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Explosion du nombre de cas de méningite : ces signes qui doivent vous alerter

La méningite peut être causée par un virus, une bactérie ou même plus rarement par un champignon ou un parasite. [Unsplash]

La méningite – une pathologie due à une infection des enveloppes qui entourent le cerveau – connaît une importante recrudescence, a alerté l'Institut Pasteur en ce mois de novembre. La pathologie peut s’avérer très grave si elle n’est pas prise en charge à temps. Voici les symptômes à surveiller.

C'est une pathologie qui fait hélas un retour en force ces quatre dernières années. La méningite se traduit, comme son nom l'indique, par un dysfonctionnement des méninges. Plus précisément : par leur inflammation, causée par une infection. Or, ces tissus, situés principalement entre le crâne et le cerveau et autour de la moelle épinière, permettent notamment de protéger ces derniers des agressions extérieures (chocs, certaines substances toxiques présentes dans le sang...). D'où le caractère grave voire éventuellement létal de la maladie : même bien traitée, la mortalité reste de 10%. En cas de forme foudroyante, le décès peut même intervenir en moins de 24 heures.

Provoquée par un virus, par une bactérie – c’est notamment le cas des fameuses infections à méningocoques –, ou même plus rarement par un champignon ou par un parasite, la méningite est une maladie contagieuse qui se transmet par voie aérienne et par la salive.

Une forte augmentation des infections à méningocoque

Lors de l’épidémie de Covid-19, les gestes barrières comme le port du masque et la distanciation sociale ont eu des conséquences positives sur les infections respiratoires, rappelle l’Institut Pasteur. Ce fut le cas pour la méningite à méningocoques qui a vu son nombre de contaminations chuter de plus de 75 % entre 2020 et 2021.

Mais, depuis, les chiffres repartent à la hausse. Avec 35% de malades en plus en 2023 par rapport à 2019, l'Institut Pasteur qualifie même cette augmentation de «rebond sans précédent».

Selon des explications du Centre national de référence des méningocoques relayées par l’AFP, il existerait deux principales explications à ce constat.

Tout d’abord une diminution de l’immunité générale liée à la baisse de la circulation des souches pendant les confinements et du fait des gestes barrières et de la distanciation sociale. Ensuite une chute importante du nombre de personnes vaccinées : -20% de personnes vaccinées lors du premier confinement, par exemple, pour un type d’infection à méningocoque, dite «méningocoque C». (Différents types d’enveloppes ou capsules entourent les bactéries. Dans le cas du méningocoque, la nature de ces enveloppes est désignée par des lettres).

Si à peine 298 cas de méningocoques avaient été enregistrés entre janvier et septembre 2019, 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36 %, «alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu», poursuit l’Institut.

Des symptômes variables selon le type d’infection

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les symptômes les plus couramment rencontrés sont les suivants :

  • raideur de la nuque
  • fièvre
  • confusion et/ou altération de l’état mental
  • céphalées (maux de tête)
  • nausées et/ou vomissements

Ces symptômes peuvent toutefois différer selon que la méningite est d’origine virale ou bactérienne.

Pour ce qui est de la méningite virale, les signes les plus évocateurs sont – selon le Manuel MSD, une source médicale parmi les plus utilisées par les médecins – et outre les symptômes précédemment évoqués :

  • céphalées (elles sont parmi les signes les plus précoces de ce type de méningite). 
  • sensibilité accrue à la lumière
  • raideur dans la nuque

En ce qui concerne la méningite bactérienne, notamment des infections à méningocoques, on notera plutôt, en plus des symptômes communs :

  • perte d’appétit marquée

Qu’elles soient bactériennes ou virales, les méningites peuvent plus rarement entraîner :

  • crises convulsives
  • état comateux
  • déficits neurologiques (par exemple : une perte auditive ou visuelle, des troubles cognitifs, une faiblesse des membres).

Les bébés présentent parfois des symptômes différents de ceux des adultes :

  • activité réduite et/ou difficulté à se réveiller
  • irritabilité ou inconsolabilité
  • difficultés à s’alimenter
  • corps raide ou flasque
  • bombement de la fontanelle (zone molle sur le crâne du nourrisson)

Une gravité plus ou moins marquée

Bien qu’impressionnantes par leurs symptômes, la plupart des méningites virales n’en sont pas moins bégnines. «La guérison se fait en quelques jours, sans séquelles ni traitement», indique d’ailleurs l'Assurance maladie. Communes chez les jeunes enfants, la méningite virale résulte le plus souvent, dans cette population, d’infections aux virus de la famille des entérovirus comme l'échovirus ou le virus Coxsackie. Des maladies virales comme la varicelle, le zona, la rougeole, les oreillons, l’herpès ou la primo-infection au VIH peuvent aussi la provoquer.

On notera que seules les formes graves, notamment les méningo-encéphalites, par exemple liées à un herpès ou associées à un état d’immunosuppression, nécessitent la prise d'antiviraux (médicaments combattant les virus).

Potentiellement plus graves, les méningites bactériennes sont, quant à elles, responsables de 170.000 décès par an dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Une personne sur cinq survivant à un épisode de ce type de méningite peut avoir des séquelles durables, notamment :

  • perte auditive
  • crises convulsives
  • faiblesse des membres
  • troubles de la vision
  • troubles de la parole, du langage et de la communication
  • troubles de la mémoire

Lorsque les bactéries responsables d’une méningite conduisent à une septicémie (autrement dit qu’elles infectent le sang), d’autres symptômes qui peuvent – dans les cas les plus graves –conduire à des amputations de membres, sont possibles :

  • mains et pieds froids
  • douleurs articulaires et musculaires
  • respiration plus rapide qu’à l’ordinaire
  • diarrhée
  • éruption cutanée violacée ou rouge

Des populations inégalement touchées

Si, dans la population générale, une personne sur dix est porteuse d’une infection à méningocoque sans qu’aucune infection ne se déclare, ce rapport passe à un sur trois parmi les adolescents, âge propice aux contacts rapprochés et prolongés, et donc aux potentielles contaminations.

«La méningite à méningocoques a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19», indique, auprès de nos confrères de Ouest France, Samy Taha, l’un des auteurs d’une étude parue le mois dernier dans la revue Journal of Infection and Public Health, et chercheur dans l’unité Infections bactériennes invasives à l’Institut Pasteur.

«Nous pensons qu’il est temps de reconsidérer la stratégie vaccinale actuelle», ajoute par ailleurs, à l’AFP, Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques. Aujourd’hui en France, seule la vaccination contre le méningocoque de groupe C est obligatoire, depuis 2018 ; la vaccination contre le méningocoque B étant simplement recommandée chez les nourrissons, depuis 2022. Les chercheurs, actuellement en lien avec la Haute autorité de santé (HAS), recommandent ainsi d’élargir aux adolescents le vaccin tétravalent ciblant les méningocoques de groupes A, C, Y et W.

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