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Régionales : les rapports de force à un mois du 1er tour

Affiche électorale de Carole Delga (G) sur les panneaux de campagne le 2 novembre 2015 à Toulouse [PASCAL PAVANI / AFP/Archives] Affiche électorale de Carole Delga (G) sur les panneaux de campagne le 2 novembre 2015 à Toulouse [PASCAL PAVANI / AFP/Archives]

Voici le tour de France des régions et les rapports de force à un mois du premier tour des élections régionales des 6 et 13 décembre.

Midi / Languedoc : le PS donné gagnant

Le Parti socialiste l'emporterait au second tour en Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon, selon les derniers sondages, même si la gauche part en ordre dispersé. Dans cette nouvelle région de plus de 72.000 km2, les deux conseils régionaux sortants sont entre les mains du PS, qui a choisi la Toulousaine Carole Delga comme tête de liste. L'ex-secrétaire d'Etat l'emporterait, flanquée d'une vice-présidence forte que le PRG, allié historique du PS, a négociée pour la ministre Sylvia Pinel. Une victoire au second tour, mais avec le soutien de l'autre gauche et les écologistes: un report des voix de la liste Nouveau Monde (EELV + les autres partis de gauche) et des Citoyens du Midi du maire de Montpellier Philippe Saurel (ex-PS).

Pour Les Républicains, la candidature du politologue Dominique Reynié suscite la fronde en Languedoc-Roussillon. Il s'est aussi fait critiquer pour avoir négocié tout seul sa liste avec les alliés UDI. Mais Nicolas Sarkozy, le patron des Républicains, a modifié l'accord, au grand dam de ces centristes. Enfin, le Front national peut se targuer d'être bien présent dans l'Hérault autour de Béziers, pro-FN, ou dans le Gard, où il tient la mairie de Beaucaire. Louis Aliot, poids lourd du FN, toulousain, vice-président, et compagnon de Marine Le Pen, vise également la région. Les enquêtes d'opinion le donnent en progression.

Nord-Pas-de-Calais / Picardie : le fief historique de la gauche pourrait revenir au FN

La région Nord-Pas-de-Calais/Picardie, fief de la gauche sans interruption depuis 1986, pourrait basculer à l'extrême droite, emmenée par Marine Le Pen, donnée gagnante dans tous les sondages publiés ces dernières semaines. La dirigeante du FN totaliserait plus d'intentions de vote que l'ensemble de la gauche, avec entre 38 et 42% au premier tour selon Ifop et BVA et 39 à 46% au second tour, en triangulaire.

Marine Le Pen et Steeve Briois en campagne le 14 octobre 2015 sur un marché à Lievin [DENIS CHARLET / AFP]
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Marine Le Pen et Steeve Briois en campagne le 14 octobre 2015 sur un marché à Lievin

Les prévisions relèguent les deux grands partis de la droite et de la gauche loin derrière. Xavier Bertrand pour les Républicains est crédité de 25 à 26% au premier tour, tandis que Pierre de Saintignon, le candidat du PS, premier adjoint de Martine Aubry à Lille, ne recueillerait que 19%. Si le premier s'est attiré le concours de l'UDI, le second, à la faible notoriété, part seul au premier tour en l'absence d'une entente avec EELV et le PCF. Les Verts se sont en effet alliés au Parti de gauche, à Nouvelle Donne et à la Nouvelle gauche socialiste, une liste qui pourrait recueillir 9%, selon l'Ifop.

La présidente du FN remporterait le second tour même en cas de duel, selon les enquêtes, relativisant l'impact d'un éventuel front républicain, qui n'est d'ailleurs envisagé pour l'instant ni par Xavier Bertrand, ni par Pierre de Saintignon.

Normandie : la droite freinée par le FN, la gauche garde des chances

L'opposition de droite, menée par Hervé Morin (UDI) part favorite pour prendre la Normandie à la gauche, mais la montée du FN rend très incertains les résultats d'une triangulaire que le PS espère gagner sur le fil.

