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Deschamps, le roc basque dans la tempête

Ce qui le fait résister dans l'adversité ? Son caractère de compétiteur et cette culture de la gagne héritée de ses années italiennes.[Mis / Icon Sport]

Secoué comme jamais durant la phase de préparation par les blessures et des accusations de racisme, Didier Deschamps n'a pas vacillé, le regard entièrement fixé vers l'objectif majeur de son mandat de sélectionneur : mener l'équipe de France au sacre européen à domicile.

Le Bayonnais de 47 ans, qui a retrouvé sa silhouette de joueur, maîtrise à merveille l'art de la communication, peaufiné dès sa formation au FC Nantes. Malgré les tempêtes qui n'ont cessé de s'abattre sur les Bleus, son credo est resté le même : ne pas donner prise aux polémiques et ne jamais délivrer un message anxiogène susceptible de déteindre sur ses joueurs.

Entre l'hécatombe sur blessures et les attaques personnelles sur fond de racisme lancées à son encontre par Eric Cantona et Karim Benzema, le sélectionneur n'a pas été gâté, lui qui a eu l'habitude d'être accompagné d'une belle étoile durant toute sa carrière. Mais il a à chaque fois voulu renvoyer l'image d'un commandant tenant son cap contre vents et marées, sur qui glissent les événements périphériques.

Depuis sa nomination en 2012 à la tête des Bleus, Deschamps savait que ce rendez-vous devant le public français serait le point culminant de son parcours. Pas question donc de le voir gâché par des soucis extérieurs.

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«Je ne veux pas rentrer dans ce débat, je ne suis pas là pour ça. Je n'ai rien à dire là-dessus. Je suis concentré sur la compétition et ce qui nous attend», a-t-il ainsi lâché à l'AFP le 2 juin après la sortie de Benzema, calmement assis, en survêtement, comme si de rien n'était. Et de marteler son «ambition d'aller le plus loin possible» dans la compétition.

 

Deschamps, atteint par ces accusations

Dans un entretien à L'Equipe, son adjoint Guy Stéphan a tout de même admis : «Comment voulez-vous qu'il ne soit pas touché ? Pourquoi ne le dit-il pas ? Par pudeur, peut-être».

A l'extérieur, Deschamps, adepte du «chambrage», donne toujours le change et distille les bons mots pour détendre l'atmosphère. Mais derrière cette carapace, l'homme a incontestablement été meurtri par les piques dont il a été l'objet - sa maison en Bretagne a même été taguée du mot «raciste» - alors qu'il voyait dans le même temps son groupe affaibli par des indisponibilités en cascade.

Ce qui le fait résister dans l'adversité ? Son caractère de compétiteur et cette culture de la gagne héritée de ses années italiennes (1994-1999 à la Juventus Turin) qu'il a transmise aux Bleus champions du monde et d'Europe en 1998 et 2000 du temps où il était leur capitaine.

Le défi qui l'attend à l'Euro est toutefois corsé et la pression s'annonce immense. Personne ne lui pardonnerait un échec alors que la France a toujours su parfaitement négocier les tournois organisés sur son sol (Euro-84, Mondial-98).

 

Sa focalisation : l'équipe de France et l'Euro

L'aura acquise sur et en dehors du terrain l'a jusqu'ici préservé et sa cote de popularité reste très élevée, loin des sarcasmes subis par son illustre mentor Aimé Jacquet avant le triomphe de 1998. Mais une fois la compétition lancée, Deschamps n'aura plus le droit à l'erreur.

Marcher sur le fil du rasoir, l'ancien milieu de Marseille, avec qui il a remporté en 1993 la seule Ligue des champions d'un club français, s'y est cependant habitué en quatre ans de présence aux commandes de la sélection. Nommé pour remettre de l'ordre dans la maison bleue après le séisme de Knysna au Mondial-2010 et ses répliques à l'Euro-2012, «DD» n'a pas évolué sur un tapis de roses, entre une qualification pour le Mondial-2014 arrachée au terme d'un barrage homérique face à l'Ukraine (0-2, 3-0) et une litanie d'affaires et de scandales (sex-tape, contrôle positif de Mamadou Sakho).

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Sa complicité avec Noël Le Graët constitue son meilleur rempart face aux crises et les deux hommes savent se muer en «paratonnerres» quand l'intérêt de l'équipe de France est en jeu. Le président de la FFF maintient certes le suspense sur son propre avenir, mais il a déjà renouvelé le bail de Deschamps jusqu'à la Coupe du monde 2018 en Russie.

Une sortie prématurée à l'Euro remettrait pourtant forcément en cause cet engagement et le statut d'intouchable dont jouit «la Dèche» au sein du football français. Mais même en cas de tournoi réussi et après tous ces coups reçus, aura-t-il la force de poursuivre encore deux ans une aventure si exigeante sur le plan personnel?

«Quand j'ai préparé la Coupe du monde 2014, je ne pensais pas à l'Euro. Là je suis sur l'Euro. On va bien voir ce qui se passe. Ensuite il y aura une analyse. Je ne me projette pas plus loin», a-t-il expliqué à L'Equipe mercredi. Du Deschamps tout craché.

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