En direct
A suivre

Crise de l'eau à Mayotte : le manque d'hygiène favorise l'épidémie de gastro-entérite

Les équipes du centre hospitalier de Mayotte s'inquiètent notamment pour les patients les plus défavorisés, qui n'ont pas les moyens de s'acheter des bouteilles d'eau et boivent celle des rivières. [PHILIPPE LOPEZ / AFP]

La pénurie d'eau qui frappe Mayotte depuis plus d'un mois prive ses habitants d'hygiène. Cette situation entraîne une épidémie de gastro-entérite intense et durable.

Confronté à la plus grave crise de l'eau de son histoire, le département de Mayotte doit en plus faire face à une épidémie tenace de gastro-entérite. Les deux phénomènes sont liés car la propagation de la maladie est favorisée par le manque d'hygiène. Santé publique France redoute l'apparition d'autres pathologies et alerte sur «la menace sanitaire importante» qui pèse sur la population mahoraise.

Les 310.000 habitants de ce petit archipel français de l'océan Indien sont privés d'eau deux jours sur trois depuis plus d'un mois et un nouveau tour de vis sur la distribution d'eau est prévu à partir du 11 octobre. Lundi soir, la préfecture de Mayotte a en effet annoncé que «les tours d'eau de deux jours sur trois sont maintenus mais la période d'accès à l'eau est réduite à 18h au lieu de 24h».

Ce, alors que Santé publique France a déjà souligné que ces restrictions d'accès à l'eau potable ont «probablement pour conséquence une intensité et une durée de l'épidémie (de gastro-entérite, ndlr) supérieure à ce que l'on a observé les années précédentes». Selon Youssouf Hassani, responsable de la cellule Mayotte, «l'épidémie se maintient car il y a moins d'hygiène à cause du manque d'eau, les gens prennent moins de précautions».

Après deux semaines de baisse, le nombre de cas de gastro-entérite aigüe est reparti à la hausse sur l'archipel pendant la dernière semaine de septembre. Dans un rapport publié ce mardi, Santé publique France signale un «niveau élevé» des passages aux urgences pour gastro-entérite «tous âges confondus» et «13 cas graves admis en réanimation» depuis le début de l'épidémie.

Les populations défavorisées plus à risque

Les ventes d'anti-diarrhéiques et de solutés de réhydratation orale sont d'ailleurs supérieures à la moyenne des années précédentes dans les pharmacies du territoire et enregistrent actuellement leur niveau «le plus élevé depuis le début de l'année».

Dans ces conditions, l'agence surveille également d'éventuelles épidémies de choléra, hépatite A, fièvre thyphoïde et poliomyélite. «En raison de leur mode de transmission et la détection régulière de foyers de contamination sur le territoire ces maladies hydriques pourraient faire l'objet de flambées épidémiques à cause de la pénurie d'eau», écrit Santé publique France.

Les équipes du centre hospitalier de Mayotte s'inquiètent notamment pour les patients les plus défavorisés, qui n'ont pas les moyens de s'acheter des bouteilles d'eau et boivent celle des rivières. Une habitude qui peut notamment favoriser les épidémies de fièvre typhoïde.

Jeudi 5 octobre, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures pour tenter d'endiguer la crise de l'eau, notamment en prenant en charge les factures d'eau de septembre à décembre des habitants de l'archipel. L'élargissement à 110.000 ou 120.000 du nombre de personnes bénéficiaires d'une distribution d'eau en bouteille gratuite est également prévu.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités