entendre une singularité à gauche", commente le député socialiste Jérôme Guedj.

Le président de l'Assemblée nationale n'hésite pas à intervenir de manière tonitruante dans le débat politique, ce qui est assez inhabituel pour le quatrième personnage de l'Etat. Après avoir remis en cause en septembre l'objectif (maintenant repoussé) de limiter le déficit public à 3% du PIB dès 2013, sa sortie sur "la confrontation avec l'Allemagne" pour infléchir la politique d'austérité est celle qui a fait le plus parler.

Jérôme Guedj fait partie de la jeune garde de parlementaires choyés et invités régulièrement à dîner à l'Hôtel de Lassay, la résidence officielle de M. Bartolone. La dernière réunion s'est faite autour d'Emmanuel Todd et d'Hervé le Bras, auteurs du récent ouvrage "Le mystère français".

Quelques mois plus tôt, l'invitée était la patronne du Medef, Laurence Parisot. Les jeunes députés, parfois frustrés par "le rouleau compresseur de l'exécutif", ont du coup l'impression de pouvoir faire remonter quelques messages. Comme dernièrement sur "l'évaluation des emplois d'avenir". "Une Assemblée ouverte vers le monde extérieur", résume-t-on dans l'entourage du président.

"Il a descendu de la fonction pour être acteur de la joute politique", analyse aussi de son côté Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS. Celui qui, des années durant, était dans le sillage de Laurent Fabius "a pris de la consistance" depuis un an, enchaîne Thomas Thévenoud, un autre jeune député qui avait travaillé avec lui dans le passé.

Tant et si bien que ces prises de positions "clivantes" ont fait circuler la rumeur d'une ambition pour Matignon. L'intéressé réfute, pendant que Jean-Marc Ayrault, assez peu coutumier du tacle direct, rétorque que pour être ministre... il faut publier son patrimoine.

 

Un peu de contenu "pour changer de catégorie"

Claude Bartolone, le 7 mai 2013, dans les couloirs de l'Assemblée nationale [Lionel Bonaventure / AFP/Archives]
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Claude Bartolone, le 7 mai 2013, dans les couloirs de l'Assemblée nationale
 

"S'il veut changer de catégorie, il faut mettre un peu de contenu", juge sévèrement un influent député PS. Un autre attribue à Bartolone lui-même l'origine de la rumeur.

"Je regarde avec amusement le combat qu'il livre avec ses amis", commente le député UMP Eric Ciotti avec qui il entretient des "relations amicales". "Barto", comme il est surnommé, est plutôt apprécié et respecté de l'opposition. Loué pour son côté "convivial" et "direct", il en use pour dénouer les conflits.

Pendant le débat sur le mariage gay, il n'hésite pas en sortant de l'hémicycle à attraper un élu UMP par la manche pour, sans perdre le sourire, le sermonner: "tu ne peux pas parler à la ministre comme ça!".

De l'avis général, ce débat lui a fait "gagner ses galons" de président. Sa "neutralité" pendant l'imbroglio de la présidence UMP avec la création d'un éphémère groupe parlementaire filloniste aussi, estime son entourage.

"Le point noir, c'est son attitude récente sur la transparence. Il a emporté le morceau et a contribué à empêcher un changement qui était nécessaire", critique le co-président du groupe écologiste François de Rugy.

A peine les mesures sur la publication du patrimoine annoncées par François Hollande, Claude Bartolone s'est insurgé contre "la démocratie paparazzi" et le voyeurisme.

Mais son entourage insiste sur les chantiers ouverts en ce domaine depuis un an: transparence et nouvelle répartition de la réserve parlementaire, définition de nouvelles règles pour les lobbies, réflexion sur les groupes d'amitié, baisse de l'indemnité pour frais de mandat....

Pour autant, un député PS expérimenté a peu goûté cette sortie, la jugeant "maladroite", "contreproductive" et l'accusant d'avoir "électrisé inutilement le débat. "C'est un peu ce qu'a fait (François) Rebsamen sur le cumul", souligne cet élu, en référence à l'opposition du chef de file des sénateurs socialistes à l'interdiction du cumul des mandats. Tout en jugeant qu'il "habite bien la fonction", ce député adresse une mise en garde: "s'il continue, il aura un procès en gesticulation".

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