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Banane jetée sur Alves: après l'indignation, une arrestation

Le défenseur de Barcelone Dani Alves lors du match contre Villarreal le 27 avril 2014 à Villarreal   [Jaime Reina / AFP] Le défenseur de Barcelone Dani Alves lors du match contre Villarreal le 27 avril 2014 à Villarreal [Jaime Reina / AFP]

La police espagnole a annoncé mercredi avoir arrêté un supporteur de Villarreal soupçonné d'avoir lancé dimanche une banane en direction du joueur brésilien du FC Barcelone Dani Alves, geste qui a provoqué une vague d'indignation mondiale.

"Cette personne a été arrêtée pour un délit contre les droits fondamentaux et les libertés publiques", a indiqué à l'AFP une porte-parole de la police. Après avoir été interrogé, le supporteur a été libéré. Il encourt jusqu'à trois ans de prison.

Dani Alves s'apprêtait à tirer un corner au stade Madrigal de Villarreal dimanche lors de la 35e journée du Championnat d'Espagne (2-3) lorsqu'il a ramassé la banane, l'a épluchée et en a mangé un morceau avant de reprendre le jeu comme si de rien n'était.

Cette réaction pleine d'humour a enflammé les réseaux sociaux et entraîné de multiples manifestations de soutien, notamment de la présidente brésilienne Dilma Rousseff, de l'attaquant vedette du Barça Neymar et du président de la Fédération internationale de football (Fifa) Sepp Blatter.

"Cela fait onze ans que je suis en Espagne et depuis onze ans c'est pareil. Il vaut mieux rire de ces attardés", avait réagi Alves après le match.

Le défenseur a fait régulièrement l'objet d'injures racistes en Liga depuis ses débuts sous le maillot du FC Séville en 2002-2003. Cette saison, d'autres joueurs, comme le défenseur brésilien du Betis Séville Paulao ou le latéral français de Grenade Allan Nyom, ont eu eux aussi à subir ce type d'insultes.

- "Faits isolés", assure Del Bosque -

Villarreal a banni le coupable des "socios" (supporteurs-actionnaires) et lui a signifié son interdiction de stade à vie. Mais plusieurs représentants du foot espagnol ont semblé minimiser la gravité du geste: "Je veux croire qu'il s'agit de faits isolés", a affirmé le sélectionneur de l'équipe nationale, Vicente del Bosque. "Dans le football il n'y a pas de racisme, pas du tout".

"On ne peut pas accuser notre public d'être raciste", s'est aussi défendu Fernando Roig, président de Villarreal, même s'il a assuré "condamner tous les actes de violence dans et en dehors du terrain de football". Le jet de banane "est une action isolée et ce n'est pas juste que l'on accuse un public ou un pays de raciste pour un acte de ce type".

Mais Alfredo Relano, directeur du journal sportif AS, a défendu auprès de l'AFP un avis inverse. "Il y a bien du racisme en Espagne et nous devons le corriger", a-t-il assuré.

Mardi, la presse brésilienne a instillé le doute sur la sincérité des réactions sur internet en affirmant que la campagne "Nous sommes tous des singes" en faveur d'Alves était le fruit de l'agence de publicité du joueur brésilien Neymar. "L'idée était de faire quelque chose de léger, et même d'amusant", a déclaré Guga Ketzer, vice-président de l'agence. "Nous attendions le meilleur moment pour le divulguer, et ça a été après ce qui s'est passé ce dimanche avec Daniel".

L'affaire a pour autant secoué la planète foot, y compris ses institutions. Sepp Blatter a réagi lundi sur Twitter en estimant que Dani Alves avait subi "un outrage", et promis la "tolérance zéro" contre "toute forme de discrimination" au Mondial-2014 au Brésil.

Mercredi, il a rebondi sur le dossier en twittant qu'il soutenait également la décision de la NBA de radier le propriétaire des Los Angeles Clippers après ses propos racistes.

Mais ces tweets se sont retournés contre le patron du foot mondial, la twittosphère le renvoyant à la polémique qu'il avait suscité fin 2011. "Il n'y a pas de racisme (dans le football), mais peut-être un mot ou un geste déplacé", avait affirmé le Suisse à l'époque, ajoutant que "la victime devrait se dire que ce n'est qu'un jeu et serrer la main" de son adversaire.

Des propos à l'époque jugés "épouvantables" par le Premier ministre britannique David Cameron et "consternants" par l'ex-star de Manchester United David Beckham. Et qui lui sont revenus comme un boomerang mardi. "Serrer la main n'est pas la solution", a ironisé en refrain la twittosphère mercredi.

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