Hervé Morin le 2 avril 2015 à Evreux  [Charly Triballeau / AFP/Archives]
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Hervé Morin le 2 avril 2015 à Evreux
 

La réforme territoriale a réunifié la Normandie historique, qui avait été coupée en deux. La Haute-Normandie était gérée par le PS depuis 1998, la Basse-Normandie depuis 2004. Depuis les dernières élections départementales, les cinq départements normands sont à droite. Les trois bas-normands l'étaient déjà (Calvados, Manche, Orne) et les deux haut-normands (Eure et Seine-Maritime) ont basculé. Ayant fait, dès le premier tour, l'union de la droite, du centre, Modem compris, et de CPNT, l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin fait la course en tête. Un récent sondage BVA lui accorde 36% au 2e tour contre 34% à Nicolas Mayer-Rossignol (PS), président sortant de la Haute Normandie et 30% à Nicolas Bay, secrétaire général du FN.

Mais, avec 40% des voix au 1er tour, la gauche a davantage de réserves pour l'emporter si, contrairement aux départementales, les reports de voix sont bons pour le PS. Le Front de gauche est crédité de 9% et EELV de 7%.

Pays de la Loire : sauf surprise, la région devrait revenir à droite

Dans les Pays de la Loire, l'union de la droite et du centre devrait reconquérir cette région perdue par François Fillon en 2004 et présidée depuis par le socialiste Jacques Auxiette, qui ne se représente pas. La tâche s'annonce en effet très ardue pour le candidat socialiste Christophe Clergeau, qui n'est pas parvenu, à cause du projet polémique de l'aéroport Notre Dame des Landes, à s'allier avec Europe Ecologie-Les Verts. Et faute d'accord entre le PCF pro-aéroport et le Parti de gauche et Ensemble!, partisans d'une remise à plat, il n'y aura pas de liste Front de gauche.

Bruno Retailleau le 5 septembre 2015 à La Baule [Jean-Sebastien Evrard / AFP/Archives]
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Bruno Retailleau le 5 septembre 2015 à La Baule
 

Une division "aéroportuaire" qui touche au premier chef la Loire-Atlantique, seul département de gauche de la région, et devrait largement profiter à la liste d'union de la droite et du centre, menée par le patron des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, ancien président du conseil général de la Vendée. Parvenu à s'entendre avec le MoDem, Bruno Retailleau part fort des 54,31% des voix totalisées au second tour des départementales par la droite et le centre, qui détiennent quatre des cinq départements et n'ont échoué que d'un cheveu à ravir la Loire-Atlantique au PS. Reste l'inconnue du FN, qui aux départementales a triplé son score avec 21,23% au 1er tour.

PACA : défaite attendue de la gauche au pouvoir depuis 18 ans

En PACA, la gauche (PS, EELV, PCF) qui dirige la région depuis 18 ans est donnée perdante, arrivant en 3e position derrière les listes LR-UDI Modem et FN, au coude à coude dans les sondages. Deux récentes enquêtes donnent en effet des scores très serrés entre les listes FN et Les Républicains au 1er tour, et une victoire possible du Front national au second tour pour l'une des deux.

Marion Marechal-Le Pen le 26 mars 2015 à Orange [Bertrand Langlois / AFP/Archives]
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Marion Marechal-Le Pen le 26 mars 2015 à Orange
 

La liste PS qui avait obtenu 25,8% au 1er tour en 2010 dégringole à 18%, privée au 1er tour d'alliés EELV et front de gauche, d'après les sondages qui prévoient en revanche un saut spectaculaire de la liste menée par Marion Maréchal-Le Pen pour le FN, qui passe de 20,3% des voix rassemblées au 1er tour en 2010 autour de son grand-père Jean-Marie Le Pen, à 34 ou 35% donnés par les sondages en 2015.

Créditée de 26,26% au 1er tour en 2010, la liste UMP améliorerait aussi fortement son score sous son nouveau nom les Républicains, en rassemblant avec ses alliés du MoDem et de l'UDI, entre 30% et 32% des voix. Dans cette région gagnable pour le FN, l'enjeu de l'entre deux tours - désistement républicain ou non du PS, mené par le député PS Christophe Castaner au profit de LR de Christian Estrosi - fait déjà débat. Le scrutin aura également lieu dans deux collectivités et deux régions d'outremer.

Martinique : Duel de gauche en vue Letchimy / Marie-Jeanne pour la nouvelle collectivité

Les élections pour la nouvelle collectivité appelée à remplacer le conseil général et le conseil régional de la Martinique semblent s'acheminer vers une réédition du duel de gauche de 2010 entre le sortant Serge Letchimy et son rival Alfred Marie-Jeanne. M. Letchimy, président du Parti progressiste martiniquais (PPM, fondé par Aimé Césaire) et député apparenté PS, mène une liste ouverte à des démocrates et à des membres de la société civile, en lice contre celle de M. Marie-Jeanne (indépendantiste), député GDR, qui a démissionné de la région en 2010.

Parmi la dizaine de listes qui concourent (extrême-gauche, sans étiquette), celle des Républicains espère faire mieux que de la figuration avec un entrepreneur Yan Monplaisir en tête de liste, même si l'UDI part de son côté. Un outsider régionaliste-écologiste, maire du Pêcheur, Marcellin Nadeau semble recueillir une certaine adhésion.

Guyane : Les présidents (DVG) de la région et du département en lice pour la collectivité unique

A la tête de Guyane Rassemblement, parti hétéroclite de personnalités de droite et de gauche, Rodolphe Alexandre (DVG), président du conseil régional, sera l'un des principaux candidats à la présidence de la nouvelle collectivité unique. Ce docteur en histoire, soutenu par Nicolas Sarkozy en 2010, aura comme principal rival son homologue du conseil général, Alain Tien-Liong (DVG).vMais pas Christiane Taubira. Echaudée par sa défaite en 2010 face à M. Alexandre, la garde des Sceaux laisse planer le doute sur sa présence symbolique sur la liste de son parti Walwari (DVG) allié à Guyane-Ecologie.

M. Tien-Liong, proche du parti indépendantiste MDES -- qui présentera toutefois sa propre liste -- , a reçu plusieurs soutiens qui laissent penser à une coalition contre M. Alexandre: celui de Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent du Maroni et ancien ministre (UMP) de Jacques Chirac, condamné pour corruption et favoritisme l'an passé mais qui s'est pourvu en cassation, et celui de Marie-Laure Phinéra-Horth, maire (DVG) de Cayenne qui fut la première adjointe de Rodolphe Alexandre.vLa députée Chantal Berthelot conduira la liste soutenue par le Parti socialiste guyanais (PSG), première force de gauche locale, mais qui risque de pâtir de cet affrontement.

Guadeloupe : Lurel (PS) en lice pour conserver son fauteuil face à une autre liste de gauche

Dans la terre de gauche qu'est la Guadeloupe, la bataille des régionales va surtout opposer Victorin Lurel (PS), candidat à sa réélection pour un troisième mandat, à son rival Ary Chalus (DVG), député comme lui. L'ancien ministre des Outre-mer des gouvernements de Jean-Marc Ayrault (2012-2014), soutenu par une coalition PS-écologistes-gauche locale, devra affronter un véritable "front anti-Lurel" incarné par M. Chalus, à la tête d'une liste d'ouverture où se retrouvent l'ancien président du département Jacques Gillot (DVG), un responsable de l'UDI Louis Molinié et sans doute aussi Marie-Luce Penchard, ancienne ministre de François Fillon, qui se met pour l'occasion en congé des Républicains.

Les Républicains, mené par Laurent Bernier, soutenu par une partie de l'UDI, iront à la bataille sans grand espoir. De même qu'une liste Front national.

La Réunion : la droite sortante part unie, la gauche divisée

Une douzaine de listes s'affronteront à la Réunion pour les régionales où le président sortant Didier Robert (LR) mène une liste d'union de la droite alors que le PS a deux listes concurrentes. Le sénateur Didier Robert est donné au coude à coude avec Huguette Bello, députée (DVG) qui a fait liste commune avec une partie de la fédération socialiste locale et de ses ténors dont Gilbert Annette, maire de Saint-Denis. Cela n'a guère plu au reste de la fédération, dont Patrick Lebreton (PS), député-maire de Saint-Joseph, qui a décidé de monter sa propre liste et qui a reçu le soutien du Parti communiste réunionnais... que Mme Bello a quitté peu avant les législatives de 2012.

La fédération locale du PS a accordé son investiture à la liste de Mme Bello. Une décision que les instances nationales ne commentent pas. Elles pourraient ne donner cette investiture à aucune des listes socialistes pour ne pas obérer un rapprochement au second tour. Dans cette région où il a frôlé les 13% aux européennes, le Front national présente une liste et espère avoir son premier élu ultramarin.

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