En direct
A suivre

Manuel Valls esquisse un mea culpa sur la banlieue

Le Premier ministre Manuel Valls (g) à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 octobre 2015 [DOMINIQUE FAGET / AFP] Le Premier ministre Manuel Valls (g) à l'Assemblée nationale à Paris, le 27 octobre 2015 [DOMINIQUE FAGET / AFP]

Manuel Valls a esquissé mardi un mea culpa sur la politique du gouvernement pour combattre la ségrégation dans les banlieues.

"Il faut poursuivre, continuer, j'accepte pleinement la critique sur le fait que ça n'est pas allé assez vite", a reconnu le Premier ministre, en réponse à un journaliste qui l'interrogeait sur l'absence de mixité sociale dans les quartiers sensibles, dans le cadre d'une émission organisée par le Bondy Blog avec RFI, Libération et France 24. Manuel Valls a défendu à cet égard les mesures gouvernementales annoncées lundi, et notamment l'objectif d'encourager l'arrivée de ménages plus aisés dans des quartiers et de sanctionner les maires qui ne cherchent pas à respecter les minima de logements sociaux.

Le chef du gouvernement, qui a lancé un nouvel avertissement sur le Front national aux élections régionales, a également jugé impossible politiquement de faire adopter la promesse du candidat Hollande sur le droit de vote des étrangers. Aucune des deux options nécessaires - un vote favorable des 3/5e des députés et sénateurs au Congrès ou un oui par référendum - n'est envisageable, s'est défendu Manuel Valls.

"Si vous voulez faire un référendum pour changer cela, je vous donne le résultat, c'est-à-dire: massivement contre, et en plus nous allons exacerber les tensions autour de cette question", a-t-il justifié. "On va dire qu'on a utilisé ce sujet à des fins politiques pour faire monter le Front national, comme cela nous a été souvent dit, ça ne me paraît pas utile, je préfère me concentrer sur l'essentiel, et notamment sur les naturalisations", a jugé le Premier ministre.

Tutoiements "scandaleux"

M. Valls s'est toutefois dit "toujours favorable" au vote des résidents français non communautaires aux élections locales, mais a souligné qu'il n'y avait "pas de majorité qualifiée au Congrès" pour modifier la Constitution. Au sujet du FN, "il est hors de question de laisser" (le parti de Marine Le Pen) gagner une région. Donc tout devra être fait pour l'empêcher", a-t-il poursuivi.

A propos d'une autre promesse du candidat Hollande - les récépissés de contrôle de police pour lutter contre les contrôles au faciès - M. Valls a de nouveau défendu son abandon, en faisant valoir les mesures "plus efficaces" adoptées depuis (numéro de matricule apparent, code de déontologie, saisine de la police des polices, généralisation des caméras-piétons portées par les policiers...) "J'ai considéré que ce n'était pas efficace (les récépissés, ndlr) et je l'assume". "Je ne suis pas à la recherche d'un totem pour en faire un slogan", a-t-il ajouté.

Quant au pourvoi en Cassation de l'Etat, condamné pour faute lourde pour des contrôles de police jugés discriminatoires, "c'est le parquet qui a décidé", a affirmé M. Valls. "Je n'ai pas à donner mon avis là-dessus", a-t-il dit, dénonçant "une drôle de conception de mon intervention dans la justice". Interrogé sur les tutoiements des jeunes des quartiers par les policiers, le Premier ministre les a jugés "scandaleux", tout en appelant à un meilleur respect à l'égard des forces de l'ordre dans les quartiers "car cela va dans les deux sens".

Dix ans jour pour jour après la mort de Zyed et Bouna, deux adolescents qui avaient péri dans un transformateur EDF en fuyant un contrôle de police, Manuel Valls participait à l'émission du Bondy Blog, un média né après les émeutes. L'émission se déroulait dans les locaux du média en ligne à Bondy (Seine-Saint-Denis) en banlieue parisienne, à cinq kilomètres de Clichy-sous-Bois.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